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En Libye, l’Etat islamique s’empare d’un aéroport

international Libye

Lien publiée le 30 mai 2015

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

(Le Monde) Grâce à cette percée à Syrte, les djihadistes consolident leur présence dans un pays plongé dans le chaos

La percée de l'Etat islamique (EI) redistribue les cartes stratégiques dans cette région centrale du littoral de la Libye. En enlevant jeudi 28  mai l'aéroport de Syrte, cité côtière qui ouvre sur le " Croissant pétrolier ", l'EI consolide de manière spectaculaire sa présence dans une Libye plongée plus que jamais dans le chaos. L'organisation djihadiste ne cesse d'élargir ses bases en mettant à profit l'affrontement militaire qui oppose depuis l'été 2014 les deux gouvernements rivaux de Tripoli et de Beida-Tobrouk.

L'accélération des événements cette semaine autour de Syrte, l'ancien fief du colonel Mouammar Kadhafi, marque un revers cinglant pour les brigades de Misrata – située à 250  km à l'ouest – qui assiégeaient la ville. Les forces de Misrata sont affiliées au camp Aube de la Libye, basé à Tripoli, une coalition politico-militaire rassemblant des forces islamistes (Frères musulmans, salafistes) et des groupes plutôt laïques réunis autour de l'héritage de la révolution anti-kadhafiste de 2011.

En début d'année, l'EI avait profité de l'éclatement territorial des brigades de Misrata combattant les forces du gouvernement de Beida-Tobrouk (opération " Dignité "), reconnu par la communauté internationale, pour s'infiltrer au cœur de Syrte. Les -combattants djihadistes avaient pris possession du centre de conférences Ouagadougou, un haut-lieu de la diplomatie africaine de Kadhafi, de l'université et de -l'hôpital. A la mi-février, l'EI y mettait en scène de manière macabre la décapitation de 21 Egyptiens coptes.

Efforts de paix

A l'orée de la ville, les milices de Misrata, en particulier sa fameuse brigade 166, menaient toutefois un combat soutenu pour endiguer la progression de l'Etat islamique. Ce siège de Syrte par les Misratis avait reconfiguré les équilibres militaires dans cette région stratégique où se concentrent les principaux terminaux pétroliers du pays (Sidra, Ras-Lanouf, Brega). Afin de préserver ses forces contre l'EI, les brigades de Misrata avaient dû conclure un accord de cessez-le-feu à l'Est avec les forces fédéralistes du" Croissant pétrolier "alliées au camp de Beida-Tobrouk. Plus à l'Ouest, elles avaient également pactisé avec la tribu des Warshefana, jadis kadhafiste et affiliée aujourd'hui à Beida-Tobrouk.

Vendredi, un officiel de Misrata, cité par le quotidien Libya Herald, imputait le revers militaire de Syrte à l'absence de soutien des forces d'Aube de la Libye à Tripoli. Les renforts annoncés ne seraient pas arrivés à temps. Les tensions politiques entre Misrata et les autorités de Tripoli se sont durcies ces dernières semaines. Epuisés par près d'un an de guerre avec le camp de Beida-Tobrouk et ses alliés locaux, les Misratis sont tentés par le dialogue.

Fracture avec Tripoli

Les plus modérés d'entre eux ne sont pas insensibles aux efforts de paix déployés par l'envoyé spécial des Nations unies pour la -Libye, Bernardino Leon, qui tente laborieusement de réconcilier les deux camps rivaux autour d'un gouvernement d'union nationale. A Misrata, l'idée de conclure un cessez-le-feu avec Beida-Tobrouk pour concentrer ses forces contre l'EI à Syrte commençait à rallier le soutien d'une partie de la population. Or cette tentation suscitait une farouche hostilité parmi les factions les plus -islamistes de Tripoli, et cette facture pourrait expliquer la mollesse de soutiens réclamés par Misrata à Syrte.

Frédéric Bobin

LE CONTEXTE

un pays déchiré

Depuis l'été 2014, la Libye post-Kadhafi est le théâtre d'une querelle de légitimité entre deux Parlements rivaux qui a viré en affrontement militaire. D'un côté, le Parlement élu en juin s'est installé à Tobrouk. Il a formé un gouvernement basé dans la ville voisine de Baïda et est soutenu par des libéraux, des anti-islamistes et des ex-kadhafistes. De l'autre, le Congrès général national (CGN), dont le mandat est censé avoir expiré. Basé à Tripoli, le CGN est dominé par les islamistes, même si les brigades de Misrata, qui sont sa principale composante militaire, sont plutôt laïques. L'irruption ces derniers mois de l'Etat islamique marque l'émergence d'une troisième force.