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Un prisonnier américain libéré après 43 ans à l’isolement
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
(Figaro) Après plus de 40 ans dans une cellule exiguë du pénitencier de Louisiane, Albert Woodfox, âgé de 68 ans, sera libéré dans les prochains jours.
C'est la fin d'un long long calvaire. Un juge fédéral américain a décidé lundi la libération immédiate et inconditionnelle d'Albert Woodfox. Ce détenu américain, aujourd'hui âgé de 68 ans, a passé plus de quatre décennies à l'isolement dans le pénitencier de l'État de Louisiane pour la mort d'un gardien de la prison au début des années 70. Un crime qu'il a toujours nié avoir commis. Amnesty International, qui militait pour sa libération, a salué mardi «un pas important vers la fin de l'injustice et de la cruauté» qu'à enduré ce prisonnier, qui détient là un record de longévité de détention dans de telles conditions.
Durant près des deux tiers de sa vie, Albert Woodfox a vécu confiné dans une cellule de six mètres carrés. Il était autorisé à prendre l'air seulement trois heures par semaine, à raison d'une heure par sortie, mais uniquement dans une cage grillagée d'1m80 de haut sur 4,5 mètres de large, selon Amnesty International. Les quatres autres jours de la semaine, cette heure de «liberté» était utilisée pour se doucher, ou se promener dans le couloir de sa cellule. L'accès à la presse ou à la télévision lui était limité, et il n'a jamais été autorisé à travailler ou à étudier dans sa cellule. Son seul accès au monde extérieur résidait dans les visites d'amis et de famille au parloir, et à des coups de téléphones en nombre limités. S'il a quitté le pénitencier d'Angola en 2009 et 2010 pour rejoindre d'autres centres fermés, ses conditions de détention n'ont jamais évolué.
Les «trois d'Angola», anciens membre des Black Panthers
Albert Woodfox avait été condamné à la fin des années 60 avec Herman Wallace pour des affaires distinctes de vols avec violence. Tous les deux avaient été incarcérés dans ce pénitencier de l'État de Louisiane. Surnommé «prison d'Angola», ce centre avait mauvaise réputation: violences, meurtres et viols impliquant aussi bien les codétenus que les gardiens, étaient monnaie courante. Herman Wallace et Albert Woodfox ont fondé en prison une section des Black Panthers, organisation radicale qui militait à cette époque pour les droits des afro-américains. Ils réclamaient de meilleures conditions de vie pour les prisonniers en organisant des grèves de la faim et en faisant circuler des pétitions.
En avril 1972, un gardien blanc, Brent Miller, a été poignardé à mort dans le pénitencier lors d'une révolte de prisonniers. Herman Wallace et Albert Woodfox ont été reconnus coupables de ce meurtre et condamnés à perpétuité. Ils ont toujours clamé leur innocence. Selon Amnesty International, «aucune preuve matérielle ne les reliait au crime, et leur culpabilité présumée reposait essentiellement sur la déclaration douteuse d'un seul témoin».
Durant des années, les deux détenus ont poursuivit les autorités de Louisiane pour violation du huitième amendement de la Constitution américaine, qui interdit les «punitions cruelles et inhabituelles». Ils ont été rejoints dans leur combat par Robert King, qui a lui passé 29 ans dans une autre cellule d'isolement du pénitencier d'Angola. Leur histoire a donné naissance à un documentaire en 2010, In the land of the free....
Robert King a été libéré en 2001, après avoir passé 29 années à l'isolement. En 2013, un juge fédéral a annulé la condamnation d'Herman Wallace. Ce dernier est mort d'un cancer du foie quelques jours après sa libération. Quant à Albert Woodfox, dont la libération a été décidée à plusieurs reprises mais à chaque fois annulée par l'Etat, devrait être libéré dans quelques jours. Dans sa décision, le juge fédéral James Brady a mis en avant cinq «circonstances exceptionnelles», dont son âge et son mauvais état de santé.