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Des militants prennent à partie deux journalistes d’iTélé

Lien publiée le 6 mai 2016

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://rue89.nouvelobs.com/2016/05/06/surveillance-medias-militants-houspillent-deux-journalistes-ditele-263966

Une vidéo devenue virale montre deux journalistes d’iTélé pris à partie par des militants qui contestent l’honnêteté de leur travail.

C’est d’abord un corps qu’on voit s’exprimer. Celui du journaliste d’iTélé. Il dit la gêne. Les mains manipulent un micro nerveusement. Il se dandine un peu. Soupir. Il touche sa fermeture éclair. Soupir. Un pouce qui glisse plusieurs fois et rapidement sur le smartphone. Mais comment ne pas être mal à l’aise ? 

Plusieurs militants l’acculent et l’accusent (en le filmant, par-dessus le marché) d’avoir menti à l’antenne.

Ce matin-là, venus pour couvrir l’évacuation musclée des réfugiés du lycée Jean Jaurès à Paris, ce journaliste a en fait déclaré que des manifestants avaient jeté des projectiles.

C’était faux, répliquent les manifestants. Sur place certains journalistes n’ont d’ailleurs rien vu de cela, relate un article d’Arrêt sur Images.

L’article ajoute cependant que, de son côté, la journaliste de l’AFP présente sur place maintient avoir vu des jets de projectiles et « les contenus des poubelles sur le trottoir ».

« La gendarmerie mobile se trouvait à deux endroits différents : rue Clavel, là où les forces de l’ordre ont forcé les portes du lycée et où se tenaient le journaliste et le photographe du Parisien, et avenue Simon Bolivar. C’est à cet endroit que la journaliste de l’AFP a assisté à la scène des jets de projectiles. »

Directeur de la rédaction, Guillaume Zeller répond à nos questions par e-mail et maintient l’observation de projectiles.

« Un lien de cause à effet laissant entendre que les bombes lacrymogènes avaient été utilisées pour répondre à une provocation a sans doute été trop vite établi alors que la situation était confuse. C’est ce point-là que contestent les manifestants et que notre équipe nuance face à eux. »

« Une méprise », « une maladresse »

Pourtant dans la vidéo, c’est bien l’absence de lancer de projectile qui fait débat et l’agacement monte.

« Est-ce que vous avez des images où il y a des jets de projectiles ? »

« Vous démentez ! »

C’est surtout le JRI (journaliste reporter d’image) qui répond. Ou plutôt tente de s’expliquer :

« Je ne dis pas qu’il y a pas eu une méprise... »

Certains militants tentent de calmer le jeu. Puis, le journaliste gêné parle lui d’« une maladresse ». Un militant fait remarquer à juste titre que les termes de « méprise » ou de « maladresse » ne sont pas les plus adéquats. 

« Ce n’est pas une méprise, moi je sais parler français. »

Postée sur Facebook, la vidéo est devenue virale. A l’heure où nous publions cet article : 233 000 vues et 5 217 partages. Le tout accompagné de nombreux commentaires oscillant entre l’amusement et la colère.

« C’est ce qu’on appelle se faire attraper la main dans le sac ; hahaha et ça se la joue comme si c’était rien. MENTEUUUUUUUUUUUR. »

« “Une maladresse” ! ! ! Y’a juste des millions de personnes qui regardent votre chaine bande de beaufs… »

Toute la profession, bien sûr, en prend pour son grade.

« Encore un exemple de la manipulation des médias... »

« Escrocs de journaleux empereurs de la désinformation ! »

Ce matin-là, Eric Coquerel, porte parole du Parti de Gauche et conseiller régional d’Ile-de-France, était sur place dès 5 heures du matin. Joint par Rue89, il décrit des journalistes « extrêmement mal à l’aise ».

« Les gens se sont rendu compte de ce qu’il se passait parce qu’ils les écoutaient et les ont entendus parler de projectiles. »

Une intervention d’une rare violence

Il parle aussi d’une intervention des forces de l’ordre d’une rare violence. Il a tenté de dialogue avec le représentant de la préfecture plusieurs fois en vain. Et son écharpe d’élu n’y a rien fait, il s’est fait gazer comme tout le monde. 

Eric Coquerel ne comprend pas que des journalistes aient pu éprouver le besoin d’en rajouter : la scène était déjà bien assez musclée comme ça.

Guillaume Zeller précise, de son côté, que les journalistes d’iTélé ont interviewé Eric Coquerel « qui a livré sa propre version des faits écartant l’hypothèse de la provocation ». Une interview « diffusée et rediffusée à l’antenne ».

L’élu ne s’est pas vu à la télé. Dans tous les cas, souligne-t-il :

« Cette vidéo dit quelque chose d’édifiant. Et avec les Périscopes et autres vidéos militantes, il y a désormais une surveillance des médias... »

Ou comment imposer aux médias un « fact checking » en direct. Guillaume Zeller ne formule pas la même analyse.

« Nous constatons qu’il devient de plus en plus difficile pour les reporters d’iTélé d’exercer leur travail correctement et librement sur les terrains de contestation ou de manifestation, où ils subissent régulièrement provocations, insultes, menaces et parfois violences physiques.

Les intimidations qui ont été exercées sur nos journalistes ne sont pas admissibles, ce qui, bien entendu, ne doit pas pour autant nous dispenser de porter en permanence un regard critique sur notre propre travail. »