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Les salariés de MetalTempel votent la fin du blocus et la reprise du travail

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Lien publiée le 6 avril 2015

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://www.ladepeche.fr/article/2015/04/05/2081082-salaries-usine-votent-fin-blocus-reprise-travail.html

Dernière AG, hier midi à l'usine : la nouvelle Métal Aquitaine démarre l'activité mardi./ Photo J.Sch..

Dernière AG, hier midi à l'usine : la nouvelle Métal Aquitaine démarre l'activité mardi./ Photo J.Sch..

Qu'on ne s'y trompe pas. Ce n'est pas la colère affichée du député-maire Jean-Louis Costes dans la presse régionale (notre édition d'hier) et au JT de France 3, appelant à l'intervention de l'armée pour évacuer l'avenue de l'Usine des barricades qui la coupent depuis un mois et menaçant de lever une milice populaire si l'état n'intervenait pas, qui a eu raison de la détermination des salariés grévistes de l'ex-usine MétalTemple Aquitaine de Fumel.

Si la levée du blocage de l'avenue et de l'usine, proposée par l'intersyndicale CGT-CFDT, a été votée hier midi en assemblée générale, dans la cantine de l'usine, c'est parce que les syndicats précisément s'y étaient engagés depuis plus d'une semaine, lors du protocole de sortie de crise élaboré en sous-préfecture de Villeneuve : «On avait dit qu'on laisserait la reprise se faire. Elle se fera dès mardi», expliquait hier José Gonzalez.

Plaintes déposées contre Jean-Louis Costes

«Nous sommes des gens responsables. Nous avons simplement attendu que les salariés licenciés reçoivent leurs lettres de licenciement. Pour le reste, nous devions voter en assemblée générale. MM.Costes et Pozas (NDLR le repreneur) étaient informés dès hier matin. Costes n'avait aucune raison de tenir des propos fascisants et insultants et diffamatoires à notre encontre.» Hier, la CGT mais aussi le NPA, cité également, envisageaient de déposer plaintes la semaine prochaine à l'encontre de Jean-Louis Costes.

La violente sortie du député-maire de Fumel, assez discret jusque-là mais indirectement désavoué dans les urnes dimanche en Fumélois, où le candidat qu'il soutenait a perdu, a profondément choqué à l'usine : «Il a insulté les militants et les métallos en nous faisant passer pour des alcooliques et des voleurs. Ça fait des années qu'il y a des vols à l'usine, dont les métallos sont victimes. On a fait en sorte, pendant toute notre action, de préserver l'outil de travail et éviter les débordements. S'il y a eu encore des vols depuis l'occupation des locaux, ce n'est pas de notre fait. On entre dans cette usine comme dans un moulin et personne ne fait rien. C'est trop facile de nous accuser de tous les maux. Il faudra quand même que M.Costes explique qui sont les voyous et les voleurs. Qu'est-ce qu'un actionnaire qui laisse une ardoise de 23 millions d'euros sinon un voleur et un voyou ? 23 millions de dettes dont plus de 700 000 euros de loyers impayés à Fumel communautés dont M.Costes est le président. La vérité c'est que nous sommes les seuls, nous les métallos de Fumel, à avoir défendu l'emploi en Fumélois depuis des années. Eux, Costes le premier, n'ont jamais rien fait.»

«Draguer le FN»

Mohamed Ghrib, délégué CFDT, licencié en avril 2014 lors du dernier plan social, dont le père a travaillé à l'usine et dont le frère Driss, y travaillait encore jusque-là, très ému, ne disait pas autre chose : «Je ne bois pas, je n'ai jamais rien volé. Je défends nos emplois et on veut m'envoyer l'armée ? Mais on est où ? En Syrie ? En Irak ? Fumel n'est pas en feu ! Ici il n'y a que des gens qui défendent leur emploi et on n'aurait pas le droit ? Mais que propose M.Costes ? Quels emplois amènent-ils pour demain ? Moi je ne fais pas de politique, je reste sur mon terrain de l'emploi. Si M.Costes veut draguer les électeurs du FN, c'est son problème mais pas sur mon dos.»

William Boucharel, délégué CGT, prenait la balle au bond et enfonçait le clou : «M.Costes a fait voter vendredi soir en conseil municipal l'extension du cimetière. Voilà sa priorité : faire de Fumel, une ville de vieux et de morts !»


La grève est finie, la lutte continue, en face

Et maintenant ? En votant hier la levée du blocage de l'usine, occupée depuis le 16 février, les ouvriers actent la reprise du travail de la nouvelle entité Métal Aquitaine, propriété de Francis Pozas et Alain Royer, dont l'offre de reprise pour 43 salariés a été validée par le tribunal de commerce de Chambéry le 2 mars dernier.

Vendredi et samedi, les lettres de licenciements sont arrivées. Le montage juridique est assez complexe entre les licenciés immédiats, ceux qui reprendront mardi le travail et un volant de 17 salariés à déterminer qui restent encore, pour partie à trouver.

En pratique, ils sont 26 à être attendus mardi à 13 heures par Francis Pozas à l'usine pour une réunion d'organisation du travail et des tâches.

Avant cela, lundi, dans l'après-midi, les métallos, licenciés ou pas, débarrasseront l'avenue des «chemises» (1) en acier qui interdisent la circulation. Objectif : permettre l'accès à l'usine pour les ouvriers mais aussi pour les camions de livraison et ceux qui devront sortir les produits fabriqués. Les chaînes acier et chemises industrielles ayant été arrêtées près de deux mois, il va falloir «au moins une semaine», «peut-être deux», pour faire repartir l'outil de production. Francis Pozas, lui, assure avoir déjà engrangé 1,5 million d'euros de commande depuis la reprise devant le tribunal de commerce : «Mais on devait livrer en avril. Mes clients s'impatientent et si on ne pouvait pas reprendre le travail dans la semaine, ils iraient voir ailleurs et moi aussi.» Cette menace semble aujourd'hui écartée puisque les ouvriers, eux, permettent la reprise mardi.

Reste qu'en termes de revendication, contrairement à un Jean-Louis Costes affirmant que «les syndicats ont obtenu tout ce qu'ils voulaient», en réalité les avancées sont assez loin des revendications. Si les salariés exposés à l'amiante touchent entre 5 et 6 mois de salaires, ceux qui sont entrés à l'usine après 1997 ne partent qu'avec l'assurance de toucher 75 % de leur salaire brut pendant 18 mois. Un jeune de 26 ans, entré en 2011, expliquait cette semaine qu'il partirait par exemple avec environ 1 800 €, congés payés compris : «On va continuer la lutte pour les 44 copains qui n'ont obtenu que ce que prévoit la loi, avançait hier José Gonzalez. Nous allons continuer à nous battre pour l'amélioration du plan social.»

Dans la pratique, les syndicats vont continuer à tenir une permanence quotidienne devant l'usine, sur le parking en face, sous un barnum : «Jusqu'à ce qu'on obtienne gain de cause.»

Si le département et la région se sont engagés à avancer chacun 200 000,00 € remboursables pour permettre l'embauche de 13 salariés de plus que les 30 prévus initialement, l'intersyndicale attend désormais une réponse de la région concernant un financement d'une prime de licenciement pour les 44 ouvriers les moins bien indemnisés. Une demande est toujours en attente également au ministère de la Santé pour l'extension du plan amiante aux salariés embauchés jusqu'en 2012, contre 1997 actuellement.

Enfin, sur le terrain «judiciaire», les syndicats ont déposé vendredi à l'inspection du travail un dossier documenté montrant selon eux que la direction de l'usine avait, jusqu'en 2014, sciemment cachée aux salariés comme aux services de l'État qu'elle exposait les ouvriers aux «fibres d'amiante». Les syndicats envisagent de porter plainte contre le directeur du site et aussi contre l'État. «La lutte va continuer», promettait hier José Gonzalez.

(1) Les chemises sont de cylindres de grandes tailles dans lesquelles les pistons des moteurs coulissent. Métal Aquitaine fabriquera des chemises pour moteurs industriels et moteurs de bateaux, les fameuses «chemises marine»