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Les militants d’Alternatiba pédalent pour le climat

écologie

Lien publiée le 4 août 2015

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

(Le Monde) Ce tour de France-là est loin d’être terminé. Dix jours après l’arrivée sur les Champs-Elysées, à Paris, de la 102e édition de la mythique épreuve cycliste, les militants d’Alternatiba devaient encore parcourir, eux, plus de 2 000 km, sur les 5 000 qui les mèneront à Paris, le 26 septembre. Partis de Bayonne le 5 juin, à vélo et tandem à trois et même quatre places, soutenus par quelque 120 groupes locaux, ils veulent alerter et mobiliser sur les problèmes liés au changement climatique.

Tous les jours – rares sont les journées de repos –, la douzaine de volontaires pédale, prépare et entretient le matériel, monte le stand qui diffuse tee-shirts et brochures, anime une réunion publique le soir, présente les objectifs du tour autour d’un mot d’ordre, « Changer le système, pas le climat », et discute encore et toujours avec ceux qui viennent les accueillir. Une étape le midi, une le soir, 187 au total. Puis dormir, un peu, se remettre des quelque 60 km effectués quotidiennement pour repartir.

Alternatifs, écologistes, anticapitalistes pour beaucoup, les militants d’Alternatiba font aussi preuve d’œcuménisme et usent de tous les moyens mis à leur disposition pour professer la nécessité de changements. Réunis un jour dans une salle prêtée par un pasteur, ils participeront un autre jour à l’apéritif dans un jardin partagé, puis animeront le débat dans un cinéma de quartier.

A chaque étape, les militants d'Alternatiba sont pris en charge par un comité d'accueil, pour le repas et une réunion débat sur les enjeux de la lutte contre le réchauffement climatique.

Surveillés (un peu) par la police, encadrés lors de leurs manifestations citadines quotidiennes – les « vélorutions », qui permettent à leurs soutiens de pédaler activement à leurs côtés dans les villes étapes –, les « alternatibistes » font aussi le tour des luttes contre les projets et chantiers jugés « inutiles ». Le 1er juillet, ils arrivaient à Roybon, dans l’Isère, où ils rencontraient les militants hostiles au projet de Center Parcs, et le 30 août, ils seront à Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) contre le projet d’aéroport.

« Elargir le rapport de forces »

Contrôlés par les gendarmes après une prise de parole antinucléaire devant la centrale alsacienne de Fessenheim (Bas-Rhin), les militants d’Alternatiba dénoncent l’« acharnement », tout en brandissant une lettre de la ministre de l’écologie. « Compte tenu de la qualité du programme d’action que vous projetez et de la mobilisation civile qui en découle, j’ai le plaisir de vous annoncer que le comité de labellisation que je préside a attribué le label COP21 à cet événement », leur a écrit, le 10 juillet, Ségolène Royal, en référence à la conférence de l’ONU sur le climat qui se tiendra à Paris en décembre.

« Je veux que le camp en face, les décideurs, les politiques, les entreprises, soit traversé par des contradictions, entre ceux qui ont intérêt à ce que rien ne change et ceux qui le désirent, explique Txetx Etcheverry, le syndicaliste basque à l’origine du projet Alternatiba, créé en 2013. Nous avons dix ans pour perdre ou gagner la bataille climatique, il nous faut donc élargir le rapport de forces, gagner des soutiens contre les grandes puissances, le pétrole, l’automobile, les banques. »

A Strasbourg, le 23 juillet, l’équipe emmenée par Txetx Etcheverry a profité de son jour de « repos » pour aller porter la parole aux quelque 15 000 scouts et jeunes réunis pour le rassemblement « You’re up ! ». Sur leurs « triplettes » et « quadruplette », au maniement délicat, ils ont rappelé leur engagement : « On avance, la transition arrive, on sait que c’est ça, la solution à la crise. »

Ecrasés sous le soleil estival, après avoir vu une partie de leur campement ravagé par les orages, les milliers de scouts et guides de France, renforcés de délégations venues d’une trentaine de pays, ont goûté le rythme. « Nous avons engagé notre mouvement dans l’optique de la conférence de Paris sur le climat, avance François Mandil, délégué national du mouvement.Pendant longtemps, nous étions sur une démarche d’éducation des jeunes par la nature, nous passons maintenant à l’éducation pour la nature. »

Les militants d'Alternatiba rencontrent des antinucléaires allemands dans la salle prêtée par le pasteur à Weisweill, le 22 juillet.

A chaque étape, les cyclistes d’Alternatiba s’adaptent à leur public local. Comme avec les antinucléaires allemands, qui se souviennent avec émotion de leurs manifestations au début des années 1970 contre les projets de centrale de l’autre côté du Rhin et contre Fessenheim en France. « Il faut que les jeunes s’occupent de leur futur, aujourd’hui ils doivent s’engager sur le climat », assène Frida Bieselin, 83 ans, venue préparer le pique-nique de la mi-journée, ce 22 juillet, dans le bourg allemand de Weisweil, à une quarantaine de kilomètres de Strasbourg, que doit rallier le peloton d’Alternatiba.

« Eclaireurs de la bataille du climat »

Six jours plus tard, c’était au tour de Carole Dieschbourg, ministre de l’environnement luxembourgeoise et présidente du Conseil environnement de l’Union européenne, en charge de la position européenne pour la COP21, de recevoir la troupe de militants, à Luxembourg. Comme son homologue française, la ministre les a félicités pour leur rôle d’« éclaireurs de la bataille du climat ».

Quelques crampes, ampoules et chutes plus tard, Txetx, le leader charismatique, Max le rappeur, Barth de Bayonne, Julie de Montrouge, qui pédale depuis le début du tour, Cécile, la benjamine, Lilloise de 20 ans ou encore Coline la Bordelaise, qui a rejoint l’équipée à Strasbourg, arriveront à Paris à la fin du mois de septembre. « On se couche tard, on se lève tôt, mais chaque jour, les accueils sont différents, cela nous donne l’énergie nécessaire pour avancer », témoigne Julie, qui redoute le « retour à la vie réelle ».

Alternatiba, imaginé au lendemain de l’échec des négociations climatiques à Copenhague, en 2009, a mûri. « Il n’est pas question de rééditer les mêmes erreurs, en laissant croire que tout dépend d’un accordambitieux”, explique Txetx Etcheverry. Il y a deux ans, un seul Alternatiba existait à Bayonne. Depuis, il s’en est créé partout, et de nombreuses forces nous soutiennent, comme la CGT, par exemple, qui nous a accueillis à Aix-en-Provence [Bouches-du-Rhône] ou à Saint-Gaudens [Haute-Garonne]. »

Les militants, soutenus par la Coalition Climat 21, préparent déjà l’après-conférence de Paris. Outre le rassemblement d’accueil dans la capitale, place de la République, les 26 et 27 septembre, ou le village des alternatives à Montreuil (Seine-Saint-Denis) les 5 et 6 décembre, ils participeront à toutes les manifestations de la COP21, « 100 % non violentes ».