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Percée de l’extrême droite au Parlement danois

Danemark international

Lien publiée le 19 juin 2015

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

(Le Monde) Avec 21 % des voix, le Parti du peuple danois arrive deuxième aux législatives. Il pourrait soutenir une coalition de droite

L'extrême droite danoise a réalisé un score historique, jeudi 18  juin, en remportant 21,1  % des voix lors des élections législatives. Le Parti du peuple danois (DF), qui améliore considérablement son score de 8,8  points par rapport aux élections de 2011, devient le premier parti du Bloc bleu, comme les Danois appellent l'ensemble des partis de droite, devançant le Parti libéral (19,5  %, – 7,2  points) de Lars Lokke Rasmussen, prétendant au poste de premier ministre face à la sortante sociale-démocrate, Helle Thorning-Schmidt (26,3  %, + 1,5  point).

" Cette élection est un choc, analyse le politologue Ove K. Pedersen. Elle marque la fin du système politique classique au Danemark et l'avènement d'un système à trois partis. " Dans cette monarchie parlementaire qu'est le Danemark, où le chef du gouvernement exerce la plus haute responsabilité politique, Helle Thorning-Schmidt, à la tête d'une coalition de centre gauche depuis 2011, avait personnalisé le scrutin en expliquant que l'élection revenait à savoir qui les Danois voulaient avoir pour premier ministre.

Les sociaux-démocrates, qui restent le premier parti du pays, ont limité la casse en progressant légèrement par rapport à 2011, mais ses alliés sont en chute libre, et la coalition de gauche – Bloc rouge – passe derrière le Bloc bleu. Helle Thorning-Schmidt a annoncé qu'elle démissionnait de la tête du gouvernement et du parti.

" Enorme faute "

Pendant la campagne, elle avait durci son discours sur l'immigration en promettant une politique d'asile plus stricte pour enrayer l'hémorragie des voix sociales-démocrates au profit de DF. Comme souvent dans ce cas, les électeurs ont préféré l'original. " Les sociaux-démocrates, les conservateurs et les libéraux ont copié DF et lui ont offert la légitimité. Ils vont maintenant aussi lui fournir des voitures de ministre. C'est une énorme faute ", a critiqué Zenia Stampe, une députée du Parti social-libéral (radicaux de gauche). Aux élections européennes de mai  2014, le parti d'extrême droite était arrivé en tête, avec 26,6  % des voix, mais il est cette fois en mesure de peser comme jamais sur la formation du prochain gouvernement.

Avec un seul siège d'avance face au Bloc rouge, le Bloc bleu (90 contre 89) a remporté les élections, et l'alternance politique s'annonce, même si elle sera difficile. Lars Lokke Rasmussen, affaibli personnellement par des scandales pour avoir utilisé des fonds de son parti pour ses dépenses privées, sera obligé de s'allier à l'extrême droite pour gouverner. Sans la forte progression de DF, le Bloc bleu serait resté dans l'opposition. Désormais, deux questions se posent : DF va-t-il entrer au gouvernement et, quelle que soit la réponse, à quel prix va-t-il monnayer son soutien ?

Flou

Kristian Thulesen Dahl, le très populaire leader de DF et grand vainqueur de l'élection, reste vague. " Nous serons là où l'influence politique est la plus grande, et ce n'est pas automatiquement au sein du gouvernement ", a-t-il rappelé jeudi soir. Entre 2001 et 2011, DF a soutenu au Parlement un gouvernement minoritaire libéral-conservateur en échange d'un durcissement régulier de la politique migratoire, avec un succès d'autant plus large que cette politique est aujourd'hui défendue même par les sociaux-démocrates. DF va réclamer un rétablissement du contrôle aux frontières et dans les comtés limitrophes de l'Allemagne, dans le sud du Jutland, où DF arrive d'ailleurs largement en tête.

Par ailleurs, M.  Rasmussen s'était engagé à tenir au plus tard en mars  2016 un référendum pour lever la dérogation danoise en matière de coopération européenne sur la justice et les affaires intérieures, par crainte que le Danemark se retrouve isolé dans la lutte contre la criminalité et le terrorisme. Il va se heurter à DF, qui veut conserver cette dérogation. Les points d'achoppement ne manquent pas non plus dans le domaine de la politique économique, où les libéraux souhaitent geler la croissance des services publics, tandis que l'extrême droite souhaite au contraire les développer.