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Cinéma: American sniper de Eastwood

Culture

Lien publiée le 2 mars 2015

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https://npa2009.org/idees/cinema-american-sniper-de-clint-eastwood

Avec Bradley Cooper et Sienna Miller. 
Sortie le mercredi 18 février. 

Au secours Dirty Harry revient ! En période de guerre, Hollywood aime les héros qui tuent beaucoup d’ennemis. Au hit parade venaient le Sergent York, qui tua 26 Allemands, et Audie Murphy, future star des films sur la guerre du Pacifique, dont le score n’est pas établi avec certitude, mais qui bloqua une compagnie à lui seul... Sans compter Davy Crockett, le fameux tueur d’ours, d’Indiens et de Mexicains, qui périt à Alamo. Mais Chris Kyle les laisse loin derrière lui.
Celui-ci aurait éliminé 162 Irakiens, une performance homologuée par ses chefs des Navy Seal. La différence essentielle entre Kyle et ses prédécesseurs ne réside pourtant pas dans ce décompte macabre. Alors que Davy Crockett et Audie Murphy cassait du Peau rouge, du Chicano, du Boche ou du Jap sans le moindre état d’âme, Kyle se sent mal à l’aise quand des femmes et des enfants se présentent dans sa lunette de visée. Mais il appuie quand même sur la détente, car il sait qu’il est en Irak pour protéger ses camarades et son pays menacés par des barbares. Son père lui a en effet enseigné depuis sa plus tendre enfance, non seulement l’art du tir, mais une morale très simple : « Il y a les loups, les agneaux et les bergers. Tu seras berger, sinon tu cesseras d’être mon fils. » Kyle, devenu à son tour père de famille, transmettra ces rudes valeurs à son rejeton.

Niaiseries, clichés et propagande
On pourrait croire que Clint Eastwood pratique le second degré, mais il n’en est rien. Les Irakiens sont des brutes sanguinaires, des fourbes ou de vagues silhouettes. Seul le sniper syro-irakien bénéficie d’une discrète touche de sympathie. Après tout, c’est un passionné des armes à feu, comme Clint Eastwood lui-même. Entre fanas, on se comprend. Mais il ne faut rien exagérer : l’Américain atteint sa cible à 1 500 mètres, alors que le rayon d’action de son rival ne dépasse pas 1 000 mètres. L’Amérique gagne, comme toujours...
Même en laissant de côté son caractère militaro-patriotique caricatural, American Sniper ne nous épargne aucun cliché, de l’enterrement du héros avec honneurs militaires à des scènes familiales du niveau d’une sitcom. Quant aux séquences guerrières, malgré les moyens déployés, inutile d’avoir fait West Point pour comprendre qu’elles sont grotesques.
Ces deux heures de projection suscitent un ennui aussi mortel que le TAC-338 de Kyle. Clint Eastwood ne nous avait certes pas livré que des chefs-d’œuvre, et ses positions réactionnaires sont connues. Mais cette fois il est tombé très, très bas. Pourtant, American Sniper est d’ores et déjà son plus grand succès.
Les échecs sanglants de l’impérialisme américain au Vietnam, en Afghanistan et en Irak, ne semblent pas avoir suffi pour éliminer les fantasmes. Au moment où il va peut-être falloir convaincre des boys de partir pour le Moyen-Orient. Clint Eastwood endosse l’uniforme de sergent recruteur.

Gérard Delteil