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A deux jours des élections européennes, un rapide tour d’horizon des listes de "gauche" en France

A deux jours des élections, nous vous proposons quelques notes rapides sur la campagne des différentes listes de gauche en France. Cette campagne est déprimante, avec une polarisation entre l’extrême droite et l’extrême centre, avec une « gauche » en voie de marginalisation, alors que nous avons connu un mouvement social profond et inédit ces derniers mois. Cet article ne prétend pas expliquer les causes profondes de cette situation politique, juste donner quelques éléments qui montrent l’ampleur du désastre, et la nécessité de construire une organisation politique qui défende une alternative crédible au système capitaliste.

L’échec probable de Hamon et de Génération

Hamon rame. Sa campagne ne prend pas. Son ticket avec Varoufakis ne lui apporte rien. Il faut dire que Varoufakis est un des principaux responsables de l’échec de Syriza. En adoptant une posture pro-UE avec un discours creux sur l’Europe sociale et sur un « green new deal », il vise un créneau assez étroit (les couches supérieures du salariat) déjà sur-occupé par EELV, le PS et dans une certaine mesure le PCF « new look » de Brossat. Hamon ne se fait plus guère d’illusion et il affiche désormais son dépit, laissant entendre qu’il allait se retirer de la vie politique en cas d’échec plus que probable. Jeudi soir sur BFM, il a lâché toutes ses forces en attaquant frontalement Bardella sur l’immigration. Il a fait le buzz, et cela devrait lui profiter (dans sa concurrence avec EELV et le PS), mais les leçons de morale humaniste de Hamon ont de quoi énerver quand on connaît son passif d’ancien ministre de Hollande. Il est fort probable que sa liste n’aura pas d’élu, et elle pourrait en outre ne pas atteindre 3 %. D’ores et déjà, des proches de Hamon pensent à la suite, et il est fort probable que certains cherchent à se recaser dans d’autres formations de gauche.

La campagne du PCF : bonne sur la forme, consternante sur le fond

Alors que le congrès du PCF a déboulonné Pierre Laurent pour réaffirmer l’identité du PCF, le PCF a fait le choix de Ian Brossat comme tête de liste. Choisir un maire adjoint d’Hidalgo pour incarner la colère populaire contre le système capitaliste est un choix déroutant mais révélateur des liens de dépendance de l’appareil du PCF à l’égard du PS. Se dire communiste tout en gérant loyalement les affaires de la bourgeoisie à Paris relève de l’acrobatie, d’autant plus que cette mairie n’hésite pas à réprimer des salariés grévistes (éboueurs) ou à liquider l’Hôtel-Dieu. Dur dur de se passer de la gamelle fournie par le PS… et il ne suffit pas de répéter en boucle (et de façon mensongère) que voter PCF permettra d’avoir la première femme ouvrière au parlement européen, pour se faire entendre des ouvriers. Brossat est un apparatchik depuis son plus jeune âge. Il parle bien, maîtrise ses dossiers, mais il est beaucoup trop lisse. Le creux de sa campagne est résumé par son slogan : « L’Europe des gens ». Comme Hamon ou Glucksmann, il décline le bréviaire de la gauche sur l’Europe sociale (plus de services publics, taxer plus les plus riches, etc.) tout en excluant toute rupture avec l’UE. A défaut de plaire aux prolos, Brossat séduit une partie des bobos parisiens et une partie des militants et cadres du PS, déboussolés par le choix de Glucksmann comme tête de liste. Cela devrait l’inquiéter plus que le réconforter. Il est néanmoins possible que sa liste morde sur l’électorat de la France Insoumise, que ce soit les électeurs et électrices qui votaient précédemment PCF; ou ceux et celles qui se sentent déboussolés par les évolutions politiques de la France Insoumise et ses différentes crises internes (départs pour des raisons différentes de Corinne Morel Darleux, Charlotte Girard, Thomas Guénolé, Djordje Kuzmanovic, François Cocq , et pire encore, d’Andrea Kotarac pour le Rassemblement National).

Brossat s’appuie sur une force militante qui reste importante, si bien qu’il a pu faire de relativement gros meetings. Mais Brossat ne fait que prolonger l’agonie du PCF, qui n’a plus de communiste que le nom. Dans la course des « nains », il semble pouvoir devancer Hamon, mais il aura beaucoup de mal à atteindre les 5 %.

Glucksmann ne sauvera pas le PS

Alors qu’il voulait rassembler toute la gauche face à Macron sur la base d’une critique de gauche du quinquennat de Hollande, Glucksmann se retrouve à être le porte serviette du PS et à faire la promotion de Hollande, Cazeneuve, Delors, et autres sociaux-libéraux qui ont construit cette Europe abjecte. Le nouveau BHL, par ailleurs L’ancien conseiller du président libéral, pro-US et corrompu Saakachvili, est d’emblée démonétisé. Dans cette liste d’union, on retrouve quelques arrivistes (comme Larrouturou qui cherche une fois de plus à se recaser), et les radicaux de gauche (et oui, ils existent encore !). Les personnalités valables qui avaient pris au mot Glucksmann dans sa volonté de refonder la gauche sur la base d’une critique du PS hollandais (comme Thomas Porcher) ont quitté ce navire peu ragoûtant.

Même si Glucksmann est le chouchou des médias du système, sa campagne n’a jamais pris : il stagne autour de 5 %. Il incarne tellement l’élite méprisante que ses accents « sociaux » sonnent terriblement creux… surtout quand ils s’accompagnent d’éloges de Delors, présenté comme l’incarnation de la « bonne » Europe contre la mauvaise Europe du méchant Juncker.

Jadot : le VRP de l’écologie de marché

Le contexte est a priori porteur pour EELV, avec une campagne où l’écologie occupe une place importante, avec une mobilisation importante de la jeunesse dans plusieurs pays européens. Jadot se démène avec énergie pour vendre son « vote utile pour l’écologie », mais il est important de dénoncer cet imposteur, qui a soutenu tous les traités européens, dont celui de Lisbonne en 2008. Jadot communique sur la justice sociale et la justice climatique pour tromper les électeurs de gauche. Au delà de ces slogans creux, il est important de rappeler que Jadot a pris position pour rapprocher le statut des fonctionnaires de celui des salariés du privé. Il a relayé la fake news de Castaner sur « l’attaque » de l’hôpital de la Pitié Salpétrière, et il se dit prêt à manger à tous les râteliers en vue de constituer une majorité avec tous les libéraux europhiles du parlement européen. Autour de nous, beaucoup de collègues pourraient être tentés par un vote « écolo » dans l’air du temps et paraissant de « gauche ». Il serait assez consternant que la liste de Jadot arrive en tête des listes de « gauche » le 26 mai prochain, d’où l’importance de démasquer ce publicitaire de l’écologie de marché, qui gesticule en alignant les slogans creux comme « l’Europe est notre village » et autres formules du même acabit.

La campagne beaucoup trop lisse de la France insoumise

Comme nous l’avons déjà expliqué dans un article récent (https://tendanceclaire.org/article.php?id=1567), la France insoumise a dilapidé une grande partie de son capital politique acquis lors de la présidentielle de 2017. Nous y voyons notamment deux explications : l’incapacité à transformer la France insoumise en un parti démocratique et, sur le fond, la renonciation au plan B de rupture avec l’UE et l’euro. Ce dernier trait s’est accentué au cours de la campagne : Manon Aubry a totalement mis de côté tout plan B de rupture avec l’UE, et son discours a beaucoup ressemblé à ceux des autres listes de gauche : pour un Smic européen, pour une harmonisation fiscale et sociale par le haut, etc. Ces discours creux font l’impasse sur la question du rapport à l’Union européenne qui empêche toute politique alternative au néolibéralisme. Alors que la France insoumise a eu l’immense mérite de soutenir le mouvement des gilets jaunes, sa campagne a très peu reflété ce positionnement pro-gilet jaunes. Manon Aubry a fait une campagne de gauche assez classique et sage, en rupture avec la ligne « populiste de gauche » qui a fait le succès de la France insoumise en 2017. Cela pourra en rassurer certains, mais ce type de campagne n’est pas en mesure de disputer l’hégémonie au Front national dans les catégories les plus populaires. C’était pourtant l’enjeu principal pour la France insoumise, et nous sommes obligés de constater que le Front national est plus fort que jamais chez les ouvriers et employés. Beaucoup de gilets jaunes iront voter « utile » pour le FN alors que ce mouvement s’est construit sur des bases sociales et démocratiques aux antipodes des valeurs du FN. C’est un échec politique terrible, qu’il faut espérer provisoire, mais dont il faut prendre la mesure. En abandonnant le discours « anti-système », de rupture avec l’UE, et en disputant l’électorat des couches supérieures du salariat à EELV, au PS et à Générations, la France insoumise a laissé un boulevard au FN.

Lutte ouvrière : une campagne identitaire qui n’intéresse personne

Qui s’intéresse à ce que dit Lutte ouvrière dans cette campagne ? LO est une caricature d’elle-même. Le discours est formaté et atemporel. A chaque fois qu’un sujet concret est abordé, Nathalie Arthaud nous dit que c’est une « diversion » et que c’est « la faute au capitalisme ». Sauf que le capitalisme s’incarne dans des institutions et des politiques concrètes, et il est consternant de répéter en boucle que « l’UE n’est pas le problème », mais que le coupable est le « capitalisme ». Alors que le NPA a apporté son soutien à LO, Arthaud n’a rien trouvé de mieux à faire que de clamer qu’elle n’était pas gilet jaune et que le NPA avait l’immense tort d’être trop pro-gilets jaunes. Il est très triste de voir le marxisme et le communisme incarnés par une telle force politique qui en donne une image aussi pauvre et asséchée. Il est également triste de voir un courant du NPA (https://www.revolutionpermanente.fr/Grande-confrontation-Nathalie-Arthaud-seule-voix-des-travailleurs) faire une campagne aussi peu critique en faveur de LO, qui fera de façon quasi certaine moins de 1 %.

D’autres listes à la gauche de la gauche

Enfin, d’autres listes existent à l’extrême-gauche et/ou chez les anticapitalistes. Le Parti révolutionnaire Communistes, déjà présent aux élections de 2014 sous l’étiquette Communistes, est issu d’une scission du PCF en 2002. La mouvance décroissante aura également une liste, menée par Thérèse Delfel. Enfin, Hadama Traoré mène la liste « Démocratie représentative », qui se veut le point d’union entre gilets jaunes et banlieues. Cela dit, au vu de leurs faibles expositions médiatiques, et du manque de moyens pour les bulletins; il est plus que probable que ces listes feront un score proche de 0 % des voix.

Quel impact de la participation sur les résultats ?

L’abstention sera forte, mais son ampleur précise reste une inconnue. Lors des trois dernières élections européennes, elle a oscillé entre 57 % et 59 %. L’engagement de plus en plus fort de Macron pour pallier la nullité de Loiseau est très risqué pour son camp : il risque de remobiliser des travailleurs/ses qui pourraient profiter des élections pour sanctionner Macron. Mais Macron prend ce risque, en espérant que les électeurs et électrices se polarisent autour d’En Marche d’un côté (avec un vote « utile » de certains proches de LR et du PS), et du RN de l’autre. C’est ce qui est malheureusement en train de se passer.

De très nombreuses personnalités gilets jaunes (Rodrigues, Drouet, Nicolle, Boulo, Ludovsky) ont appelé à voter pour battre Macron, sans donner de consigne de vote précise. Des sondages indiquent que les intentions de participation sont en hausse depuis quelques jours. L’ampleur de la participation aura un impact sur les résultats. Une participation faible (autour de 40%) favorisera les listes de « En marche » et de LR, dont l’électorat (vieux et riche) est toujours fortement mobilisé lors des élections. Donc plus la participation est faible, plus cet électorat sera sur-représenté. Avec une participation faible, En Marche fera probablement autour de 25 % et LR autour de 15 %. En revanche, si la participation est relativement plus forte que d’habitude à ce genre d’élections (autour de 50%), alors il est possible qu’En Marche ait du mal à atteindre les 20 % et LR sera probablement autour de 10 %.

Plus la participation des jeunes et de catégories populaires sera forte, plus cela favorisera la gauche et le FN, qui bénéficiera d’un vote « utile » dont l’ampleur est difficile à cerner. C’est la France insoumise qui devrait bénéficier d’un surcroît de participation, car l’électorat écologiste ou socialiste est essentiellement composé de couches supérieures du salariat qui sont elles aussi sur-représentés quand la participation est faible.

Dimanche soir, il faudra analyser lucidement les résultats. Malheureusement, en France comme en Europe, l’extrême droite sera très probablement le grand vainqueur de ces élections. La gauche anti-libérale et anti-capitaliste sera en recul dans la plupart des pays, avec néanmoins quelques exceptions, comme le PTB belge, en forte progression, sur ligne de classe et anti-UE.

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