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Projet d’une fédération CGT lycéen-nes et étudiant-es

syndicalisme

Lien publiée le 21 février 2016

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://syndicaliste.phpnet.org/spip.php?article558

Parti de Douai et de Valenciennes, un Syndicat des Etudiant-es et lycéen-nes CGT (SEL-CGT) s’est constitué. Dans le cadre d’une généralisation du SEL dans chaque localité, le projet pour une Fédération CGT des Lycéens et Etudiants est apparu. Un texte d’appel commence à circuler, que nous relayons. Les Comités Syndicalistes Révolutionnaires rendent hommage à cette jeunesse syndicale qui entend bousculer les vieux principes, dépassés, de notre Confédération, dans son propre intérêt (l’avenir de l’organisation de la jeunesse tout comme l’avenir de la CGT), et soutiennent cette initiative visant à syndiquer les lycéen-nes et les étudiant-es dans la Confédération.
Le texte d’appel ci-dessous :

A 120 ans, il est temps pour la CGT de s’offrir une seconde jeunesse

La campagne CGT de syndicalisation et notamment « syndiquer des jeunes » est un thème récurrent qui alimente les discussions, voir parfois les passions, dans la confédération depuis des années. « Il n’y a pas de relève », « mais que fait la jeunesse ? » sont dans beaucoup de bouches. Oui, disons les choses, la CGT est une organisation vieillissante comparée à ses débuts où elle pouvait compter sur des jeunes responsables (la plupart des dirigeants CGT avaient moins de 30 ans) et sur ses sections « Jeunesse Syndicaliste ». Aujourd’hui, un-e jeune travailleur-euse de 25 ans qui arrive dans la CGT constitue bien souvent un exploit : c’est le/la plus jeune du syndicat, de l’UL voir de l’UD, mais en plus c’est bien souvent un/une jeune qui est arrivé-e là par conviction, car, soyons réalistes, rien n’est fait pour attirer les jeunes et rien n’est fait pour les garder dans la CGT. Depuis Mai 68, la CGT est méfiante. Méfiante vis-à-vis d’une jeunesse qui serait incontrôlable et imprévisible, trop radicale, trop indépendante et trop loin de la réalité du travail.

Lycéen-nes et étudiant-es : travailleurs/euses en formation donc travailleurs/euses à part entière !
Le « travail » justement, parlons-en. L’argument souvent mis sur la table pour justifier la non-syndicalisation d’un-e lycéen-ne ou d’un-e étudiant-e à la CGT est que « la CGT est une organisation syndicale de travailleurs/euses salarié-es, les étudiant-es et les lycéen-es ne sont pas des travailleurs/euses, encore moins des salarié-es » et que du coup c’est un problème « statutaire ». Posons-nous plutôt la question de « qu’est-ce que le travail ? ». N’est-ce pas le travail qui produit tout ce qui existe dans la société ? Si nous pensons que « travailleur » et « salarié » c’est pareil, qu’il faut être nécessairement un « salarié » pour être un « travailleur », alors c’est que nous avons la même conception du travail que le capitalisme et que les patrons... 
C’est au collège que les premières réunions d’orientation ont lieu pour les élèves. C’est là, suivant les résultats scolaires et/ou les difficultés rencontrées, qu’on commence à orienter les élèves entre filières professionnelles et filières générales. Le /la collégien-ne est déjà perçu-e comme un-e travailleur/euse en formation, « tout ce qu’il/elle apprend lui servira pour plus tard ». N’a t-on jamais entendu « réussis tes études, tu iras loin dans la vie » ? Dès le collège, l’éducation scolaire et l’orientation sont faites de manière à répondre aux besoins de la future vie active et aux besoins du futur employeur. « Si tu ne veux pas être à la rue plus tard, travailles à l’école ! », combien ont déjà entendu cette phrase dans le système scolaire ou dans leur famille ? C’est tout le système éducatif et toute la société qui considèrent les jeunes, dès le collège, comme de « futurs travailleurs/euses » donc des travailleurs/euses en formation. La CGT doit tenir compte de cette réalité. C’est encore plus vrai au lycée où l’acquisition du BAC est considéré comme un diplôme « pré-professionnel » ou comme étant la « première porte ouverte vers la vie professionnelle ». Dès le lycée on peut rentrer en filière professionalisante, en apprentissage. On est alors bien considéré comme « travailleur/euse en formation », « apprenti-e ». C’est au lycée qu’on perçoit aussi à quel point notre jeunesse a du mal à faire un choix d’orientation : une grande majorité des lycéen-es en terminale ne savent toujours pas ce qu’ils/elles feront après le BAC. N’y aurait-il pas un effet bénéfique à ce que la CGT, en tant que confédération syndicale composée de travailleurs/euses, aide notre jeunesse à s’orienter ? C’est au contact des travailleurs/euses et de leurs expériences que les jeunes auront la meilleure idée du travail et pourront peut-être même se découvrir quelques passions, et non pas au contact des patrons qui se rendent dans les forums et salons d’orientation, ne connaissant même pas la réalité du terrain. C’est dans le syndicat, aux côté des travailleurs/euses que les jeunes pourront également se renseigner sur les opportunités d’embauche et les secteurs qui recrutent.
Mais, au-delà d’une question de statuts ou de bon sens, la place des jeunes dans le syndicalisme CGT est déjà censée être résolue. D’une part, par l’adhésion individuelle à une UL (garantie par les statuts), d’autre part, par les résolutions du 49ème Congrès Confédéral où la CGT a validé le développement des « syndicats locaux » pour faire face aux difficultés rencontrées par les « syndicats d’entreprise ». Le syndicat local permet non pas l’adhésion par boîte, mais l’adhésion sur une base de branche professionnelle, c’est-à-dire que l’apprenti dans le bâtiment peut adhérer au syndicat local du bâtiment, tout comme l’actif, le chômeur/privé d’emploi et l’intérimaire. Il s’agit donc bien de relier la jeunesse au syndicalisme par l’orientation professionnelle et l’apprentissage.

Se donner les moyens d’un avenir pour la jeunesse et d’un avenir pour la CGT
On l’a dit, la CGT est vieillissante, un-e syndiqué-e qui a plus ou moins 25 ans est un exploit en soit dans beaucoup de départements et régions. Notons que, pour les rares cas où ces jeunes se syndiquent, ils viennent grossir, pour la plupart, les rangs de ces milliers de « syndiqué-es isolé-es » qu’a notre Confédération. A côté de ça, les mouvements politiques de jeunesse et les syndicats lycéens et étudiants sont en crise et disparaissent petit à petit. Pour ces organisations, il n’y a plus d’activité en dehors d’élections et de temps forts de mobilisations. Il y a un isolement et un désintérêt généralisé de notre jeunesse qui est le reflet du désintérêt que nous lui portons. Cet isolement monotone peut conduire à des dérives radicales, comme ces jeunes qui rejoignent DAESH via internet car il n’y a plus rien à faire dans le quartier. Nos organisations ont déserté les quartiers il y a longtemps, se repliant sur l’entreprise. C’est oublier que le capitalisme est global, lui, et que la loi des patrons est omniprésente. En tant qu’organisation défendant les intérêts des travailleurs-euses, notre regard doit être tout aussi global. Un repli de notre part signifie une avancée pour nos adversaires.
Ce sont les 18-30 ans qui subissent de plein fouet les contrats précaires et le chômage. Intégrer et former syndicalement notre jeunesse dès le lycée, c’est se donner les moyens d’avoir des syndicalistes qui ne se laisseront pas marcher dessus au moment de rentrer dans la vie active. C’est se donner les moyens de renouveler nos équipes militantes qui peuvent s’épuiser. C’est aussi tenter de faire barrage à l’effondrement actuel des mouvements de jeunesse, en conciliant autonomie et intégration des jeunes dans une organisation interprofessionnelle et intergénérationnelle. Peut-être alors redresserons-nous la barre et la tête face au déluge de lois rétrogrades qui nous tombe dessus et qui est entrain de détruire ce que nos prédécesseurs ont mis tant de temps à construire avec tant de sacrifices. Syndiquer et former la jeunesse c’est tout simplement garantir l’avenir de notre confédération, et donc garantir les luttes et les résistances à venir.

La CGT doit analyser et tirer les leçons de la « génération CPE ». C’est toute cette génération de lycéen-nes et d’étudiant-es qui a connu à partir de 2005 les mouvements successifs contre la loi Fillon, le CPE/CNE, la LRU, la réforme des retraites, et qui aujourd’hui constitue les jeunes travailleurs/euses de 25-30 ans. Où est passée cette génération, ces dizaines de milliers de jeunes militant-es qui composaient les comités de lutte, les assemblées générales, les coordinations lycéennes et étudiantes, qui animaient les grèves, qui manifestaient aux côtés des organisations syndicales ? Comment expliquer que c’est cette génération qui aujourd’hui constitue le vote majoritaire pour le Front National (30 % chez les moins de 35 ans, soit 5 points de plus que la moyenne du score au niveau national) ? Nous ne posons même pas la question de combien, de cette génération, ont rejoint depuis la CGT, ou une toute autre organisation...
La CGT a peut-être raté la plus grosse occasion de ces derniers temps de pouvoir concrétiser ses résolutions sur la syndicalisation, et s’est tirée une balle dans le pied en ne prenant pas en compte le formidable potentiel qui était à sa portée. La raison : « les lycéen-nes et étudiant-es ne sont pas des salarié-es », donc pas d’outils adéquats mis à disposition, pas de structures permettant d’intégrer, de syndiquer et de former ces milliers de jeunes qui étaient pourtant demandeurs.

Conclusion :

Considérant que le statut d’étudiant de l’enseignement supérieur est un statut précaire ne permettant pas l’épanouissement et l’indépendance de celui-ci dans le cadre de ses études ;
Considérant, de plus, que ce statut contraint la majorité des étudiant-es à se salarier en parallèle de leurs études au détriment de celles-ci dans un cadre de vulnérabilité accrue ;
Considérant que l’intérêt des étudiant-es, travailleurs/euses en formation, et celui de l’ensemble des salarié-es concorde ;
Considérant enfin la population lycéenne en filières professionnelles, techniques ou générales comme liée dans l’immédiat ou dans un avenir proche aux problématiques de la formation et de l’emploi,
Le collectif « Jeunes CGT » ne suffit pas. Nous proposons la création d’une Fédération CGT propre aux étudiant-es et aux lycéen-nes, quelle que soit la filière et l’orientation. Cette Fédération aura le rôle actuel de la « CGT Jeunes » c’est à dire une base de réflexions et d’actions autour de la spécificité de la jeunesse, permettant l’espace et l’autonomie adéquats dont celle-ci a besoin, en accord avec les principes fédéralistes de la CGT ; mais aura en plus un rôle éminemment syndical et professionnel, en accord avec les valeurs de la Confédération. La possibilité d’adhérer à cette Fédération commencera dès la seconde et durera le temps de la période pré-professionnelle (études/apprentissages secondaires, études et formations supérieures). Les jeunes de cette Fédération seront en contact direct avec les syndicats locaux et fédérations qui représentent les orientations et formations professionnelles de chacun-e. Par exemple : un-e étudiant-e d’enseignement supérieur qui fait ses études pour avoir des débouchés dans les secteurs de l’éducation, sera adhérent-e à la Fédération des Etudiant-es et Lycéen-nes, mais sera aussi en contact avec le syndicat de l’éducation (FERC) de son UL ; de même, un-e lycéen-ne qui apprend la menuiserie dans un lycée pro, sera adhérent-e à la Fédération des Etudiant-es et Lycéen-nes mais sera aussi en contact direct avec le syndicat local de la construction.

Nous proposons un amendement pour la création d’une Fédération CGT des Lycéen-nes et des étudiant-es

(Texte/appel de l’Union des Syndicats Etudiants et Lycéens et de syndicalistes CGT).

Si ta structure, ton syndicat soutient la démarche, envoie un mail à :
fede.amendement.cgt@gmail.com

Documents joints

PDF - 159.6 ko

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