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La crise est finie? Non, elle est sur le point d’exploser

économie

Lien publiée le 12 avril 2015

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://www.anti-k.org/2015/04/12/la-crise-est-finie-non-elle-est-sur-le-point-dexploser-par-claudio-conti/

11.04.15 – Alors que beaucoup continuent à nous raconter l’histoire de la croissance qui est sur le point de commencer, il suffit de faire encore « un petit sacrifice » – Renzi en Italie, Christine Lagarde pour le FMI – il y a qui se prépare à la prochaine tempête de dimensions mondiales.

 par Claudio Conti

Ils ne sont pas en train d’en parler dans un quelconque « think tank » sans responsabilités opérationnelles, mais au sommet des grandes banques d’investissement du monde. Des structures multinationales par définition, avec des terminaux dans tous les coins du globe et les analystes affectés dans chaque domaine significatif des affaires.

Celui qui a brisé la glace c’est Jamie Dimon, il y a deux jours. Son métier c’est PDG chez JP Morgan, le requin de la finance second seulement à Goldman Sachs, et en tant que tel il a envoyé à ses associés une lettre l’information dans laquelle il peint un tableau pas rose du tout.

La thèse est simple: une nouvelle crise est sur le point de s’abattre sur les marchés financiers. Aucun verbe au conditionnel. La seule incertitude est quand elle va exploser, et à quel moment.Ce sont des questions centrales pour quelqu’un qui déplace tous les jours de l’argent d’une partie à l’autre du globe – il ne doit pas se faire surprendre à la mauvaise heure et au mauvais endroit – mais beaucoup moins urgentes pour nous qui n’avons pas un sou.

A nous il intéresse surtout de savoir qu’une autre crise financière, plus grande que celle de 2007-08, et avec des effets nettement plus dévastateurs, est en train de se « charger » dans les entrailles du système international. Et personne ne sait comment la garder sous contrôle.

Dimon va jusqu’à mettre trois pages de son rapport (un peu moins de 10% du texte intégral) pour dessiner des scénarios plausibles, pour permettre à ses associés de prendre des décisions rationnelles, rapides, conservatives. Deux choses semblent certaines, cependant; une phase caractérisée par « les marchés plus volatils »et « un amortissement rapide des évaluations. » Tempête et grande vitesse dans l’accumulation de pertes, si on fait de fausses manœuvres.

Fondamentalement Dimon est seulement le plus «opérationnel» parmi les Cassandres qui sont en train de voir augmenter les signes de tempête. L’année dernière, un rapport de l’économiste britannique George Magnus, analyste à la banque suisse UBS et l’un des rares à avoir prévu l’explosion de la bulle des subprimes, a averti que le calme actuel sur les marchés est le classique « calme avant la tempête. » Tout comme celui qui a précédé 2008.
Idem a fait, peu de temps après, le Français Jacques Attali, sur l’hebdomadaire L’Express, précédant le déclenchement d’une crise financière avec des conséquences très dures notamment en Europe.

Etant donné qu’il y aura à danser, le raisonnement de Dimon et des autres prophètes de malheur passe en examen ceux qui perdront en premier – ou avec des coûts plus élevés – la mise.
Pour rassurer les actionnaires, Dimon a dit que la capacité à absorber les chocs éventuels des banques a été très limité par les nouvelles règles sur capitaux et liquidités. Au fond elles ont été secourues par les gouvernements, elles ont des bilans partiellement nettoyés, elles ont déchargé la plupart de la charge aux banques centrales (avant à la Réserve fédérale, maintenant aussi à la BCE). Donc, ça sera pas les banques qui seront submergées les premières, ni à donner un coup de pouce pour nettoyer le système.

Les hedge funds et les grands gestionnaires de fonds seront plutôt obligés d’intervenir et acheter des actifs financiers peu probables, bien sûr avec les gouvernements nationaux. Un schéma seulement partiellement innovateur, et même déjà prouvé, qui à la fin va décharger la majeure partie des coûts directement sur les épargnants (une fois comme adhérents aux fonds d’investissement, une fois comme contribuables des États nationaux (inévitablement forcés d’augmenter les impôts pour joindre les deux bouts du budget) et une autre encore comme travailleurs salariés qui perdront leur emploi.
La cabale des prévisionnistes indique, cependant, aussi l’année de l’explosion: 2015.

Attali, par exemple, rapporte qu’au cours des trente dernières années, les crises financières graves ont été répétées tous les sept ans: 1987 (le Dow Jones a perdu 22,6% en une seule journée); 1994 (crise de devises émergentes); 2001 (éclatement de la bulle dot.com); 2008 (bulle des subprimes aux États-Unis). Le problème est que nous ne sommes pas encore sortis de cette dernière et déjà est en train d’en arriver une autre. Il n’y a pas eu en somme la possibilité de mettre en place les différents systèmes et sous-systèmes brisés par la crise de 2008. Pour dire, depuis lors l’Italie a perdu plus de 12% du PIB, la Grèce près de 30, et même l’Allemagne n’a pas vraiment récupéré l’écart avec la situation en 2007.

Le véritable élément qui inquiète les « professionnels des marchés » sont exactement ceux qui ont prétendu haut et fort depuis sept ans à ce jour : la « drogue liquide » émise avec une générosité absolue par les grandes banques centrales (Réserve fédérale en tête). Un océan d’argent que continue à jaillir de nombreuses sources (BCE et Banque du Japon, en ce moment) sans trouver nulle part de réelles opportunités de valorisation. Autrement dit de profit.

Cet océan d’argent n’a eu presque aucun effet sur l’ « économie réelle », sur la production ou les services; si ce n’est celui, mineur, de contenir l’effondrement de plusieurs secteurs. Mais surtout, cet océan de liquidité s’est re-versé sur les bourses et les « marchés parallèles », ceux où voyagent des produits « dérivés » au contenu (ou « sous-jacent ») non traçable, ou bien sur les prix d’achat d’actions du marché boursier. En bref: ces cours des actions, aujourd’hui, sont gonflés par la drogue et ne correspondent pas du tout – bien au contraire! – aux conditions de rentabilité des entreprises dont ils portent le nom.

Ce phénomène a un nom: la bulle. Chaque actif financier est surévalué, il coûte trop cher par rapport à sa valeur (déjà incertaine). Par conséquent il est facile de prédire, pour quelqu’un comme Dimon, une forte détonation et rapide dès que la « bulle » rencontrera – comme il arrive toujours – son épingle fatale. C’est-à-dire l’occasion, y compris mineure et impensable (comme pour les prêts hypothécaires à risque aux États-Unis), qui fait éclater la chaîne de Saint Antoine des titres financiers. Avec tout le monde qui court vendre et personne qui s’arrête pour acheter. Nous recommandons toujours de jeter un oeil au film Margin call pour se faire une idée « depuis l’intérieur » de l’éclatement de la bulle.

Et la prévision de l’Europe comme épicentre de l’explosion semble tout à fait crédible. En fin de compte, c’est ici que la BCE commence à injecter des liquidités – en soutenant les valeurs en bourse – juste au moment où la Réserve fédérale américaine envisage le « retour à la normale », en augmentant les taux d’intérêt. Même la reine querelleuse des réunions du FMI, Christine Lagarde, a dû admettre que c’est en Europe elle-même qu’il y a le risque le plus élevé à cause, aussi, de « prêts en stagnation pour 900 milliards d’euros, qui bloquent les canaux du crédit dans la zone euro ». Un montant égal à 60% du PIB italien, pas un pétard.

Il y a donc qui ose même prédire le secteur qui va exploser en premier :

Selon de nombreux experts, parmi les derniers Lagarde, il partira du marché obligataire : il a dépassé 100 000 milliards de dollars (ils étaient 70.000 milliards en 2007). Un marché aux dimensions colossales, 50 fois la dette publique italienne, qui est en train de permettre aux grandes sociétés américaines de décharger sa dette en Europe, où le coût d’emprunt de l’argent est inférieur. La prochaine bulle à éclater sera celle de l’obligation.

Les obligations d’État, c’est-à-dire la dette publique, à savoir le canal d’échange entre capital multinational financier privé et possibilité de refinancement de la dette publique des Etats. Cela fait presque rire si l’on pense à la gravité avec laquelle, par exemple, Schaeuble et Merkel continuent à fouetter la Grèce pendant que sous leurs fauteuils augustes est chargée une bombe nucléaire de 100.000 milliards…

http://contropiano.org/economia/item/30163-la-crisi-e-finita-no-sta-per-esplodere