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Yves Calvi, Branquignol ou "bas du plafond" ?

Lien publiée le 2 novembre 2015

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://blogs.mediapart.fr/blog/yves-faucoup/281015/yves-calvi-branquignol-ou-bas-du-plafond

En bon soutien habituel du patronat et du capitalisme pur et dur, Yves Calvi, lors d'une émission récente de C dans l'air sur France 5, a servi aux téléspectateurs la moquerie d'un beauf remonté contre le Code du Travail, jugé trop épais. Et d'agiter un gros code rouge. Cela aurait pu être juste provocateur. En réalité, il semble que non : lui qui avoue avoir envisagé jadis pouvoir jouer dans les Branquignols, admet lui-même aujourd'hui qu'il est "bas du plafond".

Il ignorait manifestement que le Code du Travail, édition Dalloz par exemple qu'il avait dans les mains, comporte plus de jurisprudences que d'articles de loi. C'est pourquoi il invoquait, le 20 octobre, le Code suisse plus maigre, comme modèle, dans un pays avec si peu de chômage. Sa réponse à Jean-Emmanuel Ray, professeur de droit, justement sur le Code suisse, a été éclairante : on comprenait bien que le professeur de droit était en train d'expliquer que la Suisse étant un État fédéral d'autres règles s'appliquent dans les cantons (donc comparer notre code avec le code fédéral n'a pas de sens). Mais Yves Calvi ne l'a pas laissé finir pour dire que le travailleur français pouvait tout de même être régi comme un travailleur du canton de Vaud (ce qui nous prouvait qu'il ne comprenait rien à ce que lui disait le professeur de droit du travail qui, heureusement, a rétabli la vérité). Lucide, Calvi avoua plus tard qu'il était "bas du plafond". D'autant plus bas du plafond qu'il arrivait un peu tard avec ce genre de manipulation démagogique : Bayrou a déjà fait le coup (2 fois à la télé) et plus récemment Pujadas (voir mes billets à ce sujet ici et ici).

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[Capture d'écran, France 5]

 A une époque, ce journaliste était présenté, sur le site de France 5, comme un "animateur" (en réalité, on ne peut pas dire qu'il anime : il est plutôt le plus souvent, quand le sujet porte sur l'économie et le social, le cinquième larron pour déverser la propagande ultra-libérale de Maximal Productions, du groupe Lagardère, dont le PDG est le "frère" de Nicolas Sarkozy). Aujourd'hui, le site n'évoque même plus les invités : "le journaliste donne les clés pour comprendre dans sa globalité un événement ou un sujet de première importance, en permettant aux téléspectateurs d'intervenir dans le débat ou de poser des questions par SMS ou Internet". Les invités exit de cette présentation, pourtant ils sont triés sur le volet. Quant au public, les SMS ont bon dos : admettons que certains messages qui défilent soient authentiques, il y a tout lieu de penser que la rédaction non seulement les sélectionne et met en avant les plus droitiers, mais encore n'hésite certainement pas à en créer de toutes pièces pour bien servir le fameux "animateur".

Et quand ce n'est pas Combaluzier qui "donne les clés", c'est Roux, Caroline, qui prend le relais le vendredi. Ci-devant épouse du patron de Facebook-France, ami très très proche de Nicolas Sarkozy (le couple ayant été marié par un curé intégriste, et ils s'en vantent dans les médias).

C'était déjà gratiné, mais Yves Calvi poursuit manifestement une évolution droitière : en serviteur zélé de son employeur, s'il était sur la ligne du Medef et des "experts" dits libéraux sur les questions économiques, il était jusqu'alors plus mesuré sur les questions sociétales et sur l'immigration (une partie du patronat, en effet, ne voit pas d'inconvénients à la venue d'immigrés, puisque d'une part, le chômage ne lui pose pas problème, malgré ses lamentations sur le sujet, et que d'autre part cela lui permet de jouer à la baisse sur les salaires). Mais surfer sur l'auditoire (sur une opinion publique inquiète) conduit sans doute Maximal Productions à faire ce choix d'une ligne éditoriale qui frise la droite de l'UMP et le FN. C'est ainsi que lors d'une émission récente sur les réfugiés (14 octobre), Yves Calvi répétait jusqu'à plus soif les mots "crainte, angoisse, peur, haine, traumatisme, cohabitation quasi impossible, face à cet afflux de réfugiés, qui arrivent en flot continu", sous-entendu : on va être submergé, alors qu'on est "dans un pays où il y a des millions de chômeurs, des gens qui souffrent socialement, il y a des difficultés et, on l'a entendu [se cachant donc derrière la vox populi] on est en train de leur donner des appartements alors qu'on n'arrive pas à en avoir". Comme si on l'avait déjà entendu, lui, se préoccuper des gens qui souffrent. Et pourquoi a-t-il peur ? Parce que c'est son Café du commerce, mais aussi parce qu'il prépare mal l'émission : la preuve ? Il lâche qu'il y a 2,5 millions de réfugiés en Jordanie, alors que c'est environ un million (il confond sans doute avec la Turquie : 2 millions).

 Threard.jpg Yves Thréard

Il a son contingent de complices (la liste est trop longue pour la citer ici) : mais ce jour-là, à propos des réfugiés, il avait le soutien de son cher Yves Thréard, journaliste du Figaro, présent partout, sur toutes les chaînes de radio et de télé (entre autres RTL, BFM TV, iTélé,  LCP, LCI, France Inter),  défenseur d'une ligne à la droite de Les Républicains, donc à la droite de Nicolas Sarkozy, grand soutien des Balkany ripoux, complice des Zemmour et autre Rioufol. Il s'en prend à la "bien-pensance", au "politiquement correct", procédant régulièrement par circonvolutions pour dire et ne pas dire, esprit tortueux, qui finalement nie et défend la xénophobie due à une Europe qui "nous mène à la catastrophe", et volant au secours de Nadine Morano.

Et justement, il a fallu que C dans l'air fasse son émission sur la "race blanche" (le 1er octobre). Avant que le patron de Les Républicains disqualifie Nadine Morano. Alors Yves Calvi s'est agacé qu'on lui cherche des noises à cette pauvre femme (politique), et on comprend bien pourquoi quand il lâcha tout de go : "maintenant, il y a impossibilité à parler spontanément". Manifestement, il craint pour son job. Les débatteurs ont papoté  de façon consensuelle pour ironiser sur le mot race, comme si en le supprimant (du droit), disaient-ils, on supprimerait le racisme. Tous rigolards et indécents, ils lançaient les mots à supprimer : chômage par exemple, pour qu'il n'y en ait plus ! Ils se gardaient bien d'évoquer le fait que Mme Morano avait dit aussi, dans l'émission chez Ruquier, qu'il faut réquisitionner des avions pour renvoyer les réfugiés chez eux, et que certains d'entre eux vendent leurs enfants avant de partir. Et qu'auparavant elle avait condamné ces réfugiés pour n'avoir pas le courage de rester sur place, de résister et de se battre, comme nous l'avons fait en 40. Sans doute pas par hasard que les échanges sur le plateau de France 5 ont évité d'aborder l'ensemble des propos insoutenables que cette politique a prononcés, certainement en service commandé.

Parmi ces débatteurs se trouvait l'avocat Dupond-Moretti, dont on se demandait bien ce qu'il faisait là sinon pour reconnaître le droit de dire que la France est de race blanche et chrétienne, et dénoncer une "police de la parole". Mais surtout il prononça une phrase sibylline, scotchant l'assistance qui n'a pas osé le reprendre (ou qui l'approuvait), phrase  passée donc comme lettre à la poste : selon lui, on ne peut même plus parler librement en France, et certaines questions ne peuvent plus être abordées comme "le vrai problème des prestations sociales aux immigrés" ! M. le Grand Avocat, grand défenseur des libertés individuelles sous le soleil, lâche une grosse suspicion sans en dire plus. Il doit se vanter aujourd'hui de l'avoir dit sans être contesté. Aucun média ne l'a cité.

C_dans_lair_.jpg

Yves Calvi, le Branquignol

Yves Calvi s'est confié à VSD (le 16 septembre). Ayant un grand sens de l'humour ou faisant preuve d'une grande franchise, il admet qu'il aurait pu faire le Branquignol. En réalité, dans la lignée de Robert Dhéry, qu'il a bien connu grâce à Papa Calvi. Ce dernier fut un compositeur très connu, et de talent, dont notre grand journaliste, sans vergogne, a emprunté le pseudo pour empocher davantage de notoriété. L'homme, qui affiche sans fard son mépris pour les droits sociaux et le service public, qui n'a pas craint de livrer tout son dédain pour le peuple grec, qui dans le conflit à droite soutient manifestement Sarkozy contre Juppé, qui semble particulièrement perturbé par l'invasion des réfugiés en Europe, et qui prétend avoir la caution du citoyen lambda, dont on imagine qu'il le fréquente assidument, est persuadé d'être populaire. Il pense modestement "faire partie des cinq chevaux de tête" ! Un des 5 plus grands journalistes du pays, lui "l'intervieweur préféré des politiques" selon VSD (sans que Calvi ne s'insurge contre ce qui pourrait tout aussi bien être considéré comme une lourde critique). Content de son sort, il n'est pas tenté par la présentation d'un journal télévisé, sauf si son Pygmalion (Jérôme Bellay, un des pontes du groupe Lagardère-Europe 1) le lui demande. Pitié.

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Quant à Jérôme Bellay, directeur du JDD et directeur de Maximal (donc de C dans l'air), tant admiré par Yves Calvi, il a eu droit aux protestations des journalistes du JDD pour un titrage trop favorable à Marine Le Pen. Même Jean-Luc Lagardère, le PDG, s'en est ému. C'est dire. Manifestement le prétendu débonnaire Yves Calvi suit bien la trace de son Pygmalion.

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Que faire ?

On me dit souvent qu'il n'y a qu'une solution : ne pas écouter C dans l'air. Pourtant cette émission est très instructive sur la suffisance de cette droite imbue d'elle-même. Imaginons Catherine Nay, Yves Thréard, Ghislaine Ottenheimer et Marc Fiorentino débattant, avec Yves Calvi ou Caroline Roux, ou Alex de Tarlé, des questions sociales en France ! Cela vaut son pesant de bêtises et d'arrogance. D'autant plus qu'elle est presque toujours sans contradicteurs. Heureusement que, rarement, sont présents Eric Heyer ou Philippe Frémeaux (jadis il pouvait y avoir Bernard Maris) : alors les suffisants sont obligés d'en rabattre un peu. Non, le problème est le suivant : cette émission ne passe pas sur BFM-TV, sur une télé privée, mais sur le service public avec tromperie pour la plupart des téléspectateurs qui ignorent que ce temps d'antenne est vendu à un des pontes du patronat français. Il devrait y avoir convergence de luttes pour contester auprès du CSA que Maximal productions puisse ainsi occuper le terrain sans respecter les règles du service public. D'autant plus que, toujours sur France 5, Lagardère contrôle également C à dire et C politique.

 Catherine_Nay__-_Copie.jpgCatherine Nay, qui ne se contente pas de raconter ses dîners en ville, mais passe beaucoup de temps à surveiller les écrans de contrôle [capture d'écran France 5]

Billet n° 231

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  [Le blog Social en question est consacré aux questions sociales et à leur traitement politique et médiatique. Voir présentation dans billet n°100. L’ensemble des billets est consultable en cliquant sur le nom du blog, en titre ou ici : Social en question. Par ailleurs, tous les articles sont recensés, avec sommaires, dans le billet n°200]

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