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POI: coup de barre à droite ?

Lien publiée le 9 août 2015

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://www.anti-k.org/2015/08/06/poi-coup-de-barre-a-droite/

par Jean-Claude Tardieu –

La tendance trotskyste la plus droitière qui incarne la continuité de la stratégie de P. Lambert a pris le pouvoir au sein du POI. Et cela se reflète immédiatement dans le contenu du n°362 d’Informations ouvrières qui s’adresse à la petite bourgeoisie ou classes moyennes ainsi qu’à l’aristocratie ouvrière, et où est exclue l’immense majorité des travailleurs dont ses couches les plus défavorisées, ce qui a pour conséquence de tourner le dos résolument au combat politique et idéologique contre l’Etat qui cristalise toutes les contradictions du régime ou la crise du capitalisme

Apparemment depuis le début juillet les trois secrétaires nationaux du POI n’ont plus le droit de citer dans Informations ouvrières, c’est le principe démocratique du droit de tendance qui est ainsi bafoué, recourant aux mêmes méthodes que les staliniens, ce qui n’étonnera aucun ex-militant de l’OCI-PCI-PT dont je fais partie.

« Les éleveurs, eux, aspirent à des rémunérations dignes » une fin en soi pour tout démocrate petit-bourgeois qui ne concerne pas les quelque 10 millions de travailleurs pauvres auxquels il faut ajouter les 5 ou 6 millions de chômeurs et près de la moitié des 14 millions de retraités, une masse négligeable pour le POI, dont la dignité est incompatible avec le maintien du régime en place et exige l’instauration d’une République sociale, orientation politique qui est à l’opposé de celle du POI.

Ensuite « le refus des élus pousse leurs organisations traditionnelles à s’y opposer » à la contre-réforme territoriale, là encore une fin en soi, comprenez, pour ses nostalgiques d’un temps révolu on vivait si bien sous la Ve République avant toutes ces contre-réformes, on cormprendra dès lors pourquoi la politique du POI n’est pas axée contre l’Etat ou le régime qu’ils s’emploient à épargner, qu’ils craignent d’affronter en réalité, ce n’est pas leur objectif politique. Pour le camoufler ils vont s’en prendre au gouvernement

Dès lors il est normal qu’ils s’adressent à Hollande, Laurent, Mélenchon et les « frondeurs » et qu’ils leur fassent la leçon, autrement dit il faurdrait en attendre autre chose. Ainsi ils s’emploient à distiller des illusions criminelles dans les ennemis de la classe ouvrière, c’est une manière comme une autre de soutenir le régime sans en avoir l’air.

Hollande, le malheureux, il n’aurait pas toute sa tête, il « oublie les malheurs et les efforts du peuple grec« , entendez par là que son excellence devrait les prendre en compte, n’est-il pas toujours de gauche comme le PS pour le POI, tout se tient décidément.

Le POI donne un coup de barre à droite en recadrant sa ligne politique en direction de l’Union européenne qui « viole la démocratie« , sans blague, elle est depuis sa naissance l’expression de sa négation, tout comme la Ve République qui en revanche a totalement disparu des tablettes du POI, en dehors de ses méfaits d’hier passés en revue ici ou là à la manière d’un historien dans des articles à caractère descriptif et non argumentatif ou militant ou d’un commentateur de la presse bourgeoise, et qui n’ont aucune valeur d’analyse.

Vous n’y trouverez plus depuis le n°360 d’Informations ouvrières « qu’il n’y a aucun changement de politique à attendre dans le cadre des institutions de la Ve République et de l’Union européenne — auxquelles ont prêté allégeance tous les dirigeants de tous les partis institutionnels, de droite comme de gauche. » (IO n°352, éditorial de D. Gluckstein) ou encore, que « la défense des intérêts de la classe ouvrière et de la démocratie, (…) exige le démantèlement des institutions de la Ve République et de l’Union européenne, qui sont là pour garantir le système de la propriété privée des moyens de production » (IO n°352, page 8, Bulletin du comité départemental de Meurthe-et-Moselle du POI).

L’orientation politique impulsée par Glucsktein et son courant était déjà plus correcte, d’où notre retenu les mois précédents à la critiquer, à ceci près qu’elle ne se traduisait pas dans les fait, car elle aurait nécessité de réorienter les tâches politiques du POI en direction de la classe ouvrière au lieu de s’adresser à ses couches supérieures ou privilégiées, aux syndicalistes et aux élus, à une élite intellectuelle en somme.

Réorientation posant de nombreux problèmes au sein du POI, au point qu’elle soit impossible à réaliser dont Gluckstein et son courant porte la responsabilité pour la raison qui vient d’être évoquée, autrement dit il a été avec son courant victime de ses propres faiblesses, contradictions et errements, qui ont favorisé la résistance de ses adversaires au sein du POI, et si ceux-ci l’ont finalement emporté, c’est parce que leur orientation droitière faisait justement l’économie du combat politique, qui pour être mené sérieusement nécessitait que l’ensemble ou la majorité des militants du POI partagent la même conception de la société et les mêmes objectifs politiques, ce qui n’était manifestement pas le cas, la leur étant issue du réformisme bourgeois et non du marxisme.

Sur le plan économique cela ne vaut guère mieux ou c’est pire encore, normal puisque c’est ce qui conditionne la lutte des classes.

On nous dit que « l’euro n’est pas qu’une monnaie, mais aussi une politique économique d’austérité« , comme le franc sous Barre ou Mitterrand

C’est tout ce qu’on veut, sauf une stratégie politique dictée par l’oligarchie financière pour asservir et exploiter davantages les masses laborieuses

La chute ou la conclusion est à l’avenant

– « Militons pour la vitale rupture avec les institutions de l’Union européenne, source d’ennuis pour Hollande, Merkel et autres…« , comme si la rupture avec l’UE (et avec l’euro) pourrait suffire pour appliquer une politique conforme aux besoins des travailleurs, quelle illusion monstrueuse ! surtout dans le cadre de la Ve République dont il n’est nullement question ici.

– « Pour aider le peuple grec, les travailleurs d’Europe agissent dans leurs propres nations, contre leurs propres gouvernements » comme si le problème était le gouvernement et non le régime en place qu’incarnent les institutions de la Ve République, l’Etat. En Grèce, les travailleurs ne devraient-ils pas être comblés, ils ont élu une nouvelle majorité et les voilà flanqués d’un nouveau gouvernement, non ? Non, pas vraiment, ah ben ça alors comme c’est étrange, à croire que leur problème se situait ailleurs, pas de bol, ils avaient eux aussi des opportunistes comme dirigeants. Et vous croyez qu’au POI ils en tireraient un enseignement, pensez-vous, pas plus qu’au PCF :

PKK: Laurent (PCF) demande à Hollande d’agir – AFP 04.08

Après qu’il eut enterré vivant les Grecs… et que Laurent s’en soit félicité.

Informations ouvrières a consacré trois pages dont sa couverture aux agriculteurs, sept autres pages aux fonctionnaires (enseignants, hospitaliers, EDF), et à des élus, aucune aux dizaines de millions de travailleurs et leurs familles du secteurs privés, aucune au combat contre la guerre idéologique et psychologique que mènent les représentants du régime contre l’ensemble des travailleurs, aucune en défense du marxisme, aucune sur le socialisme, bref, en tant qu’ouvrier ou militant ouvrier pour le socialisme il ne nous concernait pas.

– « Il est vrai que jusqu’ici tous les marxistes estimaient, et des milliers de faits le confirment, que les petits patrons sont les plus dénués de scrupules, les pires exploiteurs des ouvriers salariés… » (Lénine : la révolution prolétarienne et le rénégat Kautsky)

Cela n’a pas changé depuis, ils sont même prêts à nous faire bouffer de la merde pour s’en sortir, chut !

Comme tout parti réformiste petit bourgeois, le POI se penche à propos des agriculteurs sur les méfaits qui accompagnent la concentration du capital ou de la production sans mentionner que ce processus fait partie de l’évolution du capitalisme et qu’il est impossible d’y échapper autrement qu’en le renversant. Tout au plus en régime capitaliste on peut lutter pour en atténuer les effets en attendant la prochaine offensive de la réaction sans jamais en voir le bout, tandis que votre condition continuera de se dégrader invariablement.

Autrement dit, cette orientation politique droitière ne consiste qu’à retarder les échéances auxquelles les travailleurs n’échapperont pas les uns après les autres un jour ou l’autre, au lieu de leur oter toute illusion en la matière en inscrivant leur combat dans une perspective révolutionnaire incluant la chute du régime ou la prise du pouvoir politique par les travailleurs de manière à résoudre définitivement leurs diffultés, objectif qui manifestement n’est pas celui du POI.

Il ne faut jamais oublier que le POI est censé construire le parti dont la classe ouvrière aura besoin pour prendre le pouvoir, et organiser les éléments les plus conscients parmi les travailleurs, ce qui ne semble pas vraiment être le cas à la lecture de cet éditorial rédigé par un transfuge du PCF, si je ne trompe pas.

Les trotskystes n’avaient déjà plus de tête depuis que Trotsky était mort, maintenant il semblerait que la gangrène menace ce qui reste du tronc sous les coups de butoir du néolibéralisme pour nier ou refuser de prendre en compte sa stratégie politique, qui en rapport avec la crise du capitalisme bouleverse tous les rapports sociaux établis jusqu’à menacer les fondements du capitalisme auxquels elle nous ramène ainsi que chaque mouvement sociaux, on doit ajouter la question de l’Etat qui est omniprésente du fait qu’il représente les intérêts des capitalismes, à notre époque ceux spécifiques de l’oligarchie financière.

On en veut pour preuve que c’est l’Etat qui met en oeuvre la politique de l’UE dictée par les besoins de l’oligarchie financière, que c’est l’Etat qui s’attaque aux droits sociaux des travailleurs, que c’est l’Etat qui prive les travailleurs de tout droit politique, que c’est l’Etat qui les réprime, les gouvernements qui se succèdent n’étant que les exécutants temporaires et serviles de cette politique réactionnaire.

Aider les travailleurs à prendre conscience du rôle de l’Etat pour les dresser contre, en particulier les fonctionnaires dont il est le patron ou l’employeur, pour l’abattre et le remplacer par un Etat ouvrier ou une République social ou socialiste, devrait être la priorité d’un parti ouvrier réellement indépendant de l’Etat et déterminer son orientation politique.

Le POI et avant lui le PT ont recruté des milliers de militants sur l’orientation politique actuelle opportuniste du POI, qui a conduit au succès que l’on sait, sans rire, dont ses militants et sympatisants se raccrochent désespérément ou se gargarisent. Peu importe quel que soit le courant du CCI (courant communiste internationaliste ou trotkyste du POI qu’ils soutiennent, partant du constat que les deux courants qui s’affrontent incarnent en réalité la même politique que leurs dirigeants ont mis en oeuvre ensemble au cours des décennies précédentes, en fait depuis 1945, les plus droitiers souhaitant l’amplifier jusqu’à la caricature en direction des syndicalistes dont dépendraient le sort de la classe ouvrière, du socialisme ou de la révolution socialiste mondiale, sans rire encore une fois, ils voudraient les enterrer qu’ils ne s’y prendraient pas autrement, tandis que l’autre courant (minoritaire) se débat dans des contradictions inextricables pour refuser d’admettre ou assumer ses erreurs du passé afin de revoir sa copie, l’un n’allant pas sans l’autre évidemment, il est logiquement réduit à l’impuissance ou à colporter des mots d’ordre stériles, autant dire qu’il n’y a rien à attendre de l’un comme de l’autre dans ces conditions.

On poursuivra une autre fois. Terminons en ajoutant qu’après avoir soutenu la thèse foireuse de l’imminence de la révolution pendant des décennies jusqu’au début des années 80, puis avoir admis 28 ans plus tard que les conditions objectives n’étaient pas remplies pour une révolution, tout en continuant de proclamer que tout était possible, à part le pire on se demande bien à quoi devaient s’attendre sérieusement les travailleurs, question que ces dirigeants ne se sont sans doute jamais posés, on comprend qu’à l’arrivée leurs militants ne sachent plus très bien où ils en sont ou se fassent berner une fois de plus par ces aventuriers.