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En Espagne, des élections plus ouvertes que jamais
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
(Le Monde) Les élections qui se tiennent dimanche en Espagne signeront-elles la fin du bipartisme sur lequel s’est construite la jeune démocratie espagnole après la mort de Franco en 1975 ? L’émergence de nouveaux partis, Podemos – à la gauche des socialistes – et Ciudadanos – au centre –, portés par l’indignation née des politiques d’austérité et des scandales de corruption à répétition porte à le croire. Si les deux grands partis, le Parti populaire (PP, droite, au pouvoir) et le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), veulent gouverner, ils devront sans doute s’allier avec l’un d’eux. Retour sur les enjeux et les forces en présence de ce scrutin qui ne suffira sans doute pas pour savoir qui prendra les rênes de l’Espagne ces quatre prochaines années.
Un résultat imprévisible
Avec encore 20 % d’indécis à trois jours du vote, le scrutin de dimanche est imprévisible. Ces derniers jours, les sondages, interdits en Espagne mais publiés dans la presse de la principauté voisine d’Andorre, témoignent de la volatilité du vote. Les deux jeunes formations, Ciudadanos et Podemos, aspirent à voler au PSOE la deuxième position, derrière le PP qui part favori. Néanmoins, le système électoral, un scrutin proportionnel de liste par circonscription, favorise les grands partis très implantés localement.
Le Parti populaire, favori mais sans majorité
Le PP est donné vainqueur des élections par tous les sondages avec entre 25 et 30 % des suffrages, soit entre 15 et 20 points de moins qu’aux élections législatives de 2011 qu’il avait remporté avec 44,6 % des suffrages, lui octroyant une majorité de sièges au Parlement. Ce score obligerait le chef du gouvernement, Mariano Rajoy, candidat à la réélection, à chercher le soutien d’un autre parti. Mais aucun, pour le moment, ne semble prêt à lui accorder, du fait de l’impopularité des mesures d’austérité qu’il a prises durant la crise et des scandales de corruption qui touchent son parti. Il compte cependant sur un vivier d’électeurs fidèles, en particulier chez les plus de 65 ans et son principal argument de campagne est la reprise économique et la baisse du chômage, malgré la précarité de celle-ci. Il a promis de créer 500 000 emplois par an s’il est élu.
Le Parti socialiste ouvrier espagnol, en danger
Pour le PSOE, ces élections sont à haut risque. Pris en étau entre Podemos et Ciudadanos, il risque de perdre la deuxième position en nombre de voix. Depuis le tournant de la rigueur pris en 2010 par le précédent président du gouvernement José Luis Rodriguez Zapatero, et sa décision de convoquer des élections anticipées, en 2011, perçues comme un aveu d’échec et une incapacité à affronterla crise économique, le PSOE ne cesse de perdre des voix à chaque élection. S’il veut gouverner, Pedro Sanchez devra obtenir le soutien de Podemos ou de Ciudadanos. Il a déjà envoyé des signaux à gauche en promettant de demander à Bruxelles un rééchelonnement des objectifs de déficit public afin d’adoucir les mesures d’austérité. Mais s’il arrive en troisième position, une crise interne pourrait porter à la présidence du PSOE sa rivale en Andalousie, Susana Diaz. Proche de l’ancien président du gouvernement Felipe Gonzalez, certains analystes la croient capable d’accepter une grande coalition avec le PP.
La remontée de Podemos
Le parti de Pablo Iglesias est remonté dans les sondages ces dernières semaines, après avoir bénéficié, durant la campagne, du soutien de la maire de Barcelone, la très populaire activiste du droit au logement Ada Colau. Il pourraitarriver en tête en Catalogne où il a promis d’organiser un référendum sur l’indépendance s’il est élu. Son programme, élaboré avec la participation de milliers de personnes et voté par 15 000 personnes, prévoit d’introduire un revenu garanti de 600 euros pour tous ou encore d’augmenter de 10 points, de 45 à 55 %, l’impôt sur le revenu de ceux qui gagnent plus de 300 000 euros par an. Son objectif : devancer les socialistes et obtenir leur soutien pour gouverner.
Ciudadanos, le parti centriste
Un temps placé devant le PSOE dans certains sondages, le parti centriste, antinationaliste et anticorruption d’Albert Rivera se dégonflera-t-il ? Après une fin de campagne décevante, marquée par plusieurs cafouillages et le refus annoncé de voter l’investiture aussi bien de Mariano Rajoy que de Pedro Sanchez, la jeuneformation antinationaliste catalane semble en perte de vitesse. Elle défend un contrat unique, afin de limiter le recours aux CDD, promet des baisses d’impôts, la suppression du Sénat et une refonte du système judiciaire.