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    Le PS et sa clique d’artistes font leur cirque "pour" les migrants

    Lien publiée le 9 septembre 2015

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    Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

    (Le Monde) Le débit est rapide, la voix est ferme, presque sans émotion. « J’étais captive de Daech [acronyme arabe de l’Etat islamique] pendant 3 mois, j’ai été torturée plusieurs mois, enchaînée toute la journée, j’ai dû boire de l’eau dans laquelle il y avait des souris mortes, j’ai été battue, frappée avec un bâton. » Le témoignage de Jinan, jeune femme yézidie irakienne de 19 ans, retenue 12 semaines comme esclave par les djihadistes de l’Etat islamique, assomme la salle du Cirque d’hiver (Paris 11e), où se tenait mardi 8 septembre le meeting de soutien aux réfugiés organisé par le Parti socialiste.

    « Vous êtes loin de la guerre mais pas du danger », lance-t-elle à l’assistance, principalement composée de militants et d’élus socialistes. Et d’exhorter – sous les applaudissements du PS qui y est pourtant opposé – à une intervention militaire sur place « pour libérer les 3 000 femmes encore prisonnières »« N’attendez pas d’avoir des esclaves chez vous, il faut réagir maintenant ! » Le visage, constellé de tâches de rousseur, n’a quasiment pas bronché. Moment d’une sobriété violente dans une soirée où l’émotion a longtemps paru assez formelle.

    Le PS attendu au tournant

    Certes, le PS était attendu au tournant. « Réaction tardive »« récupération politique », Solférino ne pouvait, en une soirée organisée à la hâte, effacer des semaines de tergiversation sur la question des réfugiés. Le début du meeting a d’ailleurs été perturbé par des adhérents du Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon et par des militants associatifs – évacués manu militari de la salle – reprochant à la majorité de « se réveiller après la bataille ».

    « Il y a un étrange paradoxe : on vient toujours critiquer ceux qui font, et jamais ceux qui ne font rien », s’est défendu à la tribune Jean-Christophe Cambadélis. Le premier secrétaire du PS avait appelé en juin dernier à la tenue d’une conférence internationale sur le sujet à Paris. Idée reprise lundi 7 septembre par François Hollande lors de sa conférence de presse. Car désormais le PS entend faire de cette question des migrants le marqueur politique de son retour sur le « terrain des valeurs », nouveau mantra de Jean-Christophe Cambadélis.

    Un domaine où il sera plus facile de réaliser l’union de la gauche que sur l’économie. « Tous les humanistes doivent s’unir pour faire face à ce mouvement puissant de réfugiés dans toute l’Europe », a expliqué le patron du PS. Anne Hidalgo, la maire de Paris, a elle aussi plaidé pour que la gauche se saisisse à bras-le-corps de la question des migrants. « Les consciences sont en train de bouger, les responsables politiques ont été trop craintifs, avec la peur de faire monter le FN. Mais c’est quand on ne défend pas ses convictions qu’on fait monter l’extrême droite. »

    Toute la soirée, les témoignages d’élus locaux favorables à l’accueil de migrants se sont succédé. Avec en fond d’écran, la litanie des villes socialistes ayant répondu à l’appel du « réseau de solidarité » lancé par le parti. Pour l’occasion, le PS avait même renoué avec les acteurs de la société civile, si absents de ce quinquennat.

    Côté artistes, Virginie Ledoyen et Jane Birkin avaient fait le déplacement. Michel Boujenah, Anne Roumanoff, Sylvie Testud et Charles Berling s’étaient fait excuser. Pierre Arditi et Zabou Breitman avaient laissé des mots d’amitié. Robert Badinter avait quant à lui enregistré une vidéo de solidarité, récoltant comme à chacune de ses apparitions une standing ovation des militants PS – par écran interposé.

    Image décalée

    Banderole au Cirque d’hiver, le 8 septembre.

    Mais il manquait des ingrédients pour que la formule prenne. Scénographie étrange de ces élus socialistes regroupés au milieu de la piste du Cirque d’hiver. Réaction feutrée des militants dans les gradins tout autour. Image décalée enfin d’un Claude Bartolone faisant une entrée de rock star dans la salle, sous des tonnerres d’applaudissements, pour ne finalement pas prendre la parole.

    Mais qu’importe l’ambiance, Alain Le Cleac’h, voulait voir dans ce rassemblement la preuve d’une évolution positive : « La société civile réagit enfin, tout est maintenant possible ! » Pour le président de France terre d’asile, après ce « sursaut » de la classe politique, il reste un énorme « défi à relever ». Et de souligner la prochaine question qui va agiter le débat public, celle du nécessaire financement public de l’accueil des réfugiés.

    Avant le début du meeting, Anne Hidalgo avait déjà plaidé en faveur d’une aide aux collectivités locales : « On ne pourra pas faire sans des moyens supplémentaires pour l’aide humanitaire et l’hébergement. » Mais en cette période de projet de loi de finances contraint, dégager des sommes ne va pas être simple. « Ça va être compliqué d’expliquer qu’on trouve plusieurs centaines de millions pour les migrants alors qu’on coupe dans tous les autres budgets », explique un dirigeant socialiste. Après le discours, le PS va devoir assumer politiquement dans les semaines qui viennent sa politique d’ouverture aux réfugiés.

    Lire aussi : Les maires invités à organiser l’accueil des migrants