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Les associations présentes à Calais s’opposent à l’éviction de la "jungle"

Lien publiée le 18 février 2016

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

(Le Monde) Elles l’ont toutes signée. Les associations nationales qui œuvrent à Calais viennent d’adresser une lettre au ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, lui demandant de « surseoir à l’évacuation » de la moitié de la « jungle ». Vendredi 12 février, la préfète du Pas-de-Calais, Fabienne Buccio, avait annoncé qu’elle donnait une semaine aux exilés qui campaient sur la moitié sud de la lande, à quelques kilomètres de Calais, pour quitter les lieux. Elles leur proposent ou de s’installer dans des conteneurs, qui offrent sept cent cinquante places, à quelques centaines de mètres, ou de rejoindre un centred’accueil et d’orientation (CAO) ailleurs en France.

Emmaüs France, le Secours catholique, le Secours islamique, la Cimade, la Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale (FNARS), Médecins du monde, ATD quart-monde et le Comité catholique contre la faim et pour le développement-Terre solidaire (CCFD-Terre solidaire) ont signé en commun une lettre de deux pages rappelant leur « profonde opposition à ce projet qui ne s’accompagne pas, à ce jour, de véritables solutions alternatives ». Il ne s’agit pas pour ces associations de s’opposer au démantèlement de la « jungle », mais de rappeler à l’Etat ses incohérences passées et l’absence de solutions d’accueil dignes, à leurs yeux, de ce nom. Déjà, elles qui ont dû déménager en avril 2015 les centaines de migrants campant dans la ville de Calais s’agacent du fait que les réfugiés qui « ont occupé la lande à la demande voire sous la contrainte des forces de l’ordre » pour vider le centre de la ville en soient aujourd’hui chassés.

Absence de comité de pilotage national

Mais elles analysent surtout les solutions proposées comme défaillantes, ou pour le moins « très loin de répondre aux besoins et aux problèmes rencontrés ». Pour elles, les centres d’accueil et d’orientation, qui ont reçu depuis le mois d’octobre 2015 près de trois mille migrants un peu partout en France, ont été « mis en œuvre dans une telle improvisation qu’ils ne sont pas en mesure de répondre à leur objet : absence de comité de pilotage national, de coordination locale entre les services publics, élus locaux, opérateurs, associations… ». A cela s’ajoute l’inhumanité du camp de conteneurs voisin, où est censée aller une partie des personnes évacuées, qui ne « dispose pas de lieux de convivialité et où l’on semble vouloir tuer toute vie sociale », comme le regrette un bénévole interrogé cette semaine.

Les associations rappellent également au ministre que l’Etat a été récemment condamné pour ses « défaillances manifestes y compris pour les plus vulnérables ». Le juge du tribunal administratif de Lille vient en effet de rappeler que la France ne remplissait pas ses devoirs envers les mineurs isolés. Pour les signataires, l’évacuation prévue ne ferait donc « qu’ajouter des tensions aux tensions et fragiliser plus encore les quelques milliers d’exilés que la France et la Grande Bretagne se montrent incapables d’accueillir convenablement ».

Par ailleurs, profitant du contexte de « Brexit », qui autorise une mise à plat des relations franco-britanniques, les associations ont élargi leur missive à une requête plus politique : la renégociation des accords du Touquet, qui placent la France et Calais dans cette situation, à leurs yeux inacceptable.