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Rennes II la rouge, bloquée et occupée
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Rennes - Veillée d'armes jeudi entre tambourin, guitare, ateliers de banderoles à l'université Rennes 2, bloquée par des étudiants opposés à la loi travail et fermée par la direction jusqu'aux vacances qui coïncident avec le nouvel appel à manifester samedi.
Des chaises, des poubelles, des barrières métalliques, entassées les unes sur les autres, bloquent depuis 6H00 jeudi matin les accès de cette université de lettres et sciences humaines qui, du temps des manifestations contre le Contrat première embauche (CPE) en 2006, avait été surnommée "Rennes 2 la rouge".
On est loin pourtant des assemblées générales de plusieurs milliers de personnes de 2006: depuis le 8 mars, elles n'ont rassemblé qu'entre 3 et 600 personnes sur les 24.000 étudiants de Rennes 2.
Ce jeudi, ils sont une petite centaine à se relayer pour occuper les lieux. Certains s'affairent à dresser un barnum de fortune, à allumer un feu de camp.
"Les étudiants en colère se mobilisent!", "Rennes 2, belle et rebelle", proclament des slogans derrière les vitres des salles de cours.
L'argument de la direction, selon lequel la sécurité des biens et des personnes ne serait plus garantie, est contesté par Clara, en première année de sociologie: "On ne vient pas là pour mettre en danger la sécurité des étudiants."
"En dehors de quelques tags, que les étudiants eux-mêmes ont contribué à effacer, et des portes de l'amphi forcées pour l'occupation de ce matin, il n'y pas eu de dégradation", convient le président de Rennes 2, Olivier David.
Néanmoins, la perspective d'un concert que les étudiants souhaitent organiser dans les locaux pour collecter de l'argent afin de financer les frais d'avocats de leurs camarades interpellés dans les manifestations, ainsi que l'ampleur du blocage jeudi matin, pour éviter des tensions avec les étudiants opposés au blocage, l'ont conduit à prendre la décision de la fermeture administrative.
Les partiels, prévus à partir du 21 avril, sont maintenus: "Il sera tenu compte des enseignements réellement dispensés pour les sujets", indique M. David lors d'un point de presse.
- "Vive la Commune" -
A la mi-journée, un atelier de pancartes bat son plein. "Ça va péter", proclame l'une. "Ils vont sauter mais nous, on a de la détente", ajoute la suivante.
Un peu à l'écart, un professeur de géographie donne son cours en plein air à une centaine d'élèves. Yvan Le Caro ne se voyait pas "abandonner" ses élèves.
Contre le blocage et pourtant farouchement opposé au projet de loi, Hugo Melchior, doctorant en histoire et ancien leader de la lutte anti-CPE en 2006, craint que ce blocus n'entraîne des départs anticipés en vacances et que "certains se désolidarisent du mouvement".
Pour lui, cette nouvelle génération d'étudiants, pratiquement épargnés par les conflits sociaux pendant les dix dernières années, doit tout réapprendre. Le mouvement actuel permet une "repolitisation, et, comme je suis convaincu que la droite repassera en 2017, c'est un prélude pour faire face à la réorganisation néolibérale du travail".
Dans un amphi, de petits groupes discutent. Les slogans fleurent bon le retour à la mère des révoltes étudiantes, 1968: "Il est interdit d'interdire", proclame une pancarte. "Rennes 2 la rouge, et noire, vive la Commune", ajoute une affiche sur un mur.
"Ce blocage a pour but de retarder les partiels, pour que la pression qu'ils représentent ne ralentisse pas le mouvement", explique Clément Gauthier, étudiant en Master 1, assis sur l'estrade. Jasmine Morice, étudiante en L2 d'histoire de l'art, souligne que ce blocus a été voté démocratiquement, mercredi en Assemblée générale.
Tous trois sont adhérents au syndicat Solidaires, très présent dans ce mouvement, avec la CNT et le SLB, syndicat des travailleurs de Bretagne.
Une pétition contre le blocage de Rennes 2 a été lancée par "l'Élan Associatif", qui se présente comme une association apolitique de défense des étudiants. Son coprésident Vincent Paugam assure qu'elle a rassemblé quelque 300 signatures.
Rennes 2 était la seule université fermée administrativement jeudi, mais à Besançon, un amphithéâtre de la faculté de lettres est occupé depuis neuf jours par les étudiants.