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    “Encerclés par l’Etat islamique”

    international Irak Syrie Turquie

    Lien publiée le 22 juillet 2015

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    Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

    http://television.telerama.fr/television/encercles-par-l-etat-islamique-plongee-effarante-au-coeur-de-la-ligne-de-front,122681.php
    Irak, décembre 2014. Le réalisateur Xavier Muntz s’immerge aux côtés des combattants kurdes dans les montagnes du Sinjar, cernées par Daech. Il commente ici quatre extraits de son précieux documentaire, diffusé ce mardi sur Arte.

    A l’été 2014, les djihadistes de Daech encerclent le mont Sinjar, à l’ouest de Mossoul, la deuxième ville d’Irak. Une zone où cohabitent des dizaines de milliers de civils – Kurdes yézidis, musulmans et chrétiens – et combattants, bien décidés à enrayer l’expansion terroriste. Des mois durant, réfugiés dans les montagnes qui surplombent la ville de Sinjar, désormais aux mains de Daech, population et résistants kurdes se préparent à l’assaut final. Il sera donné en décembre dernier.

    A quelques jours de l’offensive et de la levée du siège, le grand reporter Xavier Muntz a passé trois semaines aux côtés des Kurdes. Effarante plongée au cœur de la ligne de front, son reportage permet de mesurer l’indigence de l’armement des combattants anti-islamiques, le peu d’aide logistique dont ils disposent de la part des Occidentaux.

    Jamais entaché de la moindre fascination pour la guerre, fort de la bonne distance, son film capte, au plus près, la violence de l’engagement, la pénible reconquête, maison après maison des positions djihadistes, la place des femmes au sein des unités combattantes. Fort du temps passé avec eux, il capte aussi, en de splendides saynètes pleines de couleurs et de rires, leur espoir inaliénable d’en finir avec l'Etat islamique, son califat autoproclamé et son projet totalitaire.

    Pour Télérama, Xavier Muntz a accepté de commenter quatre séquences de son exceptionnel reportage.

    1 - Pris au piège

    « L’atterrissage en hélicoptère est un moment de grande tension, de chaos. L’équipement et la nourriture doivent être déchargés alors que les réfugiés, au sol, se disputent les places dans l’hélico pour s’enfuir et échapper au siège. Deux appareils se sont crashés à cause de la surcharge. En plus, le jour où j’ai débarqué, cela faisait sept jours qu’à cause des conditions météo déplorables, aucun hélico n’avait pu se poser, c’était la cohue. En fait, il a déposé les gens – dont moi – et a dû reprendre de l’altitude pour éviter l’incident. Un peu plus loin, ils ont balancé de haut les tentes, les sacs de riz, le reste des vivres.

    Cinq jours après mon arrivée, l’armée irakienne nous a informé que les hélicos ne se poseraient plus sur le Sinjar. Les journalistes d’Al-Jazeera et des confrères kurdes, ainsi que mon traducteur, ont plié bagage. J’étais le seul journaliste sur la montagne. Avec un souci : la langue. Je parle très mal kurde, les combattants mal l’anglais. Alors j’ai appris sur le tas. Tous les soirs, j’ai rempli des cahiers de vocabulaire kurde. »

    2 - “Je vais tuer l’école ?”

    « C’était tout à fait inattendu, le fruit d’un énorme hasard. J’étais en train de filmer les préparatif des combattants kurdes, juste avant qu’ils ne parviennent à briser le siège. Ils nettoyaient leur matériel sur le toit d’une caserne. Alors que je pianotais avec ma caméra pour réaliser un plan de coupe, qui nous montre l’objectif de l’assaut et sa proximité, j’ai vu ce combattant en train de discuter avec des enfants sur un toit en contrebas.

    Petit à petit, d’autres les ont rejoints. Je voulais absolument sonoriser cette séquence. J’ai posé la caméra, j’ai couru chercher un micro. Je voulais savoir ce qui se disait entre ces mômes qui jouaient avec des cartouchières au milieu de la poussière et l’homme en treillis.

    A ce stade, cela fait presque quatre mois qu’ils sont réfugiés sur le haut de la montagne. Depuis deux mois, les corridors qui permettaient de s’exfiltrer de cette nasse ont été fermés. Population et combattants sont assiégés sans aucune possibilité de fuite. Ils vivent avec cette crainte permanente que Daech pénètre dans la montagne. C’est l’hiver, leur crainte de mourir est omniprésente, ils ont froid et faim. Et pourtant, ils parlent de l’école. De ce que l’instruction leur permettra de devenir quand Daech sera parti. »

    3 - Repousser Daech

    « Si les Peshmergas du Kurdistan irakien disposent d’armements fournis par la coalition internationale, les autres – ceux de Turquie ou de Syrie – ne bénéficient d’aucun soutien international puisque l’Europe et les Etats-Unis considèrent toujours le PKK comme une organisation terroriste. Ils disposent principalement d’armes légères : des fusils d’assaut, des lance-roquettes. Quant aux fusils anti-tanks, ils les fabriquent eux-mêmes.

    Leur jonction sur le Sinjar, et donc le recours possible aux missiles Milan par exemple, a permis de rééquilibrer les choses face aux djihadistes de l’Etat islamique. Mais ce qui m’a frappé, c’est qu’ils semblent pallier ce déséquilibre d’arsenal par leur attachement profond à leur cause, à leur terre. Leur meilleure arme, c’est leur cœur, leur volonté, leur courage. Ils s’attaquent aux blindés de Daech avec des lance-roquettes et des kalachnikov ! C’est surprenant. »

    4 - Le rôle de la femme

    « Ce “cours” fait partie de la formation dispensée aux combattants du PKK. Dans ces régions, la société est très conservatrice. La place des femmes n’a rien à voir avec celle qu’elles occupent en Occident. Il n’est pas évident pour ces hommes de se battre à côté des femmes. Cela bouleverse leur système de pensée. Ces formations, ces cours de féminisme visent à leur expliquer qu’il y a d’autres modèles de société que celui dans lequel ils ont grandi. »