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    Le bassin de Lacq dans les Pyrénées-Atlantiques : d’une question identitaire à un plaidoyer anticapitaliste

    Par L. (24 mai 2012)
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    Une source de développement économique et social...

    La découverte d'un gisement de pétrole en 1949 puis de gaz en 1951 a transformé le bassin de Lacq. L"exploitation de ces gisements a permis le développement d'un complexe industriel et le développement de la ville de Mourenx. L"activité s'est ensuite diversifiée pour devenir aujourd'hui un pôle majeur dans le domaine de la chimie fine, de la chimie « verte » et de l'énergie (1).

    Les premières entreprises à gérer les activités liées à la mise en valeur par les ouvriers de ces énergies ont été les entreprises nationales Société Nationale des Pétrole d'Aquitaine puis Elf.

    Dont les gérants d'aujourd'hui ont décidé seuls de sonner le glas, sans égards ni pour les travailleurs...

    La privatisation de Elf en 1993 a permis à Total d'absorber l"entreprise en 1999 puis de se débarrasser de sa filiale Atochem devenue Arkéma depuis 2004. Depuis son changement de statut, l"ancienne filiale a procédé à de nombreux licenciements. Total a également annoncé l'arrêt de l'exploitation du gaz de Lacq pour fin 2013 et donc sa disparition du paysage industriel local. Cette annonce vient aggraver la destruction du tissu industriel local amorcé entre autres par le départ de Péchiney de Noguères en 1984 ou encore de Célanèse en 2009 mais aussi par la logique de rentabilité qui ont conduit Elf puis Total à supprimer 2300 emplois entre Lacq et Pau en 20 ans.

    Cette situation est d'autant plus révoltante que les 25 milliards d'euros accaparés par Elf puis Total grâce à l'exploitation du sous sol béarnais n'auraient pas pu l'être sans le concours de l'Etat. C'est en effet l'Etat qui, grâce à des fonds publics, a développé les infrastructures et les recherches nécessaires à la mise en oeuvre puis au développement du projet.

    Ni pour l'environnement...avec la complicité des « autorités » locales et nationales.

    L"extinction du gisement de gaz naturel est programmée pour 2013. La reconversion du bassin est d'ores et déjà en marche. Total y expérimente le stockage et le captage du dioxyde de carbone sans tenir compte des risques environnementaux engagés par ce type d’expérience. Mais les libertés prises vis à vis de l'environnement ne datent pas d"aujourd'hui.

    Depuis 1975, les usines situées sur la plate forme de Lacq ont l"autorisation d'injecter des eaux utilisées dans l'exploitation gazière, de la chimie du soufre et de la chimie fine dans les profondeurs du sol (site baptisé crétacé 4000). Ces eaux usées sont enfouies car, soit elles ne sont pas traitables en station d'épuration, soit leur traitement serait à l’origine d’odeurs difficilement supportables, notamment dues aux composés soufrés, qui génèreraient « des opérations de manipulation et de transport très délicates » (2). On peut rajouter à coup sûr que la « délicatesse » mentionnée dans le texte est une façon déguisée de qualifier le surcoût que représenterait la mise en œuvre de tels traitements.

    Afin entre autre d'atténuer la polémique, le député des Pyrénées-Atlantiques, David Habib, a eu recours à une technique diaboliquement socialiste (3). Lors du dépôt d'un amendement destiné à exonérer le site Crétacé 4000 d'une taxe sur les activités polluantes, il a tout simplement contesté la nature des fluides injectés. "Ce n'est pas une activité polluante : c'est simplement de l'eau salée", a défendu le député lors de la discussion de son amendement, déplorant qu'aucun fleuve ne passe à proximité afin d'y diluer ces effluents.

    Les associations environnementales France nature environnement (FNE) et Robin des bois contestent. Les douanes assimilent d'ailleurs les rejets – jusqu'à 1.000 m3 par jour - à des déchets industriels",

    Objectif réussi pour M. Habib puisque la loi de finance 2012 permet d"exonérer effectivement le site. Le député PS avait convaincu Gilles Carrez, le rapporteur général de la commission finances de l"Assemblée Nationale, également député UMP du Val de Marne et le gouvernement représenté par la Ministre du Budget Valérie Pécresse. Les deux parties se sont encore une fois accordées pour exonérer d'impôt les exploitants, pour, soi-disant sauvegarder l'emploi... L"élu PS a avancé :"L"enjeu n"est pas médiocre : l'assujettissement à cette taxe mettra en péril 200 emplois", sollicitant au passage la solidarité nationale pour pouvoir poursuivre les activités de chimie malgré l"extinction du gisement de gaz de Lacq. Quand à Gilles Carrez, il a expliqué que "Toute taxe qui met en danger ne serait-ce qu'un emploi industriel dans notre pays doit être bannie". Si les emplois sont si importants pour eux, pourquoi alors ne pas jouer sur tous les leviers pour les préserver ?

    Comment alors préserver les emplois et l'environnement?

    Concernant l"avenir du site, les dirigeants des sociétés concernées se contentent d’un discours lénifiant. Total Développement Régional prévoit cyniquement de financer des projets structurants présentés par les collectivités locales, du type pépinières d'entreprises et zones d'activités, à hauteur de... 2 millions d'euros !

    « Il faut que la reconversion soit exemplaire », explique François Virely, le directeur de la Société Béarnaise des Gisements Industriels, chargée de gérer le site délaissé par Total afin d"assurer selon lui une visibilité pour les futurs investisseurs. Pourtant, la logique de démantèlement qui prévaut actuellement dans le domaine industriel en général et dans celui de l’énergie et de la chimie en particulier ne prédispose pas à l’optimisme. Ainsi, en écho à la restructuration du bassin de Lacq, nous pouvons évoquer la reprise des activités vinyliques d’Arkéma à Martigues par le groupe Klesch qui risque de s’accompagner de suppressions d’emplois et de baisses de salaire. De même, à Lacq, les restructurations prévues par Total sont des projets dont la pérennité n’a rien de prouvée.

    Pour la CGT Mourenx, il est possible de poursuivre l'exploitation après 2013 mais le problème de l'épuisement des ressources et le problème environnemental que pose cette exploitation demeurent (4).

    Il y a 10 ans, le financier Jaffré PDG d’Elf avait tenté de supprimer 1500 emplois dont 1000 en Béarn. 3 mois de grèves et la mobilisation de toute la région avaient eu raison de lui. Pourtant, quand le tarissement des ressources gazières s'avèrera être une réalité, il ne suffira pas de faire pression sur le porte monnaie des exploiteurs pour que l'outil de production ne soit pas démantelé et les emplois sauvegardés. La transformation de l'outil de production deviendra une nécessité et la question politique de l'organisation de cette production se posera. La réaction des syndicats montre ainsi leurs limites politiques. C’est encore plus probant lorsque certains représentants syndicaux qui exigent le maintien de l’entreprise comme une obligation parce qu’il ne saurait en être autrement, que l’avenir ne saurait s’envisager sans ses « racines » (ou ce passé désormais mythifié).

    Le maintien de l’emploi dans la région doit-il se faire à n’importe quel prix ? La revendication d’un parti anticapitaliste aux ambitions écosocialistes doit-elle se calquer point par point sur celle de syndicalistes qui exigent avant tout le maintien de Total dans la région au nom de ses obligations socio-économiques et historiques ?

    La vraie solution, c'est l’expropriation !

    Pour permettre aux travailleurs d'orienter leurs forces de travail vers des activités socialement et écologiquement utiles, il faut extraire l'activité des contraintes de rentabilité à court et moyen termes. Ainsi, si on peut entendre les pistes de développement industriel proposées par la CGT pour réorienter la production : développement de la production de fibres de carbone, d'énergies renouvelables ou encore création de pôles de formations; on ne peut qu'être sceptique sur le fait que Total entendra les appels à la « responsabilité » et réalisera les investissements nécessaires. De même, nous ne pourrons nous contenter d’appels à la responsabilité de Total pour qu'elle dépollue les sites d"exploitation. Pour assurer la pérennité des emplois locaux et une production la plus écologique possible, ce n'est pas à la solidarité nationale mise en avant par le député PS (David Habib) mentionné ci-dessus qu'il faut s'en remettre mais à la nationalisation sous contrôle des travailleurs de Total. Nous devons nous battre pour un véritable service public de l'énergie en rupture avec les logiques de rentabilité et de profit qui passera pour le cas qui nous préoccupe par l’expropriation du groupe Total. Le cordon ombilical mis en avant par les uns et les autres doit être rompu, mais par les travailleurs et la population eux-mêmes comme acteurs principaux de leur avenir.


    1) Pour de plus amples détails : http://www.lacqplus.asso.fr/BassinLacq.asp

    2) http://www.actu-environnement.com/ae/news/amendement-david-habib-budget-2012-14588.php4

    3) Au sens moderne du terme

    4) http://npa-longwy-transfrontalier.over-blog.com/article-bassin-de-lacq-pour-la-cgt-il-est-possible-de-continuer-a-exploiter-le-gisement-de-gaz-apres-2013-d-autres-pistes-sont-aussi-a-suivre-sur-le-bassin-energies-renouvelables-fibres-de-carbone-etc--39450136.html

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