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Espagne: Podemos en perte de vitesse avant les législatives
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
(20 Minutes) Dubitatif, fatigué: c'est l'impression que donne dernièrement le dirigeant de Podemos, Pablo Iglesias, à l'image de son parti de gauche radicale qui, après un essor fulgurant en Espagne, peine à encaisser des revers électoraux, à deux mois des législatives.
Podemos a été formé en janvier 2014 par un groupe de professeurs de sciences politiques, résolus à convertir "l'indignation en changement politique". Quatre mois plus tard, le petit parti créait la surprise en obtenant cinq sièges au Parlement européen.
Dénonçant austérité et corruption, il était même passé, en janvier 2015, en tête des intentions de vote pour les législatives du 20 décembre.
Mais, au fil des mois, Podemos et son candidat de 37 ans ont subi de nombreux coups durs, telle l'incapacité de leur allié grec Syriza à éviter les politiques d'austérité.
"Podemos a connu un boom absolument disproportionné après les européennes", dit à l'AFP Jacobo Rivero, auteur d'un récent essai consacré à ce parti.
Cette "vague de succès" a caché une "déconnexion d'avec ses militants de base" due notamment à la réticence de sa direction à s'allier avec d'autres formations de gauche. Et "s'y est ajoutée une surexposition médiatique qui les a usés", juge-t-il.
Une série de sondages, dont le dernier mercredi, confirme la décrue des intentions de vote de Podemos. Il n'arrive plus qu'en quatrième place derrière les deux grands partis, conservateurs et socialistes, dans l'opposition, et même Ciudadanos, un petit parti centriste en campagne contre la corruption et pour "un changement raisonnable".
La première déception est venue en mars quand, aux élections régionales en Andalousie, Podemos n'a pas su s'imposer face aux socialistes, réélus malgré des scandales de corruption.
Puis un de ses fondateurs, Juan Carlos Monedero, a dû démissionner, au coeur d'une polémique pour n'avoir pas déclaré correctement 425.000 euros reçus d'une banque de pays latino-américains gouvernés par la gauche, dont le Venezuela et Cuba.
Les municipales de mai, qui ont abouti à l'investiture des maires "indignées" Manuela Carmena à Madrid et Ada Colau à Barcelone, ont à peine servi de consolation, car les scores de Podemos étaient "assez inférieurs à ceux qui étaient attendus", souligne le politologue José Ignacio Torreblanca.
Déterminé à ravir la présidence du gouvernement à Mariano Rajoy, Pablo Iglesias avait vu les élections catalanes du 27 septembre comme un tremplin. Mais Podemos y a subi un grave revers, suivi par la démission de huit de ses cadres en Catalogne.
- Ouvert au dialogue ou épuisé? -
"Si les législatives s'étaient déroulées en janvier, ils s'en seraient très bien sortis, mais depuis, chaque jour est une lutte", résume M. Torreblanca.
"Je crois qu'il est difficile pour eux d'être plus qu'un parti qui exprime la fureur" et l'espoir des gens, dit l'analyste, estimant que la proposition politique de Podemos est "plus émotionnelle que rationnelle". "Ce type de proposition, qui fonctionnait il y a un an car la population était tellement indignée qu'elle ne souhaitait pas parler de salaire minimum, de choses techniques, s'épuise maintenant".
Lors d'un débat télévisé dimanche, Pablo Iglesias est apparu inhabituellement effacé face au candidat de Ciudadanos, Albert Rivera, 35 ans, qui présentait des projets économiques précis. Il était "vraiment très mal préparé", tranche M. Rivero.
Sa modération lui est désormais reprochée. Il y a une "sensation au sein de l'électorat que le discours change en fonction du public auquel il s'adresse, affirme Ivan Gil, auteur d'une biographie d'Iglesias.
Mais pour une responsable de Podemos, Irene Montero, il s'agissait de donner une image différente de l'orateur habitué aux débats véhéments: "Combien de fois avons-nous entendu que Pablo était arrogant, qu'il n'écoutait pas? Nous avons pu voir un Pablo ouvert au dialogue, qui donne raison à un autre homme politique quand c'est nécessaire".
"Bien sûr qu'il est fatigué, au rythme où il va depuis un an!", ajoute-t-elle.
Les militants les plus critiques appellent à resserrer les rangs. Mais il y a une semaine, la direction de Podemos a admis pour la première fois que le parti n'était pas en condition de remporter les législatives.