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    Equateur: à la veille de la grève générale

    Equateur international

    Lien publiée le 12 août 2015

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    Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

    http://www.revolutionpermanente.fr/Equateur-A-la-veille-de-la-greve-generale

    Avec la capitulation de Tsipras face à la Troïka, les illusions suscitées en Europe par les gouvernements de gauche anti-austérité ont pris fin en quelques mois seulement et de manière précipitée. De l’autre côté de l’Atlantique, la perte des illusions vis-à-vis des gouvernements de gauche post-néolibéraux ne s’est produite qu’au terme d’un long processus qui a suivi les va-et-vient de la crise économique mondiale, et en particulier de la baisse du prix des matières premières. La crise de légitimité que traverse aujourd’hui le gouvernement de Rafael Correa en Équateur, contesté à la fois par sa gauche et par sa droite, est l’une des meilleures démonstrations des impasses de ce type de gouvernement, que certains, en France, ont voulu prendre pour exemple.

    Seb Scorza

    Non pas une, mais des oppositions

    Le 24 mai 2015, Rafael Correa annonçait deux nouveaux projets de loi. Une première loi devait changer la manière dont était calculé l’impôt sur les biens ayant bénéficié d’investissements publics. La deuxième loi, qui a été présentée par le Président d’une manière plus idéologique, portant le nom de Loi de Redistribution des Richesses, prévoyait l’augmentation des impôts sur la transmission de l’héritage, avec une base imposable de 35400 dollars. Ces deux projets sont arrivés à l’Assemblée Nationale, à majorité corréiste, avec l’étiquette de « projet urgent », c’est-à-dire qu’elles devaient être discutées, modifiées et adoptées dans les 30 jours. Le régime, arrivé au pouvoir en 2007, ne s’attendait pas à ce que la réponse à ces projets de loi révèle une crise de légitimité datant d’au moins un an et qui avait commencé à creuser un fossé entre le projet politique de Rafael Correa et sa base sociale dans les mouvements sociaux et dans les classes moyennes des grandes villes.

    Après l’annonce des deux projets de loi, des manifestations ont eu lieu à Quito, dans le Nord de la capitale, face au siège d’Alianza Pais, parti du gouvernement. Ces manifestations ont réussi à rassembler entre 10000 et 20000 participants en très peu de temps. Elles étaient appelées par une nébuleuse de la petite-bourgeoisie et des secteurs patronaux sur laquelle planait l’ombre de la droite néolibérale, avec un discours de défense de la famille et de rejet des impôts et d’un gouvernement qui transformerait l’Équateur en un autre Cuba ou Venezuela. Si les organisateurs des manifestations de la droite se revendiquaient « sans drapeaux », plusieurs figures de la droite ont commencé à se rendre à celles-ci. Les manifestations ont agi de fait comme un tremplin pour les figures politiques de l’opposition en vue des élections de 2017, par exemple pour le banquier Guillermo Lasso et les maires conservateurs de Quito, Mauricio Rodas, et de Guayaquil, Jaime Nebot, figure historique de la droite chrétienne.

    Mais ces manifestations n’étaient pas les premières formes de contestation du régime. Depuis septembre 2014, le Front Unique de Travailleurs (FUT), principal syndicat du pays, a appelé à plusieurs journées de mobilisation contre les réformes antisociales du gouvernement. C’est le cas de la réforme du Code du Travail, du Décret 16 qui envisage de mettre au pas les organisations sociales, partis et syndicats à travers un contrôle bureaucratique accru, ou la scandaleuse suppression de la part de l’État dans le financement des retraites (à hauteur de 40%). A ces mobilisations s’est jointe la Confédération des nationalités indigènes de l’Équateur (CONAIE) avec ses propres revendications. Le 19 mars, puis le 1er mai 2015, les centrales syndicales ont appelé à de nouvelles manifestations réussies dans les grandes villes du pays.

    Une répression accrue de la part du gouvernement

    Le gouvernement, qui a l’habitude d’appeler à ses propres contre-manifestations lorsque les mouvements ouvrier ou indigène manifestent, a eu du mal à mobiliser ses sympathisants. Il a alors décidé alors de jouer double jeu : d’un côté, il a essayé d’imposer un rapport de forces dans la rue avec ses partisans pour mieux négocier avec la droite ; de l’autre, il a agité la menace d’une prétendue tentative de coup d’État de la part des manifestants, en mettant dans le même sac les travailleurs et indigènes mobilisés, et la droite néolibérale. Il a dénoncé publiquement de supposées infiltrations par la CIA dans les manifestations de secteurs de travailleurs, tandis que son Ministre du travail, Carlos Marx Carrasco, a déclaré que « les syndicats ne [devraient] pas faire de politique ». A cette occasion, le gouvernement en a profité pour augmenter le niveau de répression, allant jusqu’à poursuivre trois lycéens du lycée Mejia, connu pour sa combativité, qui avaient manifesté avec les syndicats le 19 juin. Ils ont été accusés de « sabotage », et sont donc condamnables à 7 ans de prison minimum, car ils auraient brûlé une moto de police. Dans ce contexte, les peines de prison pourraient même passer pour un moindre mal : des dirigeants indigènes ont trouvé la mort pour s’être opposés à la construction de puits pétroliers ou barrages électriques, comme c’est le cas de José Tendetza, dirigeant Shuar assassiné en décembre 2014.

    En France, Jean-Luc Mélenchon, faisant comme toujours dans la demi-mesure, s’est fait le relais des fantasmes corréïstes dans un communiqué le 15 juin où il mettait en garde face à la « tentative de coup d’État » à l’œuvre en Équateur, où « comme d’habitude, les États-Unis sont à la manœuvre »… Malgré le soutien indéfectible du député européen, la cote de popularité réelle de Correa est difficile à mesurer : selon les sondages commandés par l’État, l’exécutif garde une approbation de 60%, mais les chiffres produits par des organismes privés d’enquêtes d’opinion révèlent une cote de popularité effondrée à 46%. Très vite, trois forces se sont dessinées dans le panorama politique du pays, avec parfois trois manifestations en un seul jour pour chaque secteur mobilisé : le mouvement syndical et indigène d’une part, les manifestations de la petite-bourgeoisie urbaine et des secteurs patronaux contre le projet de loi sur l’héritage d’autre part, et enfin les manifestations de soutien au gouvernement.

    La crise du modèle corréïste

    Alors que Correa pensait posséder un rapport de forces favorable pour faire avancer sa politique avec la seule majorité parlementaire, il s’est retrouvé face à une opposition extra-parlementaire. Cela faisait pourtant plusieurs mois que le régime issu des mobilisations de la fin de la décennie 1990 s’était aliéné une partie importante des organisations du mouvement social (syndicats, ONG écologistes ou organisations indigènes). Ces organisations, capables de mobiliser en soutien au gouvernement et de canaliser le mécontentement des classes populaires, avaient soutenu le gouvernement lors de son élection, en échange de postes dans les ministères. Cependant, la perte de légitimité du gouvernement va au-delà de la perte de contrôle sur la classe ouvrière organisée ou le mouvement indigène, mais se comprend également à travers les effets de la crise économique.

    Certes, entre 2006 et 2014, la pauvreté, et en particulier l’extrême pauvreté, avaient reculé significativement dans le pays. Les chiffres officiels fournis par la Banque Centrale Équatorienne montrent que la pauvreté a commencé à reculer avant même l’arrivée de Correa au pouvoir en 2007 : entre 2001 et 2006, elle est passée de 64% à 37%. Pendant les années Correa, elle est descendue jusqu’à 24%. Pourtant, ce que les chiffres montrent aussi, c’est que ce recul stagne depuis 2011, et que la pauvreté commence à remonter depuis juin 2013. Parallèlement, l’indice de Gini, utilisé pour mesurer les inégalités sociales dans un pays donné, est également passé de 5,4 en 2006 à 4,8 en 2014 ; mais, de nouveau, si cette baisse montre un recul réel de l’inégalité, l’étude de son évolution pendant les huit années de pouvoir montre que depuis décembre 2011, ce recul stagne aussi.

    Finalement, alors que la lutte contre la sous-traitance et la précarité de l’emploi ont été une des mesures phares des premières années du nouveau régime, l’emploi informel et la précarité atteignent 49,07%, de la population active, c’est-à-dire trois points de plus en un an, depuis 2014. L’Assemblée constituante de 2008 a éliminé la sous-traitance par décret après plusieurs années de luttes, mais encore aujourd’hui elle reste légion dans l’industrie pétrolière, cœur de l’économie du pays. Rio Napo (joint-venture entre PetroAmazonas, entreprise d’Etat, et PDVSA, l’entreprise nationale vénézuélienne) est la principale productrice de pétrole dans le pays : c’est aussi là que l’on trouve le plus grand nombre d’emplois sous-traités dans des conditions très précaires. Après la loi contre la sous-traitance, les prestataires ont tout simplement changé la qualification de leur service pour échapper à la loi et continuer à travailler pour Rio Napo. Entre temps, les travailleurs sous-traités effectuent des heures supplémentaires non rémunérées, et n’ont aucune stabilité de l’emploi bien qu’ils travaillent depuis plusieurs années pour Rio Napo.

    Des conséquences de la baisse du prix du pétrole

    Dans un pays où 40% des recettes publiques proviennent du pétrole, la baisse du prix de celui-ci ne pouvait avoir que des effets négatifs pour les politiques sociales de Rafael Correa. Le projet originel des gouvernements post-néolibéraux consistait à « moderniser l’économie », c’est-à-dire à renégocier la place des pays comme l’Équateur ou le Venezuela dans l’échiquier mondial. Cette modernisation est passée par la mise en place de quelques mesures sociales à destination des classes populaires qui s’étaient mobilisées lors de la décennie précédente contre les projets néolibéraux de Washington dans le continent. Selon les mots de Pabel Muñoz, dirigeant de Alianza Pais, « il est nécessaire que l’Équateur avance vers un capitalisme moderne, comme c’est le cas dans des pays où le capital n’est pas aux mains d’une famille mais s’ouvre au marché. » Or malgré le discours du gouvernement louant une technocratie triomphante qui ferait enfin entrer le pays dans l’Histoire, les premiers effets de la crise économique ont durement rappelé le pays à sa réalité de semi-colonie d’exportation de pétrole, de fruits et de fleurs. Ainsi, augmenter les impôts sur la plus-value ou sur les héritages apparaît plus comme une manière de financer un État en manque de moyens face au tarissement des sources traditionnelles de revenus, que comme une mesure de justice sociale. D’autant plus que la loi sur l’héritage n’allait pas affecter, contrairement à ce qu’affirmait le gouvernement, seulement les 2% les plus riches de la population, mais principalement les petits propriétaires et les très petites entreprises.

    Une politique favorable à la concentration des richesses

    De même, hypocritement, le gouvernement prétend lutter contre les grandes fortunes, mais en même temps il impose des mesures anti-populaires comme la réforme du Code du Travail ou la suppression de la subvention étatique des retraites. Il est difficile pour lui de critiquer la droite et son caractère réactionnaire alors qu’il s’attaque aux droits des travailleurs ou des peuples indigènes, et alors que les années Correa ont été aussi des années dorées pour les secteurs patronaux nationaux et internationaux : il n’y a eu aucune nationalisation majeure et même pas l’ombre d’une réforme agraire. Entre temps, certains secteurs ont même bénéficié de l’investissement massif de l’État dans des infrastructures. Ainsi, l’État équatorien a financé des dizaines de projets d’aménagement urbain et touristique, qui ont fortement bénéficié aux entreprises de ciment et aux constructeurs.

    De la même manière, dans le secteur de la santé, la concentration de richesses n’a jamais été aussi importante : cinq entreprises privées contrôlent aujourd’hui le marché de la santé dans le pays, et réalisent 1109 millions de dollars de profits par an, alors que l’entreprise publique Enfarma ne contrôle que 0,04% du marché… Il est encore plus intéressant de voir que la concentration du marché a fortement augmenté pendant les années de la « Révolution citoyenne » : les sept plus grandes entreprises contrôlaient ainsi 32,8% du marché en 2006, contre 41% en 2013. Difare, entreprise de capitaux équatoriens et plus grande entreprise de santé du pays, a multiplié ses bénéfices par 15 entre 2006 et 2011. Mêmes résultats pour l’industrie pharmaceutique, où la transnationale Novartis a multiplié ses bénéfices pas moins de 76 fois.

    Qu’en est-il de la dette, dont le remboursement avec l’argent du pétrole a été présenté comme une des grandes victoires du nouveau régime en 2008 ? Entre 2009 et 2015, la dette de l’État équatorien s’élève à 20000 millions de dollars. Mais ce n’est plus aux USA que l’État a emprunté, mais au Brésil, à l’État Espagnol et surtout à la Chine (79.2% de la dette) pour financer ses projets de barrages hydroélectriques et d’infrastructures. L’État a aussi emprunté 116 millions de dollars en 2014 à la Deutsche Bank pour financer des projets des Forces armées. En avril 2014, il a également réalisé un prêt auprès de ses anciens meilleurs ennemis, la Banque Mondiale, à hauteur de 1000 millions pour financer encore des constructions hydroélectriques. Les exemples de prêts contractés auprès de banques du monde entier dans le but de financer la construction de ponts, de barrages, de raffineries, etc. se multiplient, parfois aux taux les plus chers du monde.

    La structure de l’économie équatorienne reste oligarchique, avec une bourgeoisie nationale qui a largement bénéficié des années Correa, paradoxalement à l’opposé d’un modèle de « capitalisme moderne » ouvert au marché. Si menace de restauration conservatrice il y a, comme le dénonce le président, elle viendra plus probablement de sa main que de celle de la droite néolibérale désunie ou encore de la FUT et de la CONAIE.

    Le Pape François au secours de Correa

    Le 25 juin a été une journée particulièrement difficile pour le gouvernement : la manifestation appelée par l’opposition à Guayaquil s’annonçait massive, avec plusieurs centaines de milliers de participants. Les syndicats et organisations indigènes appelaient eux aussi à manifester de nouveau dans tout le pays, tandis que le gouvernement faisait converger vers la capitale plusieurs dizaines de bus remplis de ses soutiens. Alors que tout poussait à croire à une course de vitesse pour savoir qui allait mobiliser le plus de monde (la droite, les syndicats ou le gouvernement), Correa décide le 26 juin de repousser de manière plus ou moins définitive la loi sur l’héritage et la plus-value, en raison de la venue du Pape François en Équateur le 5 juillet. Correa n’avait aucun intérêt à se retrouver dans une situation de forte conflictualité sociale, avec des mobilisations de masse de part et d’autre de l’échiquier politique, alors qu’il recevait le Pape. En renonçant aux projets de loi, Correa cherchait donc à démobiliser la petite et grande bourgeoisie de Quito et de Guayaquil. Enfin, pour finir de dissuader ses opposants, Correa est allé jusqu’à insinuer que continuer à manifester serait un acte d’impiété.

    Le Vatican était très conscient de la crise de régime que traversent les différents gouvernements de la région. La venue du Pape a servi à mettre un coup d’arrêt aux mobilisations, tout en concédant une victoire à la droite et en imposant une défaite aux secteurs populaires mobilisés depuis presque un an contre différentes mesures. Cette venue a donc constitué du pain béni pour Correa, le Pape François lui ayant affirmé qu’il pouvait « compter sur le compromis et la collaboration de l’Église ». Correa a ainsi disposé d’un temps précieux pour repenser sa stratégie : une fois le Pape parti, il a appelé à un « Dialogue national », avec des tables rondes avec les différents secteurs mobilisés les derniers mois.

    Des mouvements sociaux combatifs

    Mais l’attention se tourne à nouveau vers la rue. La visite du Pape semblerait n’avoir été qu’une trêve qui a permis au gouvernement et aux mouvements sociaux de reprendre leur souffle, car le FUT a finalement décidé d’appeler à une journée de grève nationale le 13 août. Le président a réagi aussitôt, qualifiant la grève nationale d’ « illégale et infondée », et n’a pas hésité à être provoquant, déclarant aux travailleurs équatoriens : « vous nous trouverez prêts et on vaincra ».

    Dans un contexte fortement polarisé par une droite en embuscade qui prépare 2017, et un gouvernement qui cherche à reprendre du terrain perdu, c’est un aspect très significatif que des secteurs de travailleurs aient réussi à se mobiliser de manière indépendante et à émerger avec leurs propres revendications. C’est le cas des travailleurs de la santé qui, comme en France, se battent pour des moyens réels dans un pays où il n’y a que 16 médecins pour 10000 habitants. Le gouvernement, au lieu de recruter massivement dans le secteur de la santé, a trouvé que la meilleure solution pour résoudre cette situation était de licencier plusieurs milliers de salariés dans un triste épisode connu comme l’« achat obligatoire de démissions » en 2011. Ce que le gouvernement présentait comme la « modernisation » du système et la lutte contre sa bureaucratie était en fait un plan de pré-retraites obligatoires pour une partie du personnel. Il n’a pas hésité à faire intervenir la police anti-émeute directement dans les hôpitaux et à faire sortir de force les salariés pour rendre effectifs les licenciements massifs.

    Du côté du mouvement indigène, les contradictions ne sont pas encore résolues car l’Assemblée de la CONAIE s’est réunie le 17 et 18 juillet pour décider s’ils allaient s’asseoir à la table de négociation avec le gouvernement, alors que le Pachakutik, branche politique de la CONAIE, gouverne avec Alianza Pais dans certaines régions. Mais la CONAIE a finalement décidé d’appeler à un « soulèvement indigène » dans tout le pays et à refuser de négocier. Carlos Perez, président des organisations indigènes des Andes, a affirmé que « le dialogue avec le gouvernement [était] fini », mais que c’était surtout en raison de la pression de la base indigène qu’ils ont poussé à ce que le soulèvement ait lieu maintenant et non dans plusieurs mois, comme le voulait la direction. Franco Viteri, président des organisations indigènes de l’Amazonie avait déclaré : « Pour dialoguer on a déjà eu huit ans et le gouvernement n’a jamais intégré une seule virgule de nos propositions. Nous voulons des réponses concrètes. » La CONAIE menace désormais de paralyser le pays à partir du 10 août et de rejoindre dans la rue la mobilisation convoquée par les syndicats de travailleurs le 13 août.

    Le gouvernement aura de plus en plus de mal à minimiser les manifestations de travailleurs et organisations indigènes si ceux-ci frappent ensemble et prennent une ampleur nationale. Reste à savoir si les dirigeants du FUT et de la CONAIE utiliseront ces mobilisations comme un moyen de faire pression sur le gouvernement pour s’asseoir à la table de négociations dans de meilleures conditions, ou comme un levier pour faire émerger une alternative à la droite néolibérale et au corréisme. Une chose est certaine : le régime politique issu des mobilisations de la décennie 1990 est en crise. Du côté du gouvernement, celui-ci serait tenté de dialoguer avec sa droite et de réprimer à sa gauche. Quelle que soit son choix, le moment de la prise de décisions se rapproche, non pas seulement parce que la grève nationale et le soulèvement indigène arrivent, mais parce que la crise économique mondiale entre dans une nouvelle phase qui risque d’entraîner avec elle le meilleur partenaire économique de Correa, le capitalisme chinois.