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La stratégie répressive du gouvernement lors de la manif du 1er mai

Khomri

Lien publiée le 3 mai 2016

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Comme à chaque 1er mai, les travailleurs.es se sont donné.es rendez vous pour célébrer les luttes du mouvement ouvrier. Cette manifestation nationale du 1er mai 2016, qui a rassemblé environ 84 000 manifestants, s’inscrit cette année dans la dizaine de manifestations contre la loi travail qui ont émaillé ces deux derniers mois. La loi travail est une attaque sans précédent du gouvernement contre tous les acquis du mouvement ouvrier. À Paris, la stratégie visait en l’occurrence à diviser les « bons manifestants » et les soi-disant « casseurs ». Stratégie de division que commencent à connaître les militants et manifestants ayant participé aux dernières manifestations, comme celle du 28 avril contre la loi travail. La réalité est que ce sont environ 2000 personnes qui ont été coupées du reste du cortège, détenues à ciel ouvert pendant près de deux heures.

Correspondante

Cette fête du travail a été marquée par une présence des CRS, de la gendarmerie mobile et de la BAC, décuplée par rapport au 1er mai dernier. Cette surprésence policière est clairement une provocation, et a été vécue comme telle par de nombreux manifestants qui ne se souvenaient pas avoir manifesté dans de telles conditions depuis bien longtemps. Alors que le cortège parisien, très soudé, a quitté à 15 heures la place de la Bastille en direction de la place de la Nation, la manifestation a été ralentie à peine quarante-cinq minutes plus tard par des heurts en tête du cortège. Derrière des lacrymos se croisant avec des jets de projectiles et des feux d’artifices, les forces de police visaient plusieurs milliers de personnes qui s’étaient placées devant le cortège de tête, devant les cortèges syndicaux. Les étudiant.es des facs mobilisées, à l’avant-garde de la lutte contre la loi travail, tenaient la place en tête de cortège. On pouvait compter à leurs côtés de nombreux jeunes, des intermittent.es, des Nuit deboutistes, des lycéen.nes, des autonomes, et tout un tas de gens venus défiler « sans étiquette » pour le 1er mai.

À partir de 16 heures, le cortège de la manifestation a été divisé arbitrairement par la préfecture de police en plusieurs « nasses ». La stratégie du gouvernement a été de saucissonner le cortège, isolant de ce fait les quelques milliers de personnes en tête du cortège. Si des manifestants se sont extirpés du cortège lorsque les heurts ont commencé, la majorité est restée, déterminée à atteindre la place de la Nation. Toute la tête de la manifestation a exprimé son indignation, sa colère contre les forces de police en clamant « Tout le monde déteste la police » ou encore « La police nous encercle, encerclons la police ». C’est souvent à l’unisson, entre deux nuages de gaz lacrymo, empêchés d’avancer et compressés les uns contre les autres, que les manifestants ont crié « Libérez le cortège ! », « Laissez-nous marcher ! » et interpellé les personnes aux balcons, observateurs de la manifestation, avec le slogan « Ne nous regardez pas, rejoignez-nous ! » transformé temporairement en « Ne nous regardez pas, filmez-nous ! ». Témoigner par tous les moyens de la division arbitraire du cortège, de la violence des forces de police est une nécessité pour contrecarrer le discours dominant porté par le gouvernement, la grande majorité des médias de masse et la préfecture de police qui tendent à justifier le renforcement de la présence policière et les violences en désignant comme responsables des « dérapages » ce « groupe de 300 individus violents en marge de la manifestation ». Ces derniers sont en fait intégrés au cortège, dans le mouvement social contre la loi travail et plus largement contre le gouvernement et son monde, bien que leur stratégie d’affrontement et leurs modes d’action ne soient pas partagés par tous.

Ainsi, si Bernard Cazeneuve s’est félicité après la manifestation de l’exemplarité du travail de la police et des gendarmes, il omet volontairement les provocations des forces de polices, les violences qui lors de cette manifestation ont été nombreuses, que ce soit pendant le déroulement de la manifestation, conduisant à l’improvisation d’un espace pour administrer des soins dans une cour d’immeuble, comme à Nation lorsqu’après une accalmie les « affrontements » ont repris. De nouveaux blessés se sont ajoutés à la liste suite à des gazages pour disperser les manifestant.es ainsi que des interpellations violentes de militant.es qui s’apprêtaient à quitter la place. La majorité des interpellations ont donc eu lieu en fin de manifestation, les arrestations ciblées servant clairement à faire du chiffre, à réprimer les militants, et non à « maintenir l’ordre ». Ces provocations policières ne se sont pas arrêtées là et se sont poursuivies Place de la République le soir même, pour venir une nouvelle fois déloger Nuit debout.

Alors que cette journée du 1er mai est médiatisée dans le monde entier, les provocations de la police étaient nombreuses. Les forces de police, bras armé du gouvernement, ne pouvaient se permettre de réprimer aussi « largement » que le 28 avril, en ce jour de manifestation nationale hautement symbolique. Toutefois, elles ont été à l’offensive avec des effectifs importants et très armés, n’hésitant pas à « nasser » une partie des manifestants au risque de provoquer des mouvements de foule, et de blesser de nombreux manifestants dont ce jeune homme de 20 ans qui est sur le point de perdre un œil. Le gouvernement continue son entreprise de discréditation du mouvement né autour de la contestation de la loi travail, à empêcher que les rangs de ceux qui se mobilisent depuis deux mois ne grossissent, et ainsi que tous les secteurs en lutte ne convergent et nuisent réellement aux intérêts du gouvernement et du patronat. Ainsi, le discours du ministre de l’Intérieur se veut ferme en ce début de mois de mai, demandant aux « organisateurs », les organisations syndicales, d’avoir un service d’ordre « structuré, identifiable et suffisamment dimensionné » qui collabore. Si les syndicats ont dénoncé la stratégie de découpage, leur réponse reste pour le moment insuffisante, participant, en reprenant l’expression « casseurs », à maintenir la brèche ouverte d’une distinction entre « bons » et « mauvais » manifestants alors que c’est l’ensemble du cortège qui est à défendre. Dans les mois à venir, pour faire véritablement trembler le pouvoir en place, il nous faudra nous unir dans la rue pour « avoir le nombre » et continuer à préparer la grève reconductible, qui, seule, en se généralisant, pourra réellement faire reculer le gouvernement, sa police et le patronat. On ne peut pas nasser 80 000 personnes, et encore moins tout un pays.