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Hollande et son état d’urgence auraient-ils rétabli la peine de mort ?

attentats

Lien publiée le 9 janvier 2016

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://www.revolutionpermanente.fr/Un-homme-abattu-a-Cergy-Hollande-et-son-etat-d-urgence-auraient-ils-retabli-la-peine-de-mort

A Cergy, Mehdi, 32 ans, a été assassiné à bout portant par la police ce jeudi soir. Après s’être retranché dans un appartement de sa résidence, « silencieux et sans revendication », les forces de répression ont forcé l’entrée du logement. L’homme, muni d’un ou plusieurs couteaux, persuadé « que des gens voulaient le tuer », une crainte qui l’avait mené à alerter cette même police le jour même vers 14h30, a été abattu de plusieurs coups de feu.

Damien Bernard

Traité comme un nouveau fait divers par le gouvernement, la police, et les médias dominants, c’est en réalité un deuxième assassinat en 24h pour le bras armé du gouvernement. Alors que de concert ils argueront, une fois de plus, la légitime défense, ce nouveau crime policier, qui fait suite à la mort de Babacar Gueye, un sénégalais de 27 ans, début décembre à Rennes, devient désormais monnaie courante. Il est alors légitime de se poser la question suivante : la police aurait-elle, sur fond d’état d’urgence, obtenu un permis de tuer ?

La recherche du buzz permanent

Profitant de l’atmosphère anxiogène entretenue par le gouvernement autour des attentats et l’état d’urgence, les médias dominants ont colporté, dans leur recherche du buzz, nombre d’informations non vérifiées. « Il aurait attaqué à l’arme blanche le passager d’un bus qui venait de descendre », affirme le Parisien ; une information démentie le soir même dans un article du Figaro, sur la base d’une nouvelle version des faits du procureur. "Hier vers 18h30, un homme a pénétré chez ses voisins" en passant par la corniche de son immeuble au 3e étage et "les a menacés avec un couteau". Ainsi les voisins ont été menacés sans être blessés, signe que l’homme, en proie à une crise de folie, aurait cherché à fuir « des gens » qui « voulaient le tuer ». Ironie du sort, ces personnes se sont révélées être les policiers.

Même si le conditionnel est utilisé, ces premières informations, provenant des forces de répression et du procureur, font le ton de la presse. Celle-ci n’hésite pas à en rajouter, trouvant toute forme de justification à l’assassinat : on pointe du doigt le caractère « très exigu » du logement ; on monte en épingle l’attaque au couteau, suite à l’intervention de la police, qui a blessé « très sérieusement » le bras d’un policier. Bien heureusement, le policier blessé sera opéré dans la nuit et « ses jours ne sont toutefois pas en danger », tandis que le « forcené » est « décédé quelques minutes plus tard ». La vie d’un « déséquilibré » vaut en effet bien moins que celui d’un chien policier comme Diesel.

A la recherche d’un mobile du crime…

La police est coupable d’un deuxième assassinat en 24h. Quelques heures après avoir abattu Tarek Belgacem, « déséquilibré », à la Goutte d’Or à Paris, les forces de répression récidivent. Armé d’une lame de boucher, l’homme a été abattu de cinq balles par le police, dans la matinée. La « ceinture d’explosif », qui s’est avérée factice, est devenue au fur et à mesure de l’éclaircissement de l’affaire, le mobile du crime des policiers du commissariat du 18ème arrondissement de Paris.

Pourtant à Cergy, il n’en est rien. L’homme « devenu paranoïaque depuis l’été dernier », connu pour troubles psychologiques, était armé d’un ou plusieurs couteaux dont il a fait usage suite à l’intervention de la police dans l’appartement dans lequel il s’était retranché. Cette fois-ci, point d’engin explosif, point de « terroriste », point de « signe de radicalisation », les mobiles du crime du 18ème arrondissement ne tiennent plus.

… un coupable tout trouvé, un Tazer « défaillant » ?

L’imagination des forces de l’ordre et des médias dominants sont sans limites. Le caractère « très exigu » du logement, soi-disant élément décisif dans une lutte qui aurait dérapée contre plusieurs policiers armés jusqu’aux dents, n’est pas très crédible pour expliquer ces tirs. La faute en reviendrait alors à un « Taser » défaillant. Selon cette dernière version, les forces de l’ordre auraient eu recours au Taser® pour neutraliser le « forcené », en vain, explique le procureur. « Celui-ci n’a pas eu d’effet. On ne sait pas encore pourquoi. Est-ce les électrodes qui n’ont pas atteint la cible ? Y-a-t-il eu un dysfonctionnement de l’appareil ? Quoi qu’il en soit, l’individu ne s’est pas effondré et a continué à porter des coups de couteau vers les policiers. L’un d’eux a alors tiré plusieurs coups de feu avec son arme et abattu l’homme. »

Le meurtre de Mehdi, qui entendait, selon la gardienne, « quelqu’un dans sa tête qui l’insultait », se réduit ainsi à un débat technique qui pourrait bien déboucher sur une attaque en justice contre la société « Taser » pour vente de produit défaillant. En réalité, ce sont deux enquêtes d’une toute autre nature qui seront lancées. Rassurons-nous, ce ne seront pas les conditions de l’assassinat qui seront mises en lumière. Mais il y aura bien deux investigations : l’une pour « tentative d’homicide volontaire sur personne dépositaire de l’autorité publique » ; l’autre pour « violences volontaires avec arme ayant entraîné la mort sans intention de la donner ». Deux enquêtes pour une justice à deux vitesses. On se doute bien de leurs conclusions ; il n’y aurait rien d’étonnant à voir conclure l’usage de la légitime défense des policiers contre un « déséquilibré » qui a « pété les plombs en début d’après-midi ».

Une peine de mort pour les « terroristes » ?

Avec la normalisation de l’état d’urgence permanent et sa constitutionnalisation, bien préparée, par les assignations à résidence, la traque aux « personnes radicalisées », les perquisitions des mosquées et les interdictions de manifestations, jusqu’aux agressions et meurtres policiers, les forces de répression se sentent aujourd’hui légitimées et encouragées à utiliser tous les moyens pour arrêter quiconque ose faire un geste mal placé, allant jusqu’à la mort. Cette peine capitale, même un policier en dehors de son service, pourra l’appliquer, son port d’arme étant désormais autorisé à tout moment.

Après avoir intégré dans son programme la déchéance de nationalité, une mesure de la droite et de l’extrême droite, Hollande et son gouvernement ne sont-ils pas aujourd’hui en train de rétablir, dans la pratique de l’état d’urgence, la peine de mort pour les « terroristes », et en l’occurrence envers toute personne contrevenant aux ordres donnés par la police ayant un comportement « non prévisible », « suspect », ou « dangereux » ?

Et c’est une nouvelle fois dans le programme de l’extrême droite que le gouvernement PS pioche. Bien que pour le moment, ce ne soit pas légalisé, ne serait-ce pas, en pratique, le fameux rétablissement de la « peine de mort pour terroriste » proposée par Jean Marie Le Pen ? Oui, à une nuance près, ce n’est pas la décapitation, prônée par le FN, qui est mise en œuvre mais bien l’usage d’arme à feu, visant à tuer.