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Un sondage inquiétant sur le viol

féminisme

Lien publiée le 2 mars 2016

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://www.huffingtonpost.fr/2016/02/29/francais-victime-viol-etude_n_9346702.html?utm_hp_ref=france

VIOLENCES - Les viols ont beau faire tristement partie de notre quotidien -chaque jour, 33 plaintes sont enregistrées en France- ils sont encore bien mal perçus et compris par une partie de la population. Stéréotypes sexistes qui perdurent, culture du viol, mise en cause des victimes... Ce mercredi 2 mars, l'association Mémoire Traumatique et Victimologie révèle les résultats d'une enquête réalisée avec l'institut IPSOS sur les représentations du viol et des violences sexuelles chez les Français.

"Nous vivons dans une société où la méconnaissance de la réalité des violences sexuelles, de leur fréquence et de la gravité de leur impact traumatique conduit à les reléguer dans la catégorie 'faits divers' alors qu’elles représentent un problème majeur de santé publique, et participe à la non reconnaissance des victimes et à leur abandon sans protection, ni soin", est-il expliqué dans cette étude réalisée entre le 25 novembre et 2 décembre 2015.

Les femmes sont sensibles, les hommes ne maîtrisent pas leurs désirs

Première preuve de cette méconnaissance des violences sexuelles: les stéréotypes qui perdurent sur les sexualités "masculine" et "féminine" qui seraient différentes. Deux tiers des personnes interrogées pensent que les hommes ont une sexualité plus "simple" que les femmes et presque autant que c'est plus difficile pour eux de maîtriser leur désir.

Les femmes, elles sont considérées comme plus "sensibles" que les hommes: une grande majorité des Français-e-s (76%) estime que "les femmes ont plus tendance à considérer comme violents des événements que les hommes ne perçoivent pas comme tels". Pour une plus faible partie des personnes interrogées, elles sont aussi considérées comme moins rationnelles (42%) et moins sûres de ce qu'elles veulent que les hommes (25%).

"Cette croyance peut avoir des effets dévastateurs", expliquent les auteurs de l'enquête. "Donner du crédit à ce type d’assertion revient à considérer que les femmes sont incapables de décider pour elles-mêmes et ont besoin des hommes pour comprendre quels sont leurs vrais désirs. C’est leur dénier la faculté de décider de consentir ou non à un rapport sexuel."

Culture du viol

Autre problème majeur: la culture du viol qui est définie comme l'adhésion de la société aux mythes sur le viol. Un système que Muriel Salmona, la Présidente de l'association Mémoire traumatique et Victimologie, décrit de trois façons différentes:

  • "Il ne s'est rien produit": "c'est la victime qui est mise en cause et non pas l'agresseur"
  • "Elle était en fait consentante, elle l'a voulu ou elle a aimé ça": "oui, il s'est passé quelque chose, mais elle est quand même coupable, elle n'a pas résisté, elle devait le vouloir"
  • "Elle l'a bien mérité, elle est responsable de ce qui s'est passé": "c'est l'idée selon laquelle les femmes aiment ça, qu'elles le cherchent en s'habillant de façon trop sexy et en raison d'autres stéréotypes sous-entendant que la femme est une prédatrice."

Les chiffres présentés dans l'enquête viennent soutenir l'idée que la culture du viol est bien ancrée dans les mentalités. Ainsi, 19% des personnes interrogées considèrent que beaucoup de femmes qui disent "non" à une proposition de relation sexuelle veulent en fait dire "oui". Ou encore, 21% estiment que les femmes peuvent prendre du plaisir à être forcées lors d'une relation sexuelle, conception à laquelle adhèrent près d'un tiers des jeunes de 18 à 24 ans.

L'association tient à ce sujet à préciser que cette vision du viol est partagée aussi bien par les hommes que par les femmes.

Dans ce système, les victimes sont souvent mises en cause à la place de leur agresseur. Pour une partie des personnes interrogées, la responsabilité du violeur est atténuée si la victime a eu une attitude provocante en public (40%) ou si elle portait une tenue sexy (27%). 4 personnes sur 10 (41%) soutiennent également l'idée qu'on peut faire fuir le violeur si l'on se défend vraiment.

Enfin, si les Français-e-s sont presque unanimes (96%) pour dire qu'un viol est un "comportement qui viserait à forcer une personne à avoir un rapport sexuel alors qu'elle le refuse et ne se laisse pas faire", le bât blesse quant à certains comportements qui ne sont pas considérés comme tels.

"Une fellation n'est pas un viol"

Selon le Code pénal, tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu'il soit, commis sur la personne d'autrui par violence, contrainte, menace ou surprise est un viol".

Pourtant, selon l'enquête, 24% des personnes interrogées pensent qu'une fellation ou qu'un acte de pénétration avec le doigt ne sont pas des viols.

Par ailleurs, l'idée selon laquelle l'agresseur est un inconnu est encore très persistante. 44% des Français-e-s le pensent et 17% estiment que forcer sa conjointe à avoir un rapport sexuel n'est pas un viol. Pourtant, dans 90% des cas, la victime connaît son agresseur. Ici encore, il s'agit du mythe du "vrai viol" qui perdure.

Les auteurs de l'enquête reconnaissent que les mentalités évoluent. L'impact des viols, notamment, est largement reconnu par les Français: 95% d'entre eux sont convaincus que les violences sexuelles ont de graves conséquences sur la santé des victimes.

Mais ces chiffres montrent que "la culture du viol, ainsi que les mythes et les fausses représentations qu'elle véhicule, semble malheureusement avoir de beaux jours devant elle".