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Extension de la « garantie jeunes » : avancée ou arnaque ?

Khomri

Lien publiée le 16 mars 2016

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://www.revolutionpermanente.fr/Extension-de-la-garantie-jeunes-avancee-ou-arnaque

« Qu’est ce donc que cette « garantie jeunes » qui a calmé les étudiants ? » se demande le Huffington post ? Les assemblées générales d’aujourd’hui semblent pourtant montrer que la mobilisation se poursuit, et y compris augmente dans certaines universités.Néanmoins, c’est effectivemment le coup que tente le gouvernement, bien aidé par la FAGE qui parle de « plus grande avancée sociale sociale pour la jeunesse »... Rien que ça ! 
Qu’y a-t-il vraiment derrière cette annonce ?

G.Gorritxo

Lundi 14 mars, Valls annonçait qu’après discussion avec les « partenaires sociaux », un nouveau départ du projet de loi travail avait lieu. Dans son discours, il axait notamment sur les avancées sociales proposées à la jeunesse, via l’extension de la « garantie jeunes » qui devrait devenir un droit pour tous les jeunes précaires. On le sait, le spectre d’un mouvement anti-CPE version 2016 hante le gouvernement, et il lui faut donc à tout prix freiner la mobilisation en cours de la jeunesse, qui s’est notamment montrée présente le 9 mars.

Pour cela, « extension de la garantie jeune », pour qu’elle devienne « un droit universel »... Cela sonne bien, mais qu’est-ce vraiment que cette mesure ? Petite avancée ? Recul déguisé ?

La « garantie jeune » existe déjà

Rien de vraiment nouveau, le dispositif est déjà mis en place depuis 2013 dans un certain nombre de départements, et aujourd’hui en concerne 72. Son extension à tout le territoire était y compris déjà prévue dans le calendrier du gouvernement. Et son extension en tant que « droit pour tous » était aussi déjà discutée, par exemple dans cerapport de la CESE de mars 2015. Car, jusqu’à aujourd’hui, le dispositif n’était pas vraiment un « droit », puisque un jeune répondant aux critères de sélection (pas d’emploi, pas en formation ni en études, et revenus inférieur à environ 500€) devait en plus passer devant un jury qui opère une « sélection rigoureuse », pour reprendre les termes du gouvernement.

On estime à un peu moins de 50 000 les jeunes qui ont déjà participé à ce parcours « garantie jeunes », qui consiste en résumé à 6 semaines de morale (« arrive à l’heure », « tiens-toi droit », « boucle-là et travaille »), puis une période d’immersion dans le monde de travail, ou autrement dit d’exploitation pas cher (460€/mois, et encore, payé par l’Etat, et pas directement par les patrons), jusqu’à peut-être trouver, ô miracle, un CDD ! (puisque pour l’instant, c’est ce qui est arrivé à environ 70 % des concernés).

Si dans l’année, le jeune n’a pas trouvé un emploi, il peut faire une demande de renouvellement de 6 mois. Sinon, retour à la case départ (et à la case 0€/mois). Mais réjouissons-nous, le dispositif aurait permis à 48 % d’entre eux de trouver un contrat (majoritairement CDD donc), contre 38 % pour des jeunes dans la même situation.

Et même pendant la période concernée, il est très difficile pour un jeune de poursuivre sa formation. L’étude du CESE, qui pourtant fait une ôde à la politique de jeunesse du gouvernement, le dit elle-même : C’est un « montant insuffisant pour les jeunes qui ont besoin d’un logement autonome ». C’est d’ailleurs un problème qui se pose à ceux qui suivent une formation professionnelle en général, qui sont souvent très peu rémunérés.

Et elle poursuivait (en 2015 donc) : « La généralisation de la garantie jeunes ne permettrait pas de combler l’ensemble des ruptures dans les parcours des jeunes ». Si même eux le disent...

Pourtant, tout cela n’a pas empêché la FAGE sur son compte twitter de parler de « la plus grande avancée sociale pour la jeunesse ».

De son côté, William Martinet de l’UNEF, bien qu’appelant toujours à se mobiliser pour le retrait de la loi, a surtout critiqué le fait que cette mesure en particulier n’était en fait pas si étendue que le disait le gouvernement, et que le budget pour la mettre en place n’était pas clair. Comme si l’extension de cette mesure était une avancée (voire même une avancée suffisante pour cesser la mobilisation ?).

Mais résumons :

Aujourd’hui, grâce à la loi El Khomry version 2, d’avantage de jeunes auront le « droit » d’aller se faire exploiter pour 460 € pendant un an, renouvelable 6 mois, pour peut-être obtenir un CDD, qui un beau jour pourrait bien se transformer en CDI. 
Ils remercieront bien fort cette loi travail, qui finalement avait raison : il leur fallait bien courber l’échine un peu plus au début, pour obtenir un CDI plus tard, paresseux qu’ils étaient !
Oui mais voilà, grâce à cette même loi travail, son patron pourra facilement augmenter son temps de travail, baisser son salaire, ou même le licencier quand il veut (il lira le « barême » des indémnités prud’hommales pour savoir en gros ce que ça lui coutera).
Ah merde, pensera-t-il, j’aurais dû me bouger en 2016 contre la loi travail finalement...