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    L’étude qui fâche les producteurs d’huile de palme et d’agrocarburants

    écologie

    Lien publiée le 18 mars 2016

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    Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

    http://www.bastamag.net/L-etude-qui-fache-les-producteurs-d-huile-de-palme-et-d-agrocarburants

    L’Union européenne a t-elle fait fausse route en promouvant la consommation d’agrocarburants issus de cultures alimentaires ? La directive européenne sur les énergies renouvelables impose que 10 % de l’énergie utilisée dans les transports à l’échelle du continent soit produite à partir de sources renouvelables d’ici 2020. Ces énergies renouvelables sont quasi-exclusivement des agrocarburants de première génération, c’est-à-dire à base de matières premières agricoles (soja, colza, tournesol, huile de palme, maïs, blé...), ajoutés aux carburants traditionnels.

    Ces objectifs apparemment louables pourraient provoquer l’effet inverse et augmenter les émissions de gaz à effet de serre, selon une étude réalisée par le cabinet de conseil Ecofys pour la Commission européenne. « Le biodiesel issu d’huile de palme émet trois fois plus (que le diesel, ndlr) et l’huile de soja autour de deux fois plus, lorsque les effets des cultures sur l’usage des terres sont pris en compte », rapporte The Guardian qui a pu consulter l’étude [1].

    Pressions internes

    Jusqu’à 6,7 millions d’hectares de forêts et de prairies pourraient être remplacés par des cultures d’agrocarburants, pointe l’étude. « Lorsque la perte des arbres est prise en compte, ces "biocarburants" généreraient autour de près de 1 milliard de tonnes d’équivalent CO2 », relève le quotidien britannique. En avril 2015, les eurodéputés ont adopté un plafond pour ces agrocarburants, fixé à 7 % de la consommation énergétique finale des transports. Mais ce plafond n’est pas suffisant pour le réseau d’ONG Transport and Environment, basé à Bruxelles, qui demande de mettre un terme à ce type d’agrocarburants.

    La publication du rapport a été retardée pendant plusieurs mois, sous la pression de la direction générale de l’énergie. « En interne, il a été dit que la publication de l’étude pourrait nuire aux relations internationales avec les pays producteurs de palmiers à huile », selon une source du Guardian. Le European Biodiesel Board, organisation rassemblant les producteurs européens de biodiesel, n’a pas tardé à réagir en arguant que l’étude était basée sur « un modèle qui n’a pas encore été divulgué ni validé par les pairs ». Il met en exergue une autre étude, réalisée par le California Air Resources Board (CARB) en septembre 2015, qui estime beaucoup plus faible les émissions de CO2 générées par les changements d’usage des sols, d’une forêt à une plantation de soja par exemple.

    Défiscalisations en France

    Les politiques publiques européennes demeurent pour l’heure favorables aux agrocarburants, et c’est aussi le cas en France. Un rapport de la Cour des comptes de 2012 estime que l’exonération fiscale dont bénéficient les producteurs de biodiesel a coûté à l’État plus de 1,8 milliards d’euros entre 2005 et 2010. Sur la même période, les investissement productifs de la filière avoisinent les 500 millions d’euros... Les contribuables français ont donc payé près de quatre fois les investissements des entreprises privées spécialisées en agrocarburants !

    Le gouvernement avait promis que la défiscalisation massive dont bénéficiait les producteurs d’agrocarburants de première génération devait s’arrêter fin 2015. D’autres agrocarburants, issus cette fois de graisses animales, ont depuis fait leur entrée sur le marché national, bénéficiant là-encore de fortes incitations fiscales. Comme le montre notre enquête sur ces agrocarburants de deuxième génération, ces défiscalisations se font là-aussi sur la base d’études controversées.

    Sophie Chapelle

    Photo prise dans une plantation d’huile de palme à Madagascar / CC Sophie Chapelle

    A relire : Crime environnemental : sur la piste de l’huile de palme

    Notes

    [1] Pour chaque mégajoule d’énergie utilisée, l’étude constate que l’huile de palme émet 231g d’équivalent CO2 et l’huile de soja 150g d’équivalent CO2, ce qui est beaucoup plus élevé que les estimations du Giec concernant les émissions des combustibles fossiles (voir le comparatif).