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    100 000 chambres de bonne seraient inoccupées à Paris

    Lien publiée le 24 novembre 2015

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    Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

    Plus d'un million de mètres carrés sont inoccupés sous les toits de Paris et donc potentiellement transformables en logements. "Un million, c'est considérable!", s'exclame Ian Brossat, qui n'en croit toujours pas ses yeux. L'adjoint (communiste) à la maire de Paris chargé du logement vient de prendre connaissance d'une note de l'Atelier parisien d'urbanisme (Apur). Selon cette étude encore confidentielle, que s'est procurée le JDD, la capitale recèle 114.400 chambres de bonne, au dernier étage des immeubles bourgeois construits entre 1850 et 1914. Soit 1.200.000 m², si l'on considère une superficie moyenne de 10,5 m². Or, les "domestiques" qui vivaient sous ces combles sont partis depuis longtemps.

    "Des centaines de milliers de mètres carrés transformables"

    Seulement 17.251 de ces "chambres de service" sont aujourd'hui habitées, à peine 15%, a constaté l'Insee lors du recensement de 2011. "C'est-à-dire plus d'un million de mètres carrés vides. Quelle formidable opportunité de créer des logements. Nous comptons bien partir à la conquête de ce potentiel", annonce Ian Brossat. Certes, ces mansardes ne sont pas inoccupées sans raison. Elles sont souvent d'un confort médiocre ne correspondant plus aux standards d'aujourd'hui. Si 81% d'entre elles se situent dans de beaux immeubles haussmanniens en pierre de taille (surtout aux 5e et 6e étages), elles ne disposent généralement que d'un simple évier, souvent sans eau chaude, rarement d'une douche, et exceptionnellement de WC. Elles sont également mal isolées et mal raccordées au reste de l'immeuble, voire accessibles uniquement par un escalier de service.

    Autre explication : leur taille. Selon l'Apur, plus de la moitié des chambres de bonne parisiennes (58.300, soit 51%) mesurent entre 5 et 8 m². Les propriétaires de ces micro-logements n'ont donc pas le droit de les louer, mais peuvent les utiliser pour leur usage personnel (chambre d'ado ou simple grenier). Les autres pièces recensées (56.200) dépassent le "seuil d'habitabilité" fixé par le décret sur le logement décent ; la grande majorité d'entre elles affiche une superficie de 9 à 14 m²*. La plupart de leurs locataires ou occupants sont des étudiants, des jeunes salariés ou des familles modestes.

    Les bailleurs sociaux pourraient faire des acquisitions

    Fort de cette découverte, Ian Brossat entend en profiter pour "créer de nouveaux logements, en regroupant des chambres aujourd'hui inhabitables ; nous cherchons à activer tous les leviers possibles, celui-ci n'a pas été exploré jusqu'ici". Anne Hidalgo s'est engagée à créer 10.000 logements par an, dont au moins 7.000 sociaux. Son adjoint affiche aussi des objectifs de mixité sociale, "à l'échelle des immeubles et à l'échelle des quartiers". Or l'étude de l'Apur met en évidence une répartition extrêmement déséquilibrée : l'immense majorité des chambres de service, dont celles vacantes, se situe dans l'ouest de la capitale. Le 16e en dénombre 34.000 (30% du parc parisien) ; le 17e, 14.900 (13%) ; les 7e et 8e, 11.900 chacun (10%). L'élu communiste rappelle au passage que le 16e arrondissement ne compte que 3% de logements sociaux.

    Deux pistes sont envisagées par la mairie pour transformer une partie de ces combles en habitations. La première consiste à "accompagner les propriétaires, y compris financièrement", pour les inciter à faire des travaux, rendre leur chambre de bonne habitable ou en réunir deux, par exemple. "En échange, ils s'engageraient à louer leur bien en dessous du prix du marché aux classes moyennes et modestes." Le dispositif baptisé Multiloc', qui existe déjà pour les appartements classiques, serait donc étendu aux chambres de bonne. L'autre "modalité d'action possible", poursuit Ian Brossat, serait une vague d'"acquisitions par des bailleurs sociaux" auprès des propriétaires qui "souhaitent se débarrasser" de leurs mètres carrés inutilisés au dernier étage. Cette solution permettrait de créer du "logement social dans le diffus". Dans les deux cas, une campagne de communication doit être menée auprès des propriétaires.

    Décidée à aller vite, la Ville a d'ores et déjà mandaté la Soreqa (Société de requalification des quartiers anciens) et l'Apur en vue de réaliser une étude d'ingénierie sur la réhabilitation des chambres de bonne. Cette étude doit être remise au premier semestre 2016. Ian Brossat n'imagine pas convertir un million de mètres carrés inutilisés en logements, mais mise déjà sur "plusieurs centaines de milliers de mètres carrés transformables".

    * Depuis la loi de finances de 2012, les "micro-logements" de moins de 14 m² sont soumis à une taxe sur les loyers abusifs s'ils sont loués plus de 40 euros/m² à Paris.

    Bertrand Gréco - Le Journal du Dimanche

    dimanche 22 novembre 2015