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    Syrie. La France accepte d’écarter les Kurdes des pourparlers

    international Syrie

    Lien publiée le 1 février 2016

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    Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

    http://www.humanite.fr/la-france-accepte-decarter-les-kurdes-des-pourparlers-597333

    Soutenue par l’Arabie saoudite, le Qatar, la Turquie et la France, une frange de l’opposition, dans laquelle on trouve beaucoup d’islamistes, menace de ne pas se rendre à Genève si les Kurdes, dont la branche armée est à l’origine des défaites de Daech en Syrie, est présent.

    Que les négociations de paix intersyriennes se tiennent ou non vendredi à Genève, le climat est de toute façon plutôt orageux. Prévues pour démarrer lundi, celles-ci avaient été retardées de quelques jours. On parlait alors de la fin de semaine. Et ce n’est pas le fait du gouvernement syrien, qui a répondu favorablement et a déjà désigné deux diplomates de haut rang et d’expérience pour venir en Suisse. Les « blocages », pour reprendre les termes de l’envoyé spécial des Nations unies pour la Syrie, Staffan de Mistura, tenaient à la composition de la ou des ­délégations de l’opposition. Parrainé par l’Arabie saoudite, la Turquie et le Qatar – toujours ce même trio – et soutenu sans modération par la France, le Haut Conseil pour les négociations (HCN), organe d’une partie de l’opposition syrienne, disait attendre des éclaircissements de la part des Nations unies avant d’annoncer s’il participait ou non aux discussions de paix. ­Officiellement, le HCN, créé le mois dernier dans la capitale saoudienne, comprenant des groupes politiques et de l’insurrection armée, exige l’arrêt des bombardements sur les zones civiles, la levée du blocus des villes syriennes assiégées et la libération de prisonniers pour se rendre à Genève. « Il y a une question que nous voudrions clarifier avec de Mistura : “Est-ce que le principal objectif de ces négociations, c’est d’aboutir, ou bien simplement de se tenir ?”, a déclaré un membre du HCN, Riyad Naasan Agha. Nous sommes sérieux quand nous parlons de paix. Nous croyons en une solution politique et nous attendons la réponse de l’ONU. »

    Les véritables raisons de tergiversations diplomatiques

    Des déclarations qui cachent mal les ­véritables raisons de ces tergiversations. Si Paris estime que le HCN est le seul organe représentatif de l’opposition, ce n’est pas le cas dans la réalité. Bien que disposant de plus faibles moyens et de moins de soutiens occidentaux, le Conseil démocratique syrien (CDS), que dirige Haytham Manna, rassemble des groupes laïques et des figures progressistes. Surtout, le CDS est également représentatif des populations kurdes puisqu’il est codirigé par Saleh Muslim, président du Parti de l’Union démocratique (PYD) du Kurdistan de Syrie (Rojava) dont la branche armée, YPG-YPJ, participe aussi aux Forces démocratiques syriennes (FDS), regroupant des troupes kurdes et arabes et qui infligent de sérieuses défaites à Daech.

    Ne pas prendre en compte les revendications des Kurdes

    Cette présence du PYD n’est pas du goût de la Turquie, qui a d’ores et déjà fait savoir que dans une telle éventualité elle ne participerait à aucune discussion. Un desideratum repris par la France. Hier matin, c’est le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, qui s’est cru obligé d’annoncer publiquement ce que de Mistura n’avait pas fait, sans doute pour tenter de débloquer la situation : le PYD ne serait pas invité. Dans l’entourage du ministre on a bien tenté de désamorcer la crise en insistant sur le fait qu’« il est évident qu’à la fin ils (le PYD) devront être associés à un accord définitif ». Mais, a-t-on souligné, « aujourd’hui il ne faut pas faire exploser la plate-forme de l’opposition », le HCN. « Nous avons une plate-forme cohérente. L’opposition considère que le PYD ne fait pas partie de l’opposition au régime de Damas, donc elle estime qu’il n’a rien à faire de ce côté de la table. » En réalité, depuis le début du soulèvement en Syrie, ni le Conseil national syrien ni la Coalition nationale syrienne n’ont voulu prendre en compte la revendication des Kurdes, écartant de fait leurs représentants. De même, sur le terrain, ce sont bien les forces kurdes qui ont infligé les plus grandes défaites à l’organisation dite de l’« État islamique ».

    Cerise sur le gâteau : le chef de la délégation du HCN est issu de Djaïch al-Islam (l’Armée de l’islam), membre de Djaïch al-Fatah (Armée de la conquête) avec Ahrar al-Cham et le Front al-Nosra (al-Qaida en Syrie). C’est dire la vision de la Syrie que défend une partie de cette opposition, que le ­représentant du PYD en France, Khaled Issa, qualifie d’« ultranationaliste et islamiste, dont certains faisaient partie de l’appareil de répression de Bachar Al Assad, notamment un ancien premier ministre ».

    Le PYD dénonce les pressions turques. Représentant en France du Parti de l’union démocratique du Kurdistan de Syrie (Rojava), Khaled Issa dénonce l’attitude d’une partie de l’opposition syrienne qui accepte « la pression de la Turquie, mais aussi de l’Arabie saoudite et du Qatar pour qu’une organisation démocratique ne participe pas aux discussions. Nous exclure signifie pas de solution démocratique. Un système démocratique tel que nous le prônons et le mettons en place est un danger pour ces pays. C’est aussi peut-être une préparation pour l’invasion par la Turquie du nord de la Syrie, que nos forces contrôlent. Nous constatons beaucoup de préparatifs militaires sur les frontières du Rojava. Nous ferons abstraction totale de décisions prises en notre absence ».