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    Référendum Grèce: article de la Tribune (Romaric Godin)

    Grèce international

    Lien publiée le 27 juin 2015

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    Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

    http://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/grece-alexis-tsipras-convoque-un-referendum-le-5-juillet-487666.html

    Alexis Tsipras a donc finalement tranché dans le vif. A une heure du matin ce samedi 27 juin, dans une déclaration télévisée, le premier ministre grec a annoncé qu'il convoquait les électeurs helléniques à se prononcer par référendum le 5 juillet prochain sur les dernières propositions des créanciers. Ce samedi, le parlement grec, la Vouli, sera convoquée pour donner son feu vert à la procédure.

    Alexis Tsipras et Syriza pour le non

    Alexis Tsipras n'a pas caché qu'il considérait que les propositions des créanciers étaient pour lui inacceptables. Il avait refusé vendredi soir ce qu'Angela Merkel appelait "une offre généreuse." « Les créanciers ont semblé vouloir chercher à humilier l'ensemble du peuple grec », a-t-il affirmé. Il a fustigé le « chantage » de ce qu'il a considéré comme un ultimatum des créanciers. Il n'a pas réellement dissimulé que ces propositions n'avaient pas son soutien puisqu'elle « violent les droits fondamentaux de l'Europe. » Un peu plus tard, sept ministres du gouvernement ont annoncé qu'ils appelaient à voter « non. » Syriza va donc sans doute faire campagne pour le rejet des propositions

    Des négociations interminables et une humiliation de trop

    Pourquoi un référendum maintenant ? Certes, les négociations n'étaient pas terminées. L'Eurogroupe de ce samedi était considéré comme une énième « réunion de la dernière chance » et les positions semblaient encore pouvoir se rapprocher. Mais en réalité, Alexis Tsipras ne reconnaissait plus son programme dans ces propositions et les discussions interminables sur les détails ne devaient pas dissimuler que les créanciers avaient réussi à imposer une logique que les électeurs grecs avaient, en janvier, rejetée. Le refus de la proposition grecque du 22 juin, pourtant très avancée déjà, par le FMI, a sans doute été perçue par le premier ministre grec comme l'humiliation de trop. La réception par la Commission européenne de l'opposition grecque mercredi 24 juin lui a confirmé le caractère politique des buts des créanciers. Ces derniers ont cherché à imposer à Alexis Tsipras l'inacceptable, soit pour le faire tomber, soit pour le discréditer aux yeux du peuple grec.

    Non ?

    Le référendum est une réponse à cette tentative des créanciers. Alexis Tsipras a fait la preuve que la lutte contre l'austérité était une tâche impossible dans la zone euro pour un pays comme la Grèce. Son programme de janvier est donc désormais caduc. C'est maintenant au peuple de décider s'il veut accepter les conditions de maintien dans la zone euro posées par les créanciers. Le ministre de l'Energie, Panagiotis Lafazanis, leader de la gauche de Syriza, a indiqué qu'il appellerait à voter non et que ce « non » n'était pas un « non à l'euro. » Certes, mais si les créanciers continuent à ignorer son mandat populaire, un non donnera à Alexis Tsipras la capacité d'en tirer les conséquences. S'il n'obtient pas de meilleures conditions après ce non, alors il disposera du mandat populaire pour préparer un Grexit. Ce que cherche donc le gouvernement grec, c'est une nouvelle force dans les négociations. Officiellement toujours pour imposer son programme.

    Oui ?

    Mais si les Grecs acceptent les conditions des créanciers ? Alexis Tsipras a annoncé qu'il « respectera ce choix et le fera respecter. » Restera-t-il alors chef du gouvernement ? Sans doute. Quand bien même il démissionnerait, il y a fort à parier que les urnes le renvoient à Maximou, le Matignon grec. Il engagera alors une politique contraire à son programme, mais que le peuple grec lui aura demandé d'exécuter. Ceci lui permettra de rompre avec son aile gauche, mais aussi d'insister sur ce que son gouvernement a arraché aux créanciers au cours de ces cinq mois, notamment le rétablissement des discussions collectives et la préservation des retraites (à l'exception des cotisations santé). Sera-ce tenable ? Seul l'avenir le dira et peut-être devra-t-il alors changer de coalition comme le souhaitent Bruxelles et les créanciers. Mais du moins, ce sera un choix du peuple grec, non le fruit d'une pression des créanciers. En cas de oui, Alexis Tsipras peut aussi refuser de continuer à gouverner et se retirer en se gardant "en réserve." Dans ce cas, le jeu politique grec sera rebattu. Il sera intéressant de voir ce qu'en dit le premier ministre cette semaine.

    Problèmes avec les créanciers et la BCE

    Cette campagne ne va pas aller sans poser de problèmes majeurs. D'abord, il semble désormais inévitable que la Grèce fera mardi 30 juin défaut sur le FMI. Que fera alors la BCE ? Le conseil des gouverneurs décidera dimanche de la poursuite ou non du programme d'accès à la liquidité d'urgence. Si elle durcit les conditions de ce programme ou si elle le coupe, la campagne référendaire risque de se produire dans une atmosphère de panique. La Grèce va aussi demander, a précisé Alexis Tsipras, une courte prolongation du programme afin de permettre aux électeurs de choisir. En cas de oui, le programme sera prolongé de cinq mois comme le proposent les créanciers. Les Européens ont donc les moyens de perturber cette courte campagne, voire de la rendre caduque en refusant de prolonger l'aide. Dans ce cas, il faudra négocier à partir de rien un nouveau programme et la question du référendum du 5 juillet n'aura aucun sens. L'Eurogroupe de ce samedi devra prendre cette décision. Sa réunion n'est donc pas sans importance.

    Reprendre la main

    Reste qu'en décidant de laisser in fine choisir les Grecs eux-mêmes, Alexis Tsipras a introduit un élément démocratique nouveau dans l'histoire de la crise grecque. Les créanciers doivent faire face à un adversaire qui utilise la démocratie comme une arme. Dans son discours, il a précisé que la "Grèce, berceau de la démocratie, enverra une réponse démocratique tonitruante à l'Europe et au monde." Et d'ajouter : "à l'autoritarisme et à l'austérité sévère nous répondrons avec la démocratie, calmement et avec détermination."

    C'est un changement de paradigme majeur, à condition que la volonté des Grecs soit en effet réellement respectée. Ne pas respecter ce choix serait inconscient pour les Européens et contraire à leurs principes. Indiscutablement, si ce référendum montre qu'il n'a pas pu arracher assez de concessions aux créanciers, il montre aussi qu'Alexis Tsipras a désormais repris la main dans son bras de fer avec eux. On comprend que ces derniers doivent désormais être furieux.