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Une lycéenne orléanaise dénonce un harcèlement lié à sa jupe longue
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Elle ponctue ses phrases de larmes ; elle ne parvient que difficilement à maîtriser ses sanglots. Ikram, lycéenne à Paul-Gauguin à La Source, en terminale gestion et administration, n'en peut plus. « Tous les soirs, lorsque je rentre chez moi, je pleure. »
Presque neuf mois que son calvaire dure, affirme-t-elle. « Je suis victime de discrimination et de harcèlement. Certains professeurs me parlent de ma tenue, de ma jupe longue. Tous les jours, on me dit que ce n'est pas une tenue appropriée. Mais dans le carnet, nulle part, il est écrit que l'on ne peut pas porter une jupe longue au lycée. Jamais, je n'ai le voile à l'intérieur de l'établissement. »
Interdite de coursLe matin, elle le retire devant le portail. « On voit mes cheveux, je porte des boucles d'oreilles. Et ma jupe, n'est pas un signe religieux », insiste-t-elle. La direction de l'établissement n'en serait pas convaincue. « Toutes les semaines. Je demande pourquoi on me convoque. On me dit que c'est parce que je suis trop couverte. »
Alors, elle prend sur elle. « Je ne veux par craquer au lycée pour éviter que l'on dise que je suis folle, pour éviter de passer pour une victime. » Pourtant, les phrases, les questions la blessent. « On m'a demandé si je voulais aller faire le jihad. On m'a dit, aussi, que ma longue jupe pouvait servir à passer la serpillière. »
Pas un jour sans une remarque. Épuisant. « Pourtant, jamais je ne parle de religion au lycée. Et si je porte le voile, c'est par conviction. Il n'existe aucune pression familiale. D'ailleurs, mes grandes soeurs n'en portent pas. » Elle souffre de « cet acharnement ».
Elle ne sait pas où tout cela va la mener. « J'ai déjà été interdite de cours par une professeure. Au bout d'une semaine, j'ai pu revenir à condition que je m'excuse. Mais que je m'excuse de quoi ? », s'agace-t-elle.
Alors, éreintée par la situation, elle ne fréquente qu'épisodiquement le lycée. « J'ai déjà plus de 200 heures d'absence depuis le début de l'année. J'arrive exprès en retard pour aller en permanence et éviter de voir ma professeure. Lorsque j'essaie de parler de mes absences avec des profs, il n'y a pas de dialogue possible. » « Pour la soutenir, nous avons essayé de discuter avec des profs, de leur dire qu'il y avait de l'acharnement par rapport à cette jupe longue. Ils nous disent que ce ne sont pas nos affaires, raconte une amie. Des élèves ont même déjà été exclus avec elle. Nous soutenons Ikram, notamment, en lui faisant suivre les cours qu'elle manque. »
Elle a contacté le collectif « Stop aux discriminations »Il n'empêche que son horizon scolaire s'est assombri à quelques semaines du baccalauréat. « Avec ce que je traverse, je ne pense même pas à mes examens. Mon année est en l'air. »
La jeune fille de 18 ans n'entend plus subir la situation. Elle s'est tournée vers le nouveau collectif « Stop aux discriminations » pour raconter sa douleur. Ce matin, elle devait se rendre au commissariat de La Source pour y déposer plainte. Les motifs : discrimination et harcèlement moral. « Et ce ne sera pas une plainte contre X mais contre deux personnes du lycée », avertit Ali Jafrani, le responsable du collectif.
Pour donner du crédit à son dossier, Ikram a recueilli le récit d'une dizaine d'amis de sa classe. « Ils ont fait une photocopie de leur carte d'identité pour accompagner chaque témoignage. » Elle le certifie. « Je n'ai plus rien à perdre, j'ai décidé de parler. On verra si je me fais exclure du lycée. »
Nicolas Da Cunha
nicolas.dacunha@centrefrance.com