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Licenciement économique : les grands groupes touchent le gros lot
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Les diverses modalités du projet de loi dit « El Khomri » du nom de la nouvelle ministre du travail vont globalement conforter ceux qui ont du travail plutôt que de créer de nouveaux emplois : tout est organisé pour que les surcroits d’activité soient couverts par une augmentation du temps de travail de ceux qui en ont plutôt que de proposer une activité à ceux qui n’en ont pas…
Pourtant, tous les prospectivistes sérieux prédisent que d’ici 10 ans, la robotisation de nombreuses tâches actuellement encore dévolues aux humains va changer notre relation au travail et qu’il faut s’y préparer dès maintenant. Mais la pensée dominante écartant avec mépris cette réalité, il est tellement plus facile de ne pas en tenir compte…
D’un autre côté, tout est également organisé pour que les entreprises et en particulier les plus grosses puissent se débarrasser rapidement et sans encombre des sureffectifs en cas de sous-activité, plutôt que de mettre en place des procédures de réduction temporaire du temps de travail qui ont particulièrement réussi chez Volkswagen d’une part, et sont couramment utilisées au Canada d’autre part.
Non pas que la facilitation du licenciement économique constitue en soi un problème, elle constitue même comme je l’expliquai dans mon dernier billet une solution adaptée à la toute petite entreprise.
On le voit tous les jours, les grandes entreprises ne sont globalement pas créatrices d’emploi, harcelées qu’elles sont par des marchés financiers qui leur demandent toujours plus. Et lorsque par un heureux concours de circonstances, elles ont malgré tout l’opportunité de créer des emplois, elles le font avec ou sans les aides octroyées par le gouvernement : l’exemple de Renault annonçant la création de 1000 postes en est une bonne démonstration .
Ainsi, comme je l’ai dit à plusieurs reprises, arrêtons les aides de toutes sortes aux grandes entreprises structurées et organisées pour faire face à la complexité inhérente à la gestion de leurs effectifs.
C’est dans ce contexte qu’il faut analyser le cadeau fait aux grandes entreprises dans cette loi « El Khomri », qui donne satisfaction à une revendication répétée des lobbyistes de l’Afep, l’Association présidée par un proche de François Hollande qui défend les intérêts des grands groupes.
Ceux-ci bénéficient bien évidemment de l’élargissement des modalités d’appréciation des circonstances définissant les conditions du licenciement économique, telles que « des pertes d’exploitation sur plusieurs mois, une dégradation de la trésorerie, ou tout élément de nature à justifier de ces difficultés ».
Mais le cadeau royal, il est surtout fait dans le droit qui leur est donné de considérer individuellement chaque filiale indépendamment des autres sociétés du groupe ou du groupe lui-même. Car quand on connait tous les dispositifs utilisables et largement utilisés par les multinationales pour organiser la rentabilité ou la non-rentabilité d’une filiale (prix de cession, royalties, facturations internes etc…), on voit bien que la rentabilité ou la trésorerie d’une filiale est largement entre les mains du directeur financier du Groupe. Et donc qu’il sera très facile si on veut « dégraisser » dans telle ou telle filiale, de la rendre conforme aux conditions du licenciement économique et ainsi faciliter les licenciements.
Je l’ai déjà dit mais je le répète, ce sont les petites entreprises et encore plus les artisans auxquels il faut faciliter la vie pour qu’ils n’aient pas peur de créer des emplois plutôt que de rester tout petits et refuser de grandir : pour eux n’hésitons pas à simplifier encore plus massivement le code du travail.
Mais personne ne veut le comprendre et surtout pas nos gouvernants qui, ne connaissant pas l’entreprise, s’en remettent exclusivement aux arguments des représentants des grands groupes pour définir leur politique.
Pas étonnant que ce jour-même dans « Les Echos » ,Pierre Gattaz, président du Medef, Pierre Pringuet, président de l’Afep et Christophe de Maistre, président du pacte PME (une officine issue des deux premiers) viennent nous répéter que « rien ne justifie l’opposition systématique entre entreprises »(grandes et petites)