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Savoir raison garder

Charlie

Lien publiée le 11 janvier 2015

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://red-and-rude.blogspot.fr/2015/01/savoir-raison-garder.html

Savoir raison garder

Il faut en préambule rappeler toute l'horreur des attentats qui ont eu lieu ces derniers jours. C'est une évidence, mais il faut le faire. Car on est dans une période de consensus national, mais qu'un consensus national, ça ne se fait pas uniquement par le rassemblement et l'unité, ça se fait aussi, et peut-être même surtout, par l'exclusion. Par l'exclusion de toutes celles et ceux que les puissants ne veulent pas dans cette union sacrée, mais aussi par la mise au ban de la société par toutes celles et tous ceux qui ne veulent pas être dans l'union sacrée. L'union nationale passe par la traque de l'ennemi intérieur, de partout on appelle à débusquer cet ennemi intérieur, à le traquer, le faire avouer ou prouver par des raisonnements douteux et tronqué qu'il en est un. Ainsi, toute personne qui ne partage pas exactement la grille d'analyse dominante se fera accuser de complaisance voir de complicité avec les terroristes. Toute personne qui ne veut pas se ranger derrière la bourgeoisie raciste et réactionnaire, qui ne veut pas justifier les attaques liberticides, racistes, antisociales qui vont suivre sera soumis à une sentence dont le simplisme n'empêche pas une certaine efficacité : "si vous n'êtes pas avec nous, c'est que vous êtes avec eux". Alors avant d'être lynché sur la place publique comme de simples arabes (mais imaginez, peut-être qu'en plus d'être mal-pensant on est arabes !), précisons ici que les meurtres de ces derniers jours nous révulsent, qu'ils sont l’œuvre de connards réactionnaires qui plus est clairement dans le camps d'une faction de la bourgeoisie, que quelques soient les désaccords avec eux, le meurtre des journalistes de Charlie Hebdo est ignoble et injustifiable, tout autant celui des autres, des anonymes, de l'agent d'entretien, de l'agent municipal... Quant aux quatre personnes assassinées à Vincennes parce que juifs, il n'y a pas de mots assez durs pour condamner ce meurtre antisémite, rappelant que cette sorte de racisme particulière n'est pas à considérer au passé, qu'elle tue encore. Et peut importe de savoir s'ils ont été tué par un terroriste islamiste ou par des néonazis, des boneheads ou des pétainistes, l'antisméitisme a toujours les mêmes ressorts. 

Ceci étant dit, nous allons passer à ce qui nous vaudra d'être voués aux gémonies : relativiser l'évènement. Pas relativiser l'horreur de l'acte, la tristesse pour les proches, mais sa portée objective dans la société. La relativiser, ce n'est pas la réduire ou chercher à la nier, mais la remettre en perspective dans une société avec un avant, un pendant et des après possibles.

Une importance manipulée.

Le choc est réel en France et dans le monde. D'une part parce que la cible de Charlie Hebdo était particulièrement bien choisie. Symbole de la presse, de la "liberté d'expression" (notion très relative dans une société où tout le monde n'a évidemment pas les mêmes armes pour s'exprimer et où la liberté d'expression est avant tout la liberté des dominants de s'exprimer dans ses différentes nuances, mais notion à laquelle beaucoup de personnes de toutes sensibilités sont attachées dont ils font la base de la "démocratie"), symbole d'une certaine tradition de la presse satirique française, et dans la tête de beaucoup, de ceux qui "osent s'en prendre à l'islamisme".  

Une autre explication partielle du choc général réside dans le faible niveau de violence visible en France. Si tout le monde est choqué par les attentats franciliens mais que tout le monde s'en fout des 40 morts et 71 blessés dans un attentat concomitant au Yémen, ou des 2000 personnes massacrées par Boko Haram dans le même temps au Nigeria, c'est bien évidemment parce que comme dirait Jean-Marie Le Pen, on se sent toujours plus proche de ses compatriotes que des étrangers, mais c'est aussi parce qu'en Afrique ou au proche orient, on est habitué aux massacres de masses. C'est ce qu'on entend par relativiser l'évènement, pas en réduire l'importance, mais montrer que celle-ci est relative aux données auxquelles on est habitué. En France, les attentats très meurtriers, les meurtres de masses sont très rares. Le récent attentat est le plus meurtrier depuis celui des fachos de l'OAS qui fit 28 morts en 1961 (il est à noter qu'entre temps la série d'attentats la plus meurtrière en France était aussi l’œuvre de l’extrême droite blanche classique puisqu'ils s'agit des attentats des polices parallèles du GAL dans les années 80). On parle bien ici de violences visibles, car en réalité ces chiffres sont "faibles" si on les compare aux violences conjugales (121 tuées par leur conjoint en France en 2013, 148 en 2012...), aux bavures policières (94 victimes recensées depuis 2005) ou aux nombres de SDF morts dans la rue (454 dont 15 gosses en France en 2013). Mais cette violence meurtrière du système capitaliste, sexiste et sécuritaire, est une violence diffuse, continue et très peu médiatisée, aussi hallucinant que cela puisse paraitre il ne s'agit pas de violences visibles, ou si peu.

Bien sûr, pour la famille, les amis, les proches, les meurtres de ce début d'année sont  d'une violence, d'une brutalité qui est la même qu'il y ait deux, quinze ou dix-mille victimes. Leur douleur et notre solidarité ne peut être relativisée, mais le nombre de mort objectif doit l'être pour garder la tête froide.

Alors qu'est-ce qui explique concrètement l'importance de ces attentats, au delà du symbole et de l'importance relative en France ? Cette importance est en grande partie créée. Quelques conspirationnistes, généralement les fachos antisémites, essayent d'expliquer que ces attentats sont une manipulation des services secrets, des francs-macs, des illuminati et autres sionistes ou satanistes. Nous ne sombrerons pas dans cette voie fumeuse. Non pas parce que c'est quelque chose de théoriquement impossible (des attentats sous false flag pour retourner une opinion publique, il y en a eu et des plus meurtriers, loge P2 en Italie, la main rouge en France, opérations Northwood aux USA...), mais parce que ce n'est pas plausible, pourquoi l'extrême droite ou le gouvernement iraient se compromettre dans une telle opération alors qu'ils ont eux même créé les conditions à l'émergence de réels terroristes islamistes ultra réactionnaires ? De plus nous ne croyons pas à l'explication d'une manipulation quant à l'origine des attentats pour la même raison que nous ne croyons pas en dieu, non seulement aucune preuve ne peut être avancé de son existence, mais surtout nous n'avons pas besoin de l'hypothèse de son existence. Jusqu'à preuve du contraire, Dieu n'existe donc pas ni un éventuel complot faisant de ces attentats une manipulation de qui que ce soit d'autres que ses commanditaires aapparents. Pour autant, oui, manipulation il y a. La manipulation, ce ne sont pas les attentats, ce sont les suites. Car ce qui porte aussi haut l'importance de ces attentats, ce sont notamment les dirigeants politiques et les média à leur botte. Immédiatement, toutes les chaines d'information et les média en continu sur internet, ce sont mis à ne plus suivre que cette affaire, sans discontinuer. Immédiatement tous les politicards ont expliqué que ces attentats constituaient une rupture, qu'il y aurait un avant et un après, immédiatement, ils ont appelé à se rassembler, à sortir dans la rue, à mettre les drapeaux en berne dès le lendemain, à instaurer des minutes de silence. Nos rues, nos administrations se sont immédiatement emplies d'affichages aussi hypocrites que stupides "#JeSuisCharlie". Immédiatement, on a convoqué toutes les troupes d'élites d'experts autoproclamés pour nous sortir des sentences définitives et nous expliquer le caractère unique de ces évènements. Immédiatement les idiots bien mal inspirés, journaux et pseudo philosophe islamophobe en tête ont sorti de leur chapeau l'idée inique d'un 11 septembre français (près de 3000 morts le 11 septembre quand même, et une rupture totale dans le mode opératoire avec un type d'attentats nouveau qui laissait croire à une nouvelle ère du terrorisme). 

Dans quel but ?

Si il y a manipulation, c'est bien dans un but précis. Celui-ci s'est aussi fait voir immédiatement. Car immédiatement nos villes se sont encore plus remplies de flics et de militaires. Immédiatement, l'extrême droite a montré du doigt l'immigration, ramené sur le tapis la peine de mort. Immédiatement, il en a été appelé à l'unité nationale, c'est à dire à la mise en sommeil des antagonisme de classe et liés aux autres oppressions. Immédiatement, les syndicats sensés représenter les travailleurs ont appelé à marcher côte à côte avec le patronat, immédiatement les musulmans ont été appelés à marcher avec les islamophobes, les juifs avec les antisémites, la dite gauche de la gauche avec le gouvernement, la droite et l'extrême droite, la population avec les pires dirigeants du monde, brefs les opprimés derrière les oppresseurs. Les antisémites Orban et Dieudonnée, les soutiens turcs de Daesh, les dictateurs africains, l'extrême droite israélienne, les Valls, Rajoy, Sarkozy et Junker, tous ces gens là ne sont plus sensé être nos ennemis puisque nos seuls ennemis communs sont sensé être les terroristes islamistes, ou sinon, c'est qu'on est dans le même camps que ces salopards de terroristes. Immédiatement, les musulmans ont été sommés de se désolidariser, donc de se solidariser avec ceux qui les conchient. Quant à Cazeneuve, il ne lui aura fallu que quelques jours pour annoncer une vaste série de mesures des plus réactionnaires : renforcement du contrôle aux frontières, flicage du net renforcé, augmentation des moyens et des droits pour le renseignement intérieur... Non seulement on ne doit plus combattre nos oppresseurs, mais en plus nous devons applaudir quand ils renforcent leurs moyens pour nous fliquer et nous mater. La police et la justice que l'on renforce, ce n'est pas seulement celles qui ont buté les 3 terroristes, c'est aussi celles qui fichent, contrôlent, répriment les manifestations et emprisonnent au quotidien, celles qui meetent dans des centres de rétentions et procèdent aux expulsions de sans papier, qui mettent des gens à la rue, qui pratiquent le racisme et la discrimination sociale au quotidien, celles qui ont assassiné Malik Oussekine, Zied Benna, Bouna Traoré, Ali Ziri, Lamine Dieng, Rémi Fraysse et tant d'autres, celles qui maintiennent en prison GI Abdallah, les presos basques etc ...

Sur les rassemblements

Il va falloir une fois encore en passer par le très impopulaire travail de mise en perspective, car on nous annonce les manifestations comme un tsunami sans précédent, ce qui n'est pas très vrai. Il y a d'abord les rassemblements spontanés du soir même. Il faudrait quand même se pencher sur le taux de spontanéité de rassemblements auxquels toute la classe politique appelait, auxquels les maires et autres encadrants institutionnels appelaient, relayés par toute la presse. Et puis, nous ne reviendrons pas sur le fait que cette spontanéité a été grandement conditionnée par la classe politique et médiatique. D'ailleurs, si ces rassemblements étaient aussi spontanés et naturels que ça, comment expliquer qu'en mars 2012, les tueries de Mohamed Merah, qui coutèrent pourtant la vie à 7 personnes dont trois enfants n'aient donné lieu à quasiment aucunes manifestations d'indignation ? Pourtant, la population était en soit autant écœurée par le meurtre d'enfants, une des choses les plus impopulaires qui soit. Mais à l'époque les circonstances étaient différentes et on a préféré ne pas faire se mobiliser les gens, au contraire, les politiques en campagne jouaient le jeu "on se charge de tout, on résoudra tout, votez pour nous et ne vous occupez de rien". 

Il y a aussi les rassemblements de ce dimanche. Ils sont immenses, inutile de le nier. Mais il y a des raisons à cela, encore une fois. Tout le monde, du front de gauche à l'extrême droite, des syndicats au MEDEF, des mairies aux associations, des groupes "communautaires" aux artistes, des mosquées aux églises y appelait. L’œcuménisme de la sauterie était presque sans limite. Tout le monde (mis à part les quelques individus soutenant l'acte terroriste ignoble) était appelé à cette manifestation par tout le monde. Y aller n'engageait à rien d'autre que d'être contre la barbarie terroriste. On pouvait y aller pour dire qu'il faut jeter les arabes à la seine ou que c'est de la faute aux illuminati sionistes, on pouvait y aller pour prôner la tolérance et la paix, pour chanter la marseillaise ou le chant des partisans, pour défendre "l'esprit libertaire" de Charlie ou pour insulter les musulmans... De plus les transports en communs de la plus part des grandes villes étaient gratuits, les parkings souvent à tarifs réduits, tout était fait pour faciliter les mobilisations, puisqu'elles étaient le jouet du pouvoir. Rien à voir donc avec les manifestations dans le cadre d'un mouvement social clivant comme celui contre la contre-réforme des retraites en 2010. En 2010, seuls étaient amenés à manifester ceux qui partageaient un positionnement idéologique contre les attaques en cours. En 2010, la droite et l'extrême droite condamnaient les manifs, les flics ne les protégeaient pas mais les chargeaient et les réprimaient, il fallait pour s'y rendre soit être en grève soit en congé, il fallait vaincre les difficultés liées aux grèves des transports en commun, les média diabolisaient les mobilisations et non ceux qui refusaient de s'y rendre. Rien à voir donc. Et pourtant regardons les chiffres. Il y avait aujourd'hui 3.3 Millions de personnes en France dont 1.5 Millions à Paris et donc 1.8Millions en "province" (source AFP). Le 12 octobre 2010, la CGT comptait 3.5 Millions de manifestants, dont 330 000 à Paris et près de 3.2 Millions ailleurs. Les chiffres étaient similaires le 19 octobre et à peine plus faibles le 16. Si sur Paris la mobilisation est nettement plus grande ce jour, elle l'était plus sur l'ensemble du territoire en 2010 et surtout très nettement supérieure "en province".

Cette mise en perspective ne vise pas à nier l'importance de la réaction d'indignation des français ce 11 janvier 2015, mais à montrer que ce qui est inédits, ce sont les moyens mis en œuvre pour sa réussite et non son résultat. Nous faisons partie comme quasiment toute l'extrême gauche hexagonale et plusieurs assos, syndicats... des gens qui pensent qu'il ne fallait pas aller à ces manifestations, que c'était donner un blanc-seing à la classe dirigeante, que c'était cautionner toutes les saloperies auxquelles ces attentats serviront de prétexte. Pour autant, il serait dramatique de mépriser ou d'ignorer ces millions de personnes qui y étaient. Ces millions de personnes, c'étaient avant tout des travailleurs, des jeunes, des opprimés. Parmi ces millions de personnes, beaucoup y allaient sans mauvaise pensée, juste pour exprimer leur indignation, leur mépris et leur dégoût que nous ne pouvons que partager. Dans les temps à venir, ce sont ces millions de personnes et leurs soutiens qu'il va falloir convaincre.

Quelles leçons en tirer ?

Il est bien sûr trop tôt pour tirer des analyses profondes. Il y a pourtant urgence à trouver non pas une voie toute tracer mais quelques éléments dont se servir de boussole. Tout d'abord, ce petit travail de relativisation est à poursuivre. Il ne faut pas nier l'importance capitale des évènements que nous vivons ni leur gravité (gravité des attentats eux-mêmes, mais aussi gravité des dizaines d'agressions et dégradations racistes auxquels ils ont déjà servi de prétexte, gravité du poison raciste que ces attentats attisent, gravité de toute les mesures réactionnaires qu'ils justifieront...). Mais il ne faut pas oublier que cette importance ne dépend pas tant de faits et de chiffres objectifs que de la puissance symbolique dont on les charge, des réactions et de l'importance qu'on leur donne. Faire de ces attentats une rupture qui justifierait à son tour une série sans fin de basculements politiques, idéologiques, géopolitiques, c'est donner victoire à l'extrême droite qui s'en réjouit, donner victoire à nos dirigeants qui s'en serviront pour renforcer l'exploitation et les oppressions, mais c'est aussi donner victoire aux terroristes car qu'est-ce qu'ils souhaitent donc par leurs attentats, sinon créer une rupture, un basculement. Il faut donc refuser ce basculement, ne pas nier l'importance des actes mais ne pas leur donner la suite que nos ennemis se retrouvent pour attendre. Car il n'y a pas deux camps, l'un avec nos dirigeants et l'autre avec les terroristes, il y a un camp regroupant nos dirigeants et les terroristes qui vise au choc des civilisations, à l'aliénation et l'oppression sans limite et il y a le camp que nous devons construire coûte que coûte, celui de l'émancipation des travailleurs et des opprimés, quelques soient leurs religions ou non, leur couleur, leur nationalité, mais une émancipation qui ne peut se construire qu'en assumant l'antagonisme de classe, contre nos oppresseurs, de Valls à Daesh.

Refuser ce grand basculement ne signifie pas ne rien changer. Il serait en effet de la plus grande stupidité, pire il serait criminel, de prôner l'immobilisme, de vanter de ne rien changer à une société qui amène à autant d'horreurs. Ces attentats doivent au contraire servir de détonateur pour combattre la société qui génère à la fois les terroristes d’Al-Qaïda et de Daesh et l'islamophobie, l'antisémitisme, toutes les formes d'oppressions. Il faut se servir de cette situation comme d'un appui pour combattre la société qui produit les conditions matérielles et idéologiques de cette situation.

Nous ne croyons pas que ces attentats soient directement la responsabilité du capitalisme, des conditions sociales et géopolitiques imposées par la bourgeoisie dans le sens ou quelques cintrés fanatiques pourraient très bien voir le jour dans toutes autres conditions. Par contre, leur récurrence, le soutien certes faibles mais qui leur permet d'exister, les cycles des haines et des violences de toute part, sont directement à mettre en lien avec la misère générée par le capitalisme, avec les guerres impérialistes perpétuelles qui servent de justification aux terroristes, avec le racisme structurel de nos sociétés qui exclut et humilie, une société qui désoriente à tel point que certains (pas forcément des immigrés ou des musulmans contrairement aux idées reçues) haïssent tellement la société qu'ils en viennent à supporter ce qui lui fait le plus horreur. Aux USA, le 11 septembre a permis de construire un état d'esprit qui a renforcé le racisme, qui a écrasé toute contestation d'ampleur pendant 10 ans, qui a aidé à légitimer de nombreuses guerres impérialistes... La fameuse alternative entre socialisme et barbarie est tellement utilisée mécaniquement à toute les sauces qu'elle en vient à perdre toute sa force évocatrice, un peu comme le chiard qui crie au loup. Pourtant, la barbarie on y sombre bien petit à petit. Le temps des guerres et des crises est bien avancé, et si on y sombre petit à petit, ça n'empêche pas que l'histoire est faite d'accélérations, d'à-coups et de ruptures. Mais elle est aussi faite d'actions conscientes. Janvier 2015 ne marquera pas le point de bascule entre socialisme et barbarie, nous ne le disons pas car nous ne le croyons pas et refusons le catastrophisme et l'alarmisme stérile. Mais janvier 2015 pourrait marquer une de ces petites ruptures, un de ces à-coups. 

Nous n'avons pas le choix entre le terrorisme et l'union sacrée sous la houlette de nos dirigeants, puisque les deux se nourrissent mutuellement. Nous avons le choix entre un package comprenant à la fois, un patriot-act à la française, de nouvelles lois liberticides et xénophobes, la continuité de la montée en puissance du racisme, l'atonie du mouvement social et donc de facto l'augmentation de l'exploitation, de la misère... et à la fois l'augmentation du terrorisme. Entre ce package donc, et un autre qui comprend la prise de conscience mais aussi l'irruption des opprimés sur le devant de la scène politique, non plus derrière nos oppresseurs, mais contre eux. Solidairement, contre le racisme, les lois liberticides, le capitalisme causeur de guerres et de misère, causeur de terrorisme d'état et de terrorisme islamiste ou ,néonazi ou autre. Toute personne qui ferait un choix autre qu'entre ces deux package, toute personne trop effrayée par la barbarie de nos dirigeants ou du terrorisme islamiste, voudrait faire un choix entre les deux, fera en réalité le choix de l'ensemble du package 1.

Une touche d'espoir.

La situation n'est pas perdue, loin de là. Certes minoritaires, certes n'étant pas les principaux bénéficiaires de la sainte liberté d'expression bourgeoise, des voix existent aujourd'hui pour refuser la fausse alternative. Ces voix doivent s'unir, et s'assumer comme en complet refus du non-choix qu'on essaye de nous imposer. La société n'est pas faite que de tristes imbéciles, racistes et sécuritaires, tombant dans les pièges du gouvernement. Il faut discuter échanger et lutter, nous avons les armes à portée de mains, prenons et le crayon et la kalashnikov, prenons surtout le chemin de la lutte !Ni Valls ni Al-Qaïda, soyons nos propres sauveurs ! La solution n'est pas dans le désespoir ou le repli, elle est dans la reprise de l'offensive, dans les grèves qui unissent les opprimés, dans la lutte pour le pouvoir, contre les guerres, la colonialisme, le racisme, le sexisme, l'homophobie. La résignation ou l'union sacrée rassemblent ceux qui doivent se combattre et divisent ceux qui doivent s'unir, seules nos luttes rassembleront les opprimés contre leurs bourreaux du quotidien comme de ce funeste début janvier 2015 !

Quelques réactions saines (quoique forcément criticables) : 

- Communiqué commun d'AL, du MOC, du NPA et du PCOF ici

- Communiqué de Lutte Ouvrière ici

- Communiqué de Solidaires EtudiantEs ENS ici

- Communiqué de la CGT Saint Gobain Aubervilliers ici

- Communiqué de l'Action Antifasciste Paris Banlieue ici

- Communiqué de la CNT ici

- Communiqué de la CGA de Lyon ici

- Communiqué de l'OCML-VP ici et