[RSS] Twitter Youtube Page Facebook de la TC Articles traduits en castillan Articles traduits en anglais Articles traduits en allemand Articles traduits en portugais

Newsletter

Ailleurs sur le Web [RSS]

Lire plus...

Twitter

L’impasse de la gauche, la montée de l’extrême-droite et comment l’éviter

Lien publiée le 29 août 2015

Tweeter Facebook

Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

FORUM INTERNATIONAL ANTI-EURO D’ATHÈNES DES 26, 27 ET 28 JUIN 2015

INTERVENTION DE MICHÈLE DESSENNE, PORTE-PAROLE DU PARTI DE L’EMANCIPATION DU PEUPLE (EX. M’PEP)

ATELIER « France : l’impasse de la gauche, la montée de l’extrême-droite et comment l’éviter ».

Par Michèle DESSENNE, Porte parole du Parti de l’émancipation du peuple (ex. M’PEP)

Le 26 juin 2015 à Athènes (Grèce)

Les firmes multinationales et les marchés financiers, avec les institutions supranationales, symboles du capitalisme, imposent le libre-échange, la concurrence entre les peuples et entre les citoyens, le chômage et l’aggravation des inégalités, la destruction de la planète, la dissolution de tous les processus démocratiques.

Force est de constater que la gauche ne s’y oppose pas et qu’elle conduit dans l’impasse le peuple et en particulier ce que nous nommerons les classes dominées – catégories populaires et couches moyennes.

D’abord qu’est-ce que la gauche ? De qui est-elle composée et que fait-elle ?
En France, la gauche est composée d’abord du Parti socialiste, qu’il conviendrait de nommer parti social démocrate ou encore social libéral. Au gouvernement depuis 2012, le parti socialisre mène une série de contre réformes répondant aux injonctions de l’Union européenne vers toujours plus de libéralisation et de privatisation, de démantèlement de la République, de déconstruction du droit du travail et des politiques sociales, de réduction de la Sécurité sociale, d’appauvrissement des services publics à tous les niveaux et dans tous les domaines. Le MEDEF, organisation patronale, en rêvait, le parti socialiste au pouvoir le fait !

A la gauche de la gauche, le parti communiste français, le Parti de gauche (Mélenchon), et des alternatifs de toutes sortes ainsi que des groupes issus de l’extrême gauche ont constitué un front de gauche. Ils appartiennent à la Gauche européenne, flirtent avec Europe Ecologie Les Verts, profondément fédéralistes, et passent parfois des alliances électorales avec le Parti socialiste. Ces organisations de gauche de gauche sont opposés à la sortie de l’Union européenne et de l’euro et prônent un changement de l’Union européenne de l’intérieur. Leur poids électoral ne cesse de diminuer en particulier parmi les classes dominées. Parallèlement, le Front national, mené de main de maître par Marine Le Pen, s’est fait le porte-voix des classes dominées : il tient un discours de rupture sur l’Union européenne et l’euro, revendique la souveraineté nationale et a capté des pans entiers du discours social de la gauche auxquels il mêle xénophobie et préférence nationale. Le Front national vient de constituer un groupe au Parlement européen avec d’autres composantes de même nature.

Le Front National est mis en scène par les médias et dénoncé régulièrement par la gauche et l’extrême gauche comme un parti anti républicain, voire fasciste, sans que cela ne produise aucun effet.

Pour mieux comprendre ce qui est à l’œuvre, je repartirai de l’adoption du Traité de Lisbonne, en 2008, par les parlementaires français, et des conséquences politiques sur le plan électoral et sur le plan idéologique.

En 2005, Il y a 10 ans, le peuple français votait NON au Traité constitutionnel européen (TCE) lors du référendum. Il infligeait une défaite retentissante à tous les européistes : au patronat et aux puissances financières, aux partis politiques qui avaient mis tout leur poids pour le OUI, aux médias qui les relayaient, aux instituts de sondage qui prédisaient en janvier 2005 une victoire écrasante du OUI !. Une véritable dynamique démocratique a eu lieu pendant plusieurs mois. Et le NON a pris son envol.

Inexorablement. Et les courbes des sondages se sont inversées. Petit à petit, doucement mais sûrement. Qui a vécu cette période d’intense activité populaire ne peut l’avoir oubliée. Et c’est avec jubilation que les citoyens qui avaient voté NON ont accueilli les résultats au soir du 29 mai 2005. Le fruit de leur engagement, de leur lucidité, de leur autonomie, de leur détermination, de leur capacité à s’emparer des questions les plus déterminantes, malgré leur caractère volontairement rebutant. 55% de NON ! Résultat sans appel qui laissait présager un retour en force de la démocratie vivante : celle d’un peuple en mouvement. Celle d’une France qui s’opposait fièrement aux classes dirigeantes et envoyait un signal d’espoir à tous les peuples qui avaient été privés de référendum dans leur pays sur un domaine constitutionnel pourtant normalement réservé aux peuples et non pas aux élus.

Le 29 mai 2005, une majorité de Français avaient perçu, compris, anticipé ce que signifiait le Traité constitutionnel européen : la fin de la souveraineté nationale, la mise sous tutelle de la France par l’UE, le néolibéralisme encore davantage au pouvoir. Leur NON était l’expression de leur refus.

LA TRAHISON : LE COUP D’ETAT PARLEMENTAIRE DE 2008 AVEC L’ADOPTION DU TRAITE DE LISBONNE !

Mais il a fallu déchanter. Puisque le choix du peuple ne convenait pas aux élites, aux politiques patentés, aux marchés financiers, à la Commission européenne, alors ils ont procédé à un coup d’Etat, démontrant ainsi leur vraie nature antidémocratique. Une version nouvelle baptisée Traité de Lisbonne a vu le jour. Un autre nom mais un même projet : se débarrasser de la voix populaire et réunir tous les traités libre-échangistes, fondés sur la concurrence et la supranationalité de l’UE, en un seul texte s’imposant à tous, sans débat, sans vote, sans le peuple, contre le peuple. Ce sont donc les députés et les sénateurs français, réunis en congrès, qui ont dit oui au Traité de Lisbonne en 2008 et non au peuple souverain. Trahison absolue. Véritable coup d’Etat parlementaire conduit par la droite et la gauche : le PS, l’UMP de Nicolas Sarkozy et une partie des parlementaires Verts. Une grande partie du peuple français a alors compris que les parlementaires étaient les agents zélés des classes dominantes. Écœurement des citoyens bafoués, privés de leur souveraineté. C’est le socle même de la légitimité de l’Etat et de la démocratie qui été mis à bas. Ainsi la Constitution française a été révisée et affublée d’un nouveau titre afin d’être compatible avec le Traité de Lisbonne. Ce titre 15 a mis la France sous la tutelle de l’Union européenne, désormais totalement libre d’imposer toutes ses politiques néolibérales. Quelle que soit la couleur du gouvernement.

DIX ANS PLUS TARD LE PEUPLE PAIE, LES CLASSES DIRIGEANTES ET LE FN JUBILENT !

Depuis l’adoption du Traité de Lisbonne, puis du TSCG, les conséquences éclatent au grand jour sous le nom d’austérité. Le chômage n’a cessé d’augmenter. Les délocalisations se sont accélérées, la désindustrialisation a fait un bond en avant, les privatisations continuent, les services publics sont appauvris, les effectifs des fonctionnaires réduits, la protection sociale démantelée, le droit du travail implose, la déflation salariale est incessante, les conditions de travail se détériorent, le contrôle social et les lois sécuritaires se multiplient... Le démantèlement de la France semble inexorable. Les lois récentes dites de décentralisation propulsent une euro-régionalisation qui ne dit pas son nom. Toutes les conquêtes sociales mises en place après la Libération sont les cibles de l’Union européenne et du MEDEF. Elles sont progressivement détruites par les gouvernements qui se succèdent : celui de l’UMP et ses alliés et celui du PS soutenu par les Verts et le Front de gauche. Tous complices. Tous responsables, chacun dans son rôle. Alors le Front national ramasse la mise : il est le seul parti à avoir fait fructifier le NON au TCE de 2005, heureux du cadeau en or qui lui a été servi par les partis du renoncement.

Le FN ne rencontre aucun obstacle. Il surfe sur la désespérance, capte les voix populaires et le drapeau français. Il se pare des habits de sauveur alors qu’il est un fossoyeur des valeurs de la Révolution française et le promoteur d’un capitalisme national et de la xénophobie. Mais son ascension n’est possible que parce que la gauche - sous toutes ses formes - ne défend plus les intérêts des classes dominées, celles qui prennent en pleine face les effets de la mondialisation. Les 8 millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté. Les chômeurs à la dérive. Les retraités paupérisés et parfois contraints de travailler pour survivre. Les fonctionnaires attaqués de toute part, la jeunesse, diplômée ou non, sacrifiée, condamnée à la précarité, les couches moyennes appauvries. Le même traitement est appliqué – et de manière plus brutale encore - en Grèce, en Espagne, au Portugal, en Italie,. Mais aussi aux travailleurs allemands, britanniques, belges, etc. Partout les gouvernements appliquent, tels des kapos - triste et amer constat - les directives européennes et se soumettent aux ordres des recommandations de la Commission européenne.
Tandis que les peuples sont condamnés à la misère, les banques, les organismes financiers et les multinationales regorgent de bénéfices. Qui ne voit pas cette réalité est aveugle. Qui la voit mais ne la combat pas frontalement est complice.

DIX ANS PLUS TARD OU SONT LES OPPOSANTS ?

Mais où sont donc passés les opposants au Traité constitutionnel européen, les opposants au néolibéralisme et à ses institutions ? Que font les partis de gauche et de « gauche de gauche », les organisations altermondialistes, les syndicats ? Ils établissent les listes des dégâts sans jamais s’attaquer aux causes. Ils dénoncent, ils trépignent, ils s’indignent et s’offusquent. Que proposent-ils ? Rien ! L’Union européenne est leur horizon indépassable. Demain l’Europe sociale, disent-ils. Demain la réforme de l’intérieur, affirment-ils. Plus tard un parlement européen qui s’opposera, espèrent-ils. Atterrés, ils soupirent dans l’attente de l’illusoire « convergence européenne des luttes », comme si les situations nationales, les spécificités des rapports de force nationaux, les différentes économies des pays de l’UE, les divergences d’intérêts pouvaient miraculeusement se synchroniser. Par quelle main invisible ? Leurs postures tentent de masquer la maladie qui les a saisis et qui déjà les emporte : une idéologie postnationale, le renoncement à la souveraineté nationale et populaire. Ils crèvent de peur à la moindre évocation de la sortie de l’Union européenne et de l’euro, pourtant ennemis implacables de la Liberté, de l’Egalité et de la Fraternité. Qu’ont-ils fait du NON « de gauche » au TCE de 2005 ? Au mieux, rien ! Ils ont accepté le coup d’Etat parlementaire de 2008, même si ils n’y ont pas apporté leur voix. Ils ont enterré l’événement. Ils se sont docilement intégrés à la nouvelle logique institutionnelle et constitutionnelle. Ils ont repris leurs activités comme si de rien n’était. « Business as usual » ! Ils vivotent au sein du système, confondant internationalisme et européisme. Mais ils vont plus loin. Ils méprisent les citoyens qui ont compris que c’est à la mondialisation qu’il faut s’attaquer. A la mondialisation et à son arsenal d’institutions mises en place pour mater les peuples : l’Union européenne, sa monnaie unique, le FMI, la Banque mondiale, l’OMC et l’OTAN. Ils continuent à vouloir nous persuader que « l’Europe c’est la paix », que la « souveraineté nationale c’est le repli nationaliste ». Ils sont devenus des agents de la défense du système, la pointe avancée de son idéologie, légitimant l’illégitime !

REVEILLER LA DYNAMIQUE POPULAIRE DU NON AU TCE AFFRONTER POLITIQUEMENT L’EXTREME DROITE

Les Français ont de la mémoire. Ils n’ont oublié ni le NON au TCE en 2005, ni la forfaiture des parlementaires français en 2008. Ils n’accordent plus leur confiance à ces partis – de droite comme de gauche - qui ne portent pas leurs aspirations de changement radical de système. Les Français ont compris que la mise sous tutelle de la politique dans sa dimension la plus forte – la souveraineté du peuple – n’a été possible que par la complicité des partis politiques existants. Oh certes à des degrés divers, avec plus ou moins de zèle ou de résignation.

Depuis l’adoption du Traité de Lisbonne, les classes populaires et les classes moyennes trinquent. Seules, désespérément seules. La gauche – sous toutes ses formes - a déserté ou plutôt elle a choisi son camp. Celui des classes dirigeantes. Reste en scène et en plein essor, sous les spots médiatiques, le Front national. Le parti qui récolte les fruits du tragique coup d’Etat de 2008. Un parti qui engrange les résultats électoraux, se consolide, se construit une image de porte-voix des intérêts des classes dominées, surfant sur la misère engendrée par le destruction, sans fin, des acquis sociaux, de l’augmentation du chômage et de la désindustrialisation. La France crève. Le FN prospère. Et ses alter ego des autres pays de l’Union européenne aussi.
La réalité est sous nos yeux. Tellement aveuglante qu’elle fait se détourner le regard de très nombreux militants progressistes qui préfèrent dénoncer la montée de l’extrême-droite plutôt que de prendre leur responsabilité en tirant les bilans de la gauche réelle, ce qui les conduirait, comme nous, à se débarrasser de la gauche rêvée, mythique.

Alors ? Faudrait-il regarder benoitement l’histoire tragique se faire sans bouger ? Faudrait-il attendre qu’advienne le miracle d’un soulèvement populaire européen spontané comme nous y invitent les directions des partis de la gauche de gauche, malades du virus de l’idéologie postnationale qu’ils ont créée et qu’ils incarnent ?

Non et encore non !

ROMPRE AVEC LE CONCEPT DE GAUCHE POUR AGIR AU SERVICE DES CLASSES DOMINEES

Les militants du M’PEP ont pris leurs responsabilités de militants engagés, pour certains d’entre eux, pendant plusieurs années, voire des dizaines d’années, dans des partis et organisations de gauche, des syndicats. Ils ont choisi de rester fidèles aux objectifs anticapitalistes de transformation sociale. Et puisqu’il faut se défaire de la gauche, devenue un obstacle à la libération du peuple, ils en ont fait le choix. Le M’PEP a rompu clairement avec le concept de gauche. Il ne s’y reconnaît plus, comme des millions de citoyens. Le parti que le M’PEP vient de créer n’est pas un nouveau parti parmi d’autres. Ce n’est pas un parti de gauche. C’est le parti, doté d’un véritable programme, prêt à gouverner au service des intérêts des classes dominées. Servir leurs intérêts, qui sont aussi les nôtres, c’est d’abord réunir les conditions de reconquête de la souveraineté nationale sans laquelle rien n’est possible sauf la dictature – et nous subissons celle de l’Union européenne et des institutions supranationales.
Or, aucun parti en France, jusqu’alors, ne porte pleinement ce projet et ne représente ce courant d’idées et cette détermination. Les classes dominées sont ainsi privées de l’outil collectif d’action indispensable pour peser dans la société et changer leur sort.

Le parti que vient de créer le M’PEP est résolument engagé dans le combat pour la sortie de l’Union européenne, de l’euro et de l’OTAN, pour la démondialisation, la souveraineté populaire et nationale, la République sociale et l’internationalisme. Il s’offre comme un outil de lutte. Il porte un programme révolutionnaire et est ouvert à toutes celles et ceux qui ne se résignent ni à tomber dans les bras du Front national ni à devenir les complices ou les otages consentants de l’eurolibéralisme.

Face à l’impasse dans laquelle la gauche a conduit le peuple, et en particulier les classes dominées, nous invitons toutes celles et ceux qui défendent les intérêts structurels des classes dominées, qui veulent s’affranchir des tutelles supranationales, agir pour la reconquête de la souveraineté nationale et populaire et bâtir une société d’égalité, à rompre avec le concept de gauche. Non seulement il a perdu tout contenu révolutionnaire et anticapitaliste mais, de plus, il est devenu un obstacle à la construction d’une mobilisation populaire.

Affirmons d’abord quels sont les intérêts de classe que nous voulons défendre et quelles mesures nous devons mettre en œuvre. Sortons des eaux troubles de la gauche, qui préfère la préservation des institutions supranationales et se plie aux diktats de l’Union européenne plutôt que de mener le combat politique contre l’adversaire. Affirmons clairement qui nous sommes et ce que nous voulons faire. C’est sur ces bases que de nouvelles mobilisations populaires pourront surgir et la confiance renaître. Et c’est en affrontant l’extrême-droite sur le plan politique et pas par des condamnations morales que nous pourrons marquer des points et la faire reculer.

Chères et chers camarades, le temps presse. Vous le savez, vous, Grecs, bien plus que tout autre peuple. Mettons en œuvre un nouveau bloc historique et créons le plus vite possible une véritable coordination entre les organisations des différents pays européens qui agissent dans le même sens.