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L’attristant congrès du NPA

NPA

Lien publiée le 4 février 2015

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

Un  point de vue d'un ancien du NPA qui a rejoint le Front de gauche... et qui constate qu'une majorité de militants du NPA a en effet acté le rejet de tout accord électoral avec le Front de gauche et ses composante - ce dont nous nous félicitons puisque nous sommes à l'origine de la motion élection largement adoptée par le congrès

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http://www.regards.fr/web/article/l-attristant-congres-du-npa

Le troisième congrès du Nouveau parti anticapitaliste s’est tenu le week-end dernier, laissant le sentiment d’un profond gâchis. Points d’orgue : le rejet de toute démarche unitaire et l’aggravation de la logique isolationniste d’une formation sans orientation.

La dépêche AFP rendant compte des conclusions du congrès indique : « le NPA tourne la page du Front de gauche pour les élections. » En fait, l’orientation électorale adoptée va bien au-delà. Au cours de ses premières années d’existence, le NPA ne s’est pas tellement illustré par l’abondance et la systématisation d’accords électoraux avec le Front de gauche (sauf au plan local).

Mais ce que les militants et les militantes du NPA viennent de décider avec une majorité significative (environ 60%) n’est pas que des démarches en vue de présenter des listes communes avec le Front de gauche seraient difficiles, ou même qu’elles avaient peu de chances d’aboutir positivement. Ce qui a été décidé est qu’il n’y avait pas lieu d’entamer quelque démarche unitaire que ce soit. Avec qui que ce soit. Pour quelque élection que ce soit. Ni maintenant… ni plus tard.

Nouvelle équipée présidentielle solitaire en 2017

J’exagère ? La motion retenue indique : « Nous rejetons la possibilité d’accords programmatiques et électoraux avec le Front de gauche et ses composantes aux élections départementales et régionales de 2015, présidentielle et législatives de 2017. » À tel point que l’on se demande pourquoi les rédacteurs de la motion se sont arrêtés à 2017 ! En réalité, le parti qui ne jure que par les luttes et les mobilisations sociales… est déjà dans les starting-blocks pour une nouvelle équipée présidentielle solitaire en 2017. Comme le confirme la suite : « Dès maintenant, nous nous préparons à présenter une candidature anticapitaliste et révolutionnaire pour l’élection présidentielle de 2017. »

De fait, le sentiment majoritaire qui prévaut au NPA est que le principal problème politique à venir est la reconstitution d’une « nouvelle mouture de l’Union de la gauche (ou de la Gauche plurielle) », manœuvre dont sont parties prenantes le Front de gauche et toutes ses composantes. C’est là le danger dont il faut se prémunir. En conséquence, l’accent est mis sur une opposition radicale entre une démarche unitaire « pour les luttes » et un refus de tout « débat avec les réformistes » quand il s’agit du « projet politique » et, bien sûr, des élections.

Implacable logique isolationniste

Cependant, ériger cette muraille de Chine entre mobilisations sociales et perspectives politiques n’est pas si simple : ainsi, s’agissant du collectif 3A (Pour une Alternative à l’austérité), des secteurs significatifs du NPA remettent en cause non les manifestations organisées, mais la signature par le NPA des textes d’appels à manifester… La logique isolationniste est implacable.

Au-delà de ces postures qui doivent plus à la pratique de l’exorcisme qu’à celle de la politique, force est de constater qu’il n’y a plus d’orientation majoritaire au NPA. La préparation du congrès a vu l’éclatement de la direction sortante, la compétition entre cinq puis six tendances dont les textes d’orientation ont tous été rejetés par le congrès. De fait, outre la motion sur les élections, seule une motion « contre l’unité nationale, l’islamophobie et l’antisémistisme » a pu être adoptée. L’orientation sera décidée au coup par coup. Par des instances de direction composées à la proportionnelle et comportant donc une nette majorité de responsables franchement hostiles à toute démarche unitaire.

Descente aux enfers sectaires

Le plus navrant au cours de ce congrès est sans doute le contenu des échanges consacrés la situation grecque. Certes, tout le monde saluait rituellement la « baffe infligée par le peuple grec à la Troïka ». Mais, à l’exception de celles de la plateforme 1 (qui a recueillit 36% des suffrages militants), les interventions se partageaient grossièrement entre celles qui prédisaient la trahison à venir de Syriza – et, donc, la nécessité de s’y préparer – et celles qui affirmaient que le gouvernement Syriza est d’ores et déjà un « gouvernement capitaliste » auquel il faut s’opposer, car sa fonction est de « détourner la colère populaire dans le cadre des institutions »… On ne peut s’empêcher de penser qu’en d’autres temps un congrès du NPA (ou de la LCR) aurait vibré d’enthousiasme, au risque peut-être de quelques illusions lyriques (et alors ?), pour le combat de rupture avec les politiques d’austérité qui vient de s’engager à Athènes.

Regroupant environ 9.000 militants et militantes lors de sa fondation en 2009, le NPA en revendique aujourd’hui 2.100. Tirer un bilan de cet échec politique constitue un vaste chantier qui dépasse de très loin le cadre de cet article. Disons juste que le NPA est passé successivement d’un cours solitaire à un cours isolationniste et que ce congrès marque une nouvelle étape de la descente aux enfers sectaires. En même temps, il compte encore dans ces rangs plusieurs centaines de militants et de militantes actifs dans les luttes, solidaires de la gauche radicale grecque, attachés à l’émancipation et, au-delà des divergences d’orientation qui nous séparent, disponibles pour des débats politiques sur le fond. Une perspective à travailler…

François Coustal est membre d’Ensemble, ancien membre du NPA.