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Pays-Bas: un ex-soldat parti combattre Daesh peut-être mis en examen pour meurtre
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
(Le Monde) La justice néerlandaise pourrait mettre en examen pour meurtre Jitse Akse, un ancien militaire de 46 ans qui s’est rendu en Syrie pendant une dizaine de mois pour combattre l’organisation Etat islamique (EI). Arrêté mercredi 13 janvier à Arnhem, il a été libéré sous condition le lendemain, en échange de la remise de son passeport aux autorités. Il avait indiqué son intention de retourner prochainement en Syrie.
L’affaire prend des proportions considérables aux Pays-Bas, où des pétitions de soutien, mises en ligne vendredi 15 janvier, ont récolté près de 50 000 signatures. Caché et refusant tout contact avec la presse, M. Akse s’est dit « ahuri » mais heureux de l’intérêt qu’il suscite. Le député d’extrême droite Geert Wilders estime qu’au lieu d’être inculpé, il devrait être « décoré ». L’association des vétérans de l’armée lui a également apporté son soutien et des badges « Support Jitse » sont vendus pour financer ses frais de justice. Le chef de file des libéraux du VVD (le parti du premier ministre Mark Rutte) au Sénat, Annemarie Jorritsma, a, en revanche, jugé que les poursuites engagées étaient justifiées.
Quelques centaines d’étrangers parmi les YPG
Yeux clairs, cheveux en bataille et visage émacié, M. Akse est rentré des zones de combat en novembre 2015. « Pour se ressourcer », mais avec l’intention, a-t-il affirmé, de rejoindre rapidement les troupes kurdes des Unités de protection du peuple (YPG) aux côtés desquelles il a, dit-il, combattu durant une dizaine de mois, dans la région de Kobané notamment. Les YPG sont la branche armée du Parti de l’union démocratique (PYD), l’aile syrienne du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
Revendiquant 35 000 combattants, les YPG regrouperaient quelques centaines d’étrangers, Américains, Australiens et Européens, dont une dizaine serait morts. M. Akse dit avoir côtoyé un Français, deux Britanniques et un Canadien. En octobre 2015, Amnesty International a accusé les YPG de crimes de guerre.
L’ancien militaire, issu d’un quartier populaire de Leeuwarden, dans le nord du royaume, engagé dès l’âge de 17 ans dans l’armée, a livré quelques interviews dans lesquelles il disait avoir tué des membres de l’Etat islamique, refusant toutefois de dire combien. Il avait aussi tenu ses proches au courant de son voyage, via Facebook. C’est sur la base de ces révélations que le parquet l’a fait appréhender et présenter devant un juge d’instruction. La justice a indiqué que M. Akse – qui se défend d’être « un mercenaire ou un recruteur » – ne pouvait être assimilé aux soldats néerlandais qui entraînent des forces irakiennes et kurdes engagées dans la lutte antiterroriste.
Sentiment d’ennui
Ex-membre des forces aéronavales, M. Akse a été membre de Dutchbat, le bataillon de casques bleus néerlandais déployés en Bosnie. Leur inaction a favorisé le massacre de 8 000 musulmans par les forces serbes à Srebrenica. En 2014, un tribunal de La Haye a donné raison à des familles de victimes, en jugeant l’Etat néerlandais civilement responsable de la passivité de ses soldats. Cette affaire a causé un profond traumatisme dans le royaume.
Caserné à Zagreb, M. Akse n’était pas à Srebrenica au moment des massacres. Il explique toutefois que ce qui s’est déroulé à l’époque dans l’enclave a motivé son départ pour la Syrie. « Je trouvais que nous devions arrêter l’Etat islamique », a-t-il dit. Il souligne aussi qu’un sentiment d’ennui l’a incité à gagner la Syrie : « La société civile, ce n’est pas mon monde », a-t-il déclaré.
« JE TROUVAIS QUE NOUS DEVIONS ARRÊTER L’ETAT ISLAMIQUE »
Surnommé « The Dutch Falcon » par ses compagnons d’armes des YPG, M. Akse a souligné les difficultés auxquelles sont confrontés ces derniers : un équipement sommaire, des armes vétustes et la dureté des combats, qui auraient fait un millier de morts dans les rangs des Unités de protection du peuple.
Des juristes, dont l’avocate de l’ancien militaire, Me Mireille Grinwis-Veldman, affirment que M. Akse ne peut être condamné sur la base des seuls propos qu’il a tenus dans les médias. Ses déclarations sont jugées trop générales. « Des aveux ne suffisent pas, il faudra une enquête sur place pour rassembler des preuves », souligne Göran Sluiter, avocat et professeur de droit pénal international à l’université d’Amsterdam.