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Tout faire pour vaincre le gouvernement Sarkozy-Woerth-Bettencourt !
En septembre, un seul objectif :
la grève générale pour obtenir le retrait de la réforme des retraites !
L’affaire Woerth-Sarkozy-Bettencourt illustre l’étendue de la pourriture des politiciens bourgeois au service de leur classe
Les révélations se succèdent et étalent au grand jour les mœurs abjectes de la classe dominante. Après les 12.000 € de cigares de Christian Blanc, le permis (1) de construire illégal pour agrandir sa maison et le jet privé à 116 500 euros d’Alain Joyandet, les appartements de fonction attribués à la famille (Estrosi et Amara), le rapport à 9 500 € de Boutin... l’affaire Bettencourt implique directement le principal ministre du gouvernement (Woerth) et Sarkozy lui-même. Pas un jour ne passe sans de nouvelles révélations :
- Tout est parti des écoutes
effectuées par le majordome de Liliane Bettencourt (« Mémé
gaga ») et utilisées par sa fille pour démontrer que sa mère
n’avait plus toute sa tête. Dans ces écoutes, le gestionnaire de
la fortune familiale (Patrick de Maistre) déclare avoir embauché la
femme d’Éric Woerth (Florence) sur demande du ministre (qui lui a
remis en 2009 la légion d’honneur). Après avoir nié l’évidence,
de Maistre a avoué lors de sa garde à vue mi-juillet. Depuis,
Florence a démissionné… mais un autre milliardaire (Bernard
Arnaud) (2)
l’a accueilli au Conseil de surveillance d’Hermes (filiale de
LVMH), moyennant la modeste somme de 400.000 €
par an (pour environ une réunion par trimestre) !
Source: ipjblog.com
- L’évasion fiscale de la famille
Bettencourt est désormais avérée et reconnue par tous : comptes
non déclarés en Suisse et au Liechtenstein, possession de l’île
d’Arros non déclarée, etc. À moins d’avoir un emploi fictif,
Florence Woerth était forcément au courant. Et on a appris depuis
que Bettencourt n’avait pas subi de contrôle fiscal depuis 15 ans…
malgré notamment une alerte du parquet de Nanterre pour une fraude
probable en janvier 2009. Petits arrangements entre amis : tu donnes
un emploi à ma femme, je couvre ta fraude fiscale...
- Bettencourt a récupéré en mars 2008 trente millions du Fisc : un joli chèque au titre du « bouclier fiscal ». Pourtant, elle n’est pas écrasée d’impôts : selon l’économiste Thomas Piketty (3), son taux d’imposition moyen au cours des dix dernières années était d’à peine plus de 6% de ses revenus annuels !
- Plusieurs personnages clés (l’ancienne comptable, l’ancienne secrétaire, l’ancien majordome) ont affirmé que de grosses enveloppes ont été données à Woerth pour le financement de la campagne de Sarkozy. Le journal Marianne a d’ailleurs révélé que les retraits d’espèce ont connu un pic début 2007, au moment de la campagne présidentielle. En outre, l’ancienne comptable affirme que, pendant des années, des politiciens (dont Sarkozy) sont allés chez les Bettencourt chercher leur enveloppe.
- Des dizaines d’officines ont été créées pour contourner la loi sur le financement des partis politiques qui limitent à 7500 € par an et par personne les dons à un parti. On sait ainsi que Bettencourt a fait des chèques, en toute légalité, à l’« Association de soutien à Valérie Pécresse » ou à l’« Association de financement de l’association de soutien à l’action d’Éric Woerth » (sic). Voilà de quoi entretenir l’amitié...
- Bien évidemment, ces arrangements entre amis ne concernent pas uniquement la famille Bettencourt. Ainsi le Journal du dimanche révèle-t-il que Woerth a vraisemblablement favorisé l’héritier de la famille Peugeot (Robert Peugeot, à qui il a également remis la légion d’honneur en juin dernier) en lui épargnant un redressement fiscal. Le Canard enchaîné a en outre révélé que Woerth avait vendu, à un prix dix fois inférieur au marché, l’hippodrome de Compiègne à la Société des courses de la ville dont le président est ami (4) de la famille Woerth.
Face à cette avalanche de scandales qui étalent au grand jour l’imposture de politiciens se prétendant au service de l’intérêt général, le gouvernement Sarkozy dénonce les « méthodes fascistes » de la presse qui fait encore son travail et le complot trotskyste (sans doute en référence au passé d’Edwy Plenel, président de Mediapart, à la LCR). De façon grotesque, Sarkozy s’appuie sur un rapport de l’Inspection générale (aux ordres du gouvernement) pour prétendre que Woerth est « innocent », et il compte bien sur son ami le procureur Courroye pour enterrer les affaires.
Quelle que soit l’issue judiciaire de toutes ces affaires, le gouvernement est considérablement affaibli et les travailleurs sont écœurés et sans illusions. C’est pourquoi Sarkozy et les députés UMP cherchent à tout prix à faire diversion et à opposer les travailleurs entre eux. D’où la batterie de mesures racistes et sécuritaires ciblant les couches les plus opprimées de la population :
- Attaques très violentes contre les gens du voyage (assimilés aux roms, eux-mêmes assimilés à des clandestins, alors que l’immense majorité des gens du voyage sont français depuis des générations …) : démantèlement des camps, reconduites immédiates à la frontières, détachement de 10 inspecteurs du fisc (car les grands profiteurs du système sont censés être les gens du voyage … alors que les Bettencourt sont des nécessiteux qui bénéficient des largesses de Sarkozy)
- Attaques contre les français « impurs » : volonté affichée de déchoir de leur nationalité les français d’origine étrangère qui « menaceraient la vie » des policiers de l’Etat bourgeois
- Mesures ultra-sécuritaires : peines planchers pour les auteurs de violence contre les policiers, peine incompressible de 30 ans pour les tueurs de policiers
- Mesures ultra-répressives contre les « mauvais parents » : après avoir rendu possible la suspension des allocations familiales, l’UMP veut punir jusqu’à deux ans de prison les parents d’enfants poursuivis ou condamnés qui ne respecteraient pas leurs obligations.
Un Parti socialiste étrangement compréhensif...
Pourtant, le PS fait preuve d’une touchante modération à l’égard du gouvernement, ne demandant même pas la démission de Woerth et encore moins de Sarkozy. Au fond, le monde de Bettencourt et de Sarkozy est le leur, ils évoluent dans le même bain : celui de la gestion des affaires de la bourgeoisie. Le PS attaque donc a minima le gouvernement en faisant bien attention à ne pas aller trop loin, afin de ne pas provoquer une crise de régime. Il s’agit d’apparaître comme une « opposition responsable », c’est-à-dire une opposition qui ne remet en cause l’intriction des « élites ».
Alors que Sarkozy a annoncé le 12 juillet la mise en place d’une commission multipartisane sur les conflits d’intérêts, le PS n’a pas annoncé le boycott de cette énième opération de diversion. Au contraire, dès le lendemain, Hollande a salué l’annonce de Sarkozy.
La position du PS était encore trop radicale pour Rocard, qui a publié avec Simone Veil une tribune dans Le Monde titrée « Halte au feu » (5) : il était temps, selon eux, que les partis de gouvernement (PS et UMP) se mettent d’accord pour étouffer des affaires qui ne concernent pas le bas peuple.
Le plan de la direction de la CGT est sans ambiguïté : tout faire pour empêcher la grève générale et pour aider le gouvernement à faire passer sa réforme
Dans un article instructif du Monde du 9 juillet (6), on apprend que Thibault n’exclut « aucun schéma social »... sauf l’appel à la grève générale, qui est une « stupidité » ! Par contre il parle d’une « mobilisation durable »... autrement dit des journées d’action dispersées jusqu’au pourrissement. On ne pourra pas dire qu’on n’était pas (une fois de plus) prévenu !
Alors que le gouvernement est affaibli, que le ministre qui porte la réforme est totalement discrédité, la direction de la CGT (comme celles des autres syndicats) indique très clairement qu’elle ne profitera pas de la situation : tout comme la CFDT, qui va quant à elle jusqu’à se prononcer pour l’allongemetn de la durée de cotisations, la direction de la CGT continuera à se concerter tout l’été avec Woerth (pour amender la réforme sur la pénibilité) et fait savoir au gouvernement qu’elle n’organisera que quelques journées de grève pour faire mine de s’opposer tout en cherchant à canaliser la colère des travailleurs.
Quant à la direction de FO, elle exige à juste titre le retrait du projet de loi, mais se prononce pour une soi-disant « vraie réforme des retraites », justifiant ainsi sa participation aux concertations avec le gouvernement. Elle ne met pas en œuvre une orientation fondamentalement différente de celle de la CGT : elle a rejoint l’intersyndicale qui appelle à la journée d’action du 7 septembre et, si elle se prononce de longue date pour une journée de grève interprofessionnelle, c’est pour faire semblant de se démarquer des autres confédérations, mais cela n’a rien à voir avec la grève générale nécessaire pour vaincre le gouvernement. Et ce n’est certainement pas son ridicule appel à envoyer des cartes postales aux collègues pendant les vacances qui permettra de préparer l’affrontement de la rentrée !
La direction de Solidaires « appelle les travailleurs à organiser la grève générale reconductible » tout en organisant, avec les autres directions syndicales, le sabotage de la mobilisation !
Réagissant à l’intervention télévisée de Sarkozy du 12 juillet, Solidaires fixe un objectif juste : imposer le retrait du projet de loi par la grève générale (7). La position de la direction de Solidaires exprime la pression à la base des militants de SUD... mais elle n’en dessine pas pour autant des perspectives correctes.
En effet, en dépit de ses accents « radicaux », la direction de Solidaires ne renie pas ses précédentes positions : le 29 juin, elle a cosigné l’appel des directions syndicales à une journée de grève le 7 septembre qui n’exige pas le retrait du projet de loi. Pour imposer la grève générale, elle « appelle tous les salariés à organiser une grève générale reconductible »... comme si les salariés pouvaient organiser seuls cette grève générale ! Et les syndicats, ils servent à quoi ? La direction de Solidaires ne dit rien de concret sur la façon d’arriver à la grève générale, mais participe de plein pied à une intersyndicale qui s’acharne précisément à l’empêcher par des journées d’action dispersées sans contenu.
Si Solidaires voulait se battre sérieusement pour la grève générale, elle arrêterait de signer des appels qui visent à l’empêcher, et appellerait la direction de la CGT, de la FSU, etc. (et non seulement les salariés !) à organiser cette grève générale, tout en prenant des initiatives concrètes pour développer l’auto-organisation à la base et imposer aux bureaucraties l’appel à la grève générale.
Bref, la direction de Solidaires ne cherche à exercer aucune pression sur la direction de la CGT... Elle fait juste son petit communiqué un petit peu plus « gauche « pour faire plaisir à sa base sans faire avancer d’un iota le combat concret pour la grève générale.
La direction du NPA n’a rien à proposer aux travailleurs pour contrecarrer le plan des bureaucraties syndicales
Loin de s’opposer de façon conséquente à la politique des bureaucraties syndicales, la direction du NPA (par la voix de Sandra Demarq) approuve chaudement les décisions de l’intersyndicale du 29 juin (8). Elle se félicite que l’intersyndicale « maintienne la pression tout au long de l’été » (sic…) et qu’« elle ne s’arrête pas là et appelle également l’ensemble des salariés du privé comme du secteur public à une nouvelle journée de grève et de manifestation dès le 7 septembre. Ce qui est sans aucun doute, le meilleur de ce que nous pouvions en attendre ». Champagne camarades ! Et pas un mot sur le fait que l’intersyndicale refuse de mobiliser sur le mot d’ordre de « retrait » de la réforme.
Alors que le scénario que nous prépare les bureaucraties syndicales est limpide, la direction du NPA n’a strictement rien à proposer. Elle se contente de dire : « Il ne faudrait pas que le 7 septembre, qui doit être très très fort, soit une simple répétition du 24 juin. Il faut en faire une véritable étape dans la construction de la grève générale et d’un affrontement contre ce gouvernement déterminé mais affaibli, pour obtenir le retrait du projet de loi. » Ah oui, et on fait comment pour construire la grève générale ? On croise les doigts et on prie ? Pas plus de réponse dans le tract du 13 juillet (9) où on nous dit simplement : « Cette journée doit être une réussite et doit préparer un mouvement d’ensemble, une grève générale pour mettre en échec ce gouvernement. »
On a droit à peu près à la même prose depuis la création du NPA : une évocation abstraite de la grève générale quand il y a des mobilisations, mais un refus d’affronter centralement les directions syndicales, de les combattre en combinant leur dénonciation, leur interpellation et des initiatives d’auto-organisation des travailleurs. Pourtant, il ne suffit pas d’appeler les travailleurs à participer massivement aux journées d’action pour que cela culmine en grève générale ! Au bout d’un moment, la répétition des journées d’action ne peut qu’épuiser et lasser les travailleurs et il arrive forcément une période où le mouvement décline. C’est ce qu’on observe systématiquement, en France depuis des années et notamment en 2009 comme en Grèce aujourd’hui, malgré l’ampleur des attaques et des mobilisations.
Pour se battre de façon conséquente pour la grève générale, il faut « oser » faire de la politique, rompre avec les directions syndicales et proposer des initiatives concrètes pour les combattre.
Les révolutionnaires doivent jeter toutes leurs forces pour développer l’auto-organisation et imposer la grève générale aux bureaucrates et aux réformistes
Nous devons centrer notre message sur la nécessité d’un plan de bataille pour le retrait du projet de loi, en rupture avec la tactique des journées d’action. Partout, il faut inciter les militants NPA et tous les militants lutte de classe à se battre dans les syndicats pour interpeller les directions confédérales pour qu’elles exigent le retrait du projet de loi et cessent de le négocier, pour refuser de façon explicite qu’il y ait une succession de journées d’action et de « temps forts », pour imposer que les directions appellent à la grève générale jusqu’au retrait en septembre.
Il faut tout faire pour que les travailleurs s’auto-organisent et prennent eux-mêmes en main la discussion sur les revendications comme sur les moyens d’action. Toute l’intervention du NPA, de tous les anticapitalistes et révolutionnaires, doit être sur cet axe, dans les collectifs unitaires et sur les lieux de travail, dès maintenant.
1) Woerth cherche à cultiver son image de grand commis de l’État au service de l’intérêt général. Il a pourtant fait ses classes à l’Agence départementale de l’Oise en travaillant avec Louise-Yvonne Casetta (la trésorière occulte du RPR) au service de Jean François Mancel (condamné pour détournement de fonds publics). Il a ensuite travaillé pour Andersen Consulting sous le gouvernement Jospin avant d’être le directeur financier de la campagne de Chirac en 2002.
2) Arnaud est la première fortune de France et par ailleurs un très proche de Sarkozy (il a par exemple été son témoin lors de son mariage avec Cécilia… l’autre témoin étant Martin Bouygues). Il vient en outre de recruter au Conseil d’administration de LVMH Bernadette Chirac pour 650.000 € par an.
3) http://www.liberation.fr/economie/0101646656-liliane-bettencourt-paie-t-elle-des-impots
4) Il est également l’un des dirigeants de l’association France Galop, qui compte parmi ses membres Florence Woerth – encore elle ! Le monde des bourgeois est décidément bien petit…
5) http://www.lemonde.fr/idees/article/2010/07/03/halte-au-feu-par-simone-veil-et-michel-rocard_1382716_3232.html
6) http://www.lemonde.fr/politique/article/2010/07/09/reforme-des-retraites-coup-de-chaud-entre-les-syndicats-et-le-gouvernement_1385604_823448.html
7) Communiqué de Solidaires du 13 juillet : http://www.solidaires.org/article31755.html
8) http://www.npa2009.org/content/retraites-une-rentree-determinee
9) http://www.npa2009.org/content/tract-hebdo-du-13-juillet-fillon-sarko-et-woerth-ya-basta