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Irlande: les quatre leçons du scrutin
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
(Libération) Si les législatives de vendredi n'ont pas donné de majorité claire, selon des résultats encore provisoires, on peut néanmoins déjà en tirer un premier bilan.
Suspens et incertitudes en Irlande sur fond de révolte contre l’austérité. Aucune majorité claire ne se dessinait en effet dimanche alors que les deux tiers du nouveau Dail (la chambre basse, 166 sièges) était connu. Il n’empêche que, avant de connaître l’issue définitive de cette XXXIIe législative, on peut d’ores et déjà tirer – au moins –quatre leçons de ses résultats partiels.
1. Les peuples contre l’austérité
Après la Grèce, le Portugal et l’Espagne, et avant peut-être les élections à Chypre, les électeurs ont systématiquement renvoyé les gouvernements qui ont appliqué, souvent avec beaucoup de zèle, les saignées budgétaires imposées par la troïka, à savoir la Commission européenne, la Banque centrale européenne et le FMI. Ce sera donc à nouveau le cas de la coalition entre le Fine Gael (centre droit) et le Labour, en chute libre après avoir pourtant connu, en 2011, la plus grande majorité de l’histoire de la République.
2. La sanction contre les promesses non tenues
La coalition sortante est d’ores et déjà sortie : le Fine Gail et le Labour, ont, pendant cinq ans, promis beaucoup de larmes, tout en garantissant que certains services publics seraient préservés. Ils ont tenu la première partie de leurs promesses, dont la multiplication de taxes (dont une sur l’eau qui a frappé les plus démunis). Ils ont mis un mouchoir sur d’autres promesses, comme celle, que paie très cher le Labour, de ne pas augmenter les frais d’inscriptions des universités, lesquels ont finalement été multipliés par deux. Ou d’avoir délaissé le logement, qui connaît une crise sans précédent.
3. La croissance et la lutte contre le chômage ne suffisent pas
Il importe aussi que la redistribution, la lutte contre la pauvreté, les inégalités, se traduisent dans les faits. Le Taoiseach (le Premier ministre irlandais) Enda Kenny, a pu se targuer d’avoir remis l’économie sur les rails (6,9 % de croissance en 2015), divisé quasiment par deux le chômage qui avait explosé (8,6 % en janvier contre 15 % cinq ans plus tôt), il n’a cessé de se voir reprocher, lors de sa campagne express, la violence des coupes claires dans les services publics, la baisse des salaires des fonctionnaires. Il devrait certes arriver en tête avec environ 26 % de voix. Mais à l’arrivée, il est improbable qu’il s’allie avec le Fianna Fail (également de centre droit) son frère ennemi historique depuis la guerre civile des années 20, les deux partis se succédant alternativement au pouvoir depuis 1932.
4. L’attrait de la nouveauté paie
En Irlande, plus que jamais, le triomphe des candidats indépendants, dont beaucoup ont fait campagne contre l’austérité – à l’instar de la coalition People Before Profit–Alliance anti-austerity («Les gens avant les profits - Alliance anti-austérité»), illustre le désamour pour les partis traditionnels. Un exemple parmi d’autres : celui de Michael Harty, 63 ans. Ce médecin a décidé il y a trois semaines d’entrer en politique pour dénoncer l’abandon des services de bases dans les campagnes, à commencer par la santé (préoccupation numéro 1 des Irlandais). Nous l’avions suivi dans sa circonscription de Clare, au nord-est de Limerick, dans une région emblématique de la désertion de l’Etat-providence. Il a été l’un des premiers candidats élu haut la main.