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Cours du pétrole et indices boursiers : une situation périlleuse

économie international

Lien publiée le 15 décembre 2014

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://criseusa.blog.lemonde.fr/2014/12/13/infographie-commentee-cours-du-petrole-et-indices-boursiers-une-situation-perilleuse/#xtor=RSS-32280322

Nous avons insisté dans un papier récent sur le caractère fragile de la reprise économique. L'actualité nous conduit à fournir quelques données qui seront utiles aux lecteurs du blog.

Les USA ont très largement dopé les cours boursiersde leurs pays en pratiquant une politique de QE particulièrement forte à partir de 2012.

La décision de relancer la compétitivité de l'économie américaine en ponctionnant les réserves energétiques du pays ont laissé augurer une reprise industrielle sans doute très largement surévaluée.

Ce choix énergétique s'accompagne d'une politique de repli stratégique au moyen orient.

L'Arabie séoudite - leader de l'OPEP - s'est engagé dans une guerre des prix du pétrole particulièrement dangereuse.

Les décisions américaines étant purement nationales, le choix de recourir massivement au pétrole de schiste à partir de 2008 a perturbé le marché mondial de l'énergie. Le cavalier seul américain a déséquilibré l'offre et la demande de pétrole.

En recourant au pétrole de schiste les USA entendent diminuer leur déficit commercial, améliorer leur balance des paiements et garantir la pérennité de leur monnaie.

La reprise de leur économie, dorénavant réelle, pose en effet le problème de l'accroissement inévitable de leur déficit commercial qui devra être rééquilibré par des entrées nettes de capitaux.

Pour protéger le dollar, la maîtrise toute relative du déficit commercial passe donc nécessairement par une baisse des importations de pétrole qui exercera un effet modérateur sur les besoins d'épargne mondiale d'une économie américaine dont les comptes extérieurs resteront déficitaires. C'est le modèle de croissance dans les déséquilibres extérieurs qui induit cette dépendance durable.

La capacité du marché financier américain d'attirer les capitaux en volume suffisant n'&tant pas certaine à terme, il est donc impératif de réduire ce besoin.

L'Arabie séoudite exerce dont une pression sur les USA pour qu'il y réflechissent à deux fois à leur politique énergétique. Les USA sont en effet en passe de rompre l'alliance stratégique nouée durant la seconde guerre mondiale entre l'Arabie séoudite et les USA. Cette alliance avait pour soubassement les besoins pétroliers à long terme des USA. La donne ayant changé, c'est la garantie américaine qui se dissipe. La réduction programmée du budget miliaire des USA et la concentration des moyens stratégique en Asie sont les signes évidents d'une reconfiguration de la politique au moyen orient.

Cette pression de l'Arabie sédouite est extrêmement dangereuse. Elle constitue une réponse extrêmement agressive de l'Arabie séoudite aux USA.

Dow jones

Les progrès récents du dow jones industriel doivent autant à la politique des QE de la FED
qu'aux espoirs d'une amélioration de la compétitivité de l'industrie américaine liée à l'exploitation des gaz de schiste.  Les effet de ce choix energétique sont deja sensibles dans le secteur pétrolier, dans la chimie et plus généralement sur l'ensemble de l'économie.

La baisse des prix du pétrole est donc une menace pour ce secteur qui a fait des investissement lourds depuis la crise de 2008-2009. C'est aussi une danger pour l'ensemble des entreprises industrielles dont la surcotation résulte de calculs optimistes et des liquidités injectées par la FED.

Une crise boursière affectant les valeurs industrielles serait d'autant plus négative que l'ensemble des indices boursiers sont surévalués.

S&p

L'ensemble des indices boursiers ayant été dopé par la FED à partir de 2012, une crise boursière ne pourrait sans doute pas être circonscrite au secteur du pétrole, de la chimie et de l'industrie. Elle se communiquerait à l'ensemble des indices boursiers qui sont surévalués.

L'inversion brutale des indices auraient des effets catastrophiques pour la reprise. Les ménages du top 10-20 soutiennent la consommation par des dépenses dont le niveau est conditionné par la bonne tenue de la valeur des actifs boursiers, un chute de ces indices recèle un potentiel de rechute de l'économie américaine. Or la consommation du low 80-90 encore fragile ne pourrait que se contracter en cas de défaillance du moteur de la consommation des ménages aisés et riches.

Prix du pétole

L'Arabie séoudite prend donc les USA à la gorge pour des raisons stratégiques évidentes.
L'effondrement du cours du pétrole ne peut que mettre en difficulté la politique de sortie de crise américaine qui commençait à porter ses fruits. Les USA sont invités à reconsidérer leur politique énergétique, leur stratégie militaire et à prendre la mesure des risques que la politique de l'Arabie séoudite fait peser sur eux.

Certes, les ménages américains vont disposer d'un surcroit de pouvoir d'achat en raison d'une baisse du prix du pétrole. Mais cet oxigène peut faire basculer un marché boursier. Le prix des actions ne réflète en rien la solidité des entreprises américaines ou de la croissance du pays. Une économie américaine encore convalescente ne peut se permettre un choc boursier.  Le rôle de refinancement par l'épargne mondiale de l'économie américaine en sortirait encore plus fragilisé. Les Saoudiens jouent donc très gros, leur coup porte d'autant plus que la FED ne soutient plus depuis septembre les cours boursiers.

On nous objectera à juste titre que les capitaux de l'arabie séoudite sont massivement placés aux USA. Le jeu de l'Arabie séoudite est donc perdant-perdant. Mais sans garantie stratégique américaine, un pays comme l'Arabie séoudite ne peut plus assurer sa sécurité et son existence. Le pays semble donc jouer un va-tout. Les Saoudiens disent aux USA que leurs choix énergétiques pourraient s'avérer aussi perdant-perdant pour eux mêmes.

Les USA ont-ils d'autres options ? Les contraintes d'une économie faisant de la croissance dans les déséquilibres, la préservation dela monnaie, la relance artificielle de la compétitivité des industries - la mise en exploitation du pétrole de schiste n'a pas d'autres cause - rendent nécessaires de jouer la carte du pétrole américain. Et cette carte n'est jouable que si les prix du pétrole restent élevés.

Le blocage est donc sérieux.

La crise de 2008-2009 n'en finit pas de rebondir avec cette fois ci une dimension stratégique évidente qui se répercute à l'échelle mondiale sur les économies ayant fait du pétrole une rente : Russie, Algérie, Nigéria, Venzuela...

La chute des prix du pétrole n'est donc pas une bonne nouvelle, elle pourrait accentuer les tendances déflationnistes en Europe.

Les mois qui viennent nous diront si la sortie de crise américaine ne va pas tourner en tensions de plus en plus nombreuses dans un monde abranlé par une crise durable.  Une Russie affaiblie par la chute des cours pétrolier et les sanctions occidentales risque fort de se raidir encore plus. Le régime de Mr Poutine, adulé par certains, n'est pas solide. S'il était solide, il aurait moins recours à la menace, à l'intimidation et à l'usage de la force.

Onubre Einz.

Je publie le texte sur la baisse tendancielle du taux de profit aux USA dans la semaine qui vient.

Pour le lâchage du moyen orient par les USA, je cite trois extraits de la revue quadriannuelle  (QDR) de la stratégie des USA publiée par la DoD en septembre 2014

Le premier passage souligne l'engagement des USA au Moyen Orient

"...the 2014 QDR embodies the 21st century defense priorities outlined in the 2012 Defense Strategic Guidance. These priorities include rebalancing to the Asia-Pacific region to preserve peace and stability in the region; maintaining a strong commitment to security and stability in Europe and the Middle East; sustaining a global approach to countering violent extremists and terrorist threats, with an emphasis on the Middle East and Africa; continuing to protect and prioritize key investments in technology while our forces overall grow smaller and leaner; and invigorating efforts to build innovative partnerships and strengthen key alliances and partnerships."

******

Le second passage  en gras indique une modulation des engagements américains, la protection du moyen orient n'est plus qu'à moyen terme, les engagements devront être mieux configurés et plus sélectifs  dans un contexte de choix difficiles en raison de contraintes budgétaires lourdes.

The QDR makes clear that our updated national defense strategy is right for the Nation,sustaining the role of the United States as a global leader and providing the basis for decision that will help bring our military into balance over the next decade and responsibly prepare for fiscal and strategic uncertainty. The United States will need to continue to make difficult and  deliberate decisions about how to prioritize the use of military force and how to deploy forces to our global Combatant Commanders based on its national security interests. In the near term, U.S. forces will remain actively engaged in building partnerships and enhancing stability in key regions, but our engagement will be even more tailored and selective. We will sustain a heightened alert posture in regions like the Middle East and North Africa. When possible, wewill seek to reinforce our commitment to regional security by undertaking activities such as military-to-military engagements with critical partners.

Un autre passage mérite d'être cité, il montre que les USA sont dans une logique de prise de distance avec leur politique affichée d'engagement au moyen orient :

While the Department of Defense would sustain its focus on the Middle East – seeking tocounter violent extremists and destabilizing threats – we would need to move toward a leaner, yet still responsive, posture if sequestration-level cuts (Coupes budgétaires) remain in place in the years to come.

C'est peut-être un dernier passage qui mérite toute notre attention

Shale gas discoveries and new technologies allowing access to hydrocarbon depositsappear likely to enable the United States to be a net energy exporter in the coming decades. Overall, future prospects for the U.S. economy are strong.

Dans ce cas de figure l'investissement coûteux des USA dans la sécurité moyen oriental en vaut-il le coup ? Sert-il encore les intérêts nationaux américains ?  La doctrine Nixon n'est-elle pas moribonde ? Et l'alliance avec Israel - Ultima ratio des intérêts américains dans la région - moins importante ? De nombreux signes le laissent penser, d'où la rudesse de la réaction Saoudienne qui se trouve prise l'objet d'un changement très problématique pour elle de la politique de sécurité américaine au moyen orient.

Les passages que nous citons pourraient bien indiquer que les USA commencent à quitter la région sur la pointe des pieds;  filent-ils , et ce n'est pas un jeu de mot, à l'anglaise ? Ils sont déjà dans une logique d'investissement moyen oriental parcimonieuse et de sous-traitance de la sécurité, "la leaner, yet still responsive, posture" a tout d'un lapsus.