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    La honte doit changer de camp : contre tous les Denis Baupin

    féminisme

    Lien publiée le 10 mai 2016

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    Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

    https://npa2009.org/actualite/feminisme/la-honte-doit-changer-de-camp-contre-tous-les-denis-baupin

    La découverte des agissement de Denis Baupin, député écologiste et ex-vice président de l'Assemblée Nationale ce lundi 9 mai au matin laisse un goût amer pour beaucoup d'entre nous. Un article publié par France Inter et Mediapart divulgue en effet les témoignages glaçants de huit femmes, militantes ou ex-militantes à EELV.

    Après des mois de silence, ces femmes racontent les agressions physiques, les SMS insistants, le chantage effectué à leur encontre par Denis Baupin. Loin d'être des cas isolés, elles indiquent avoir perçu le problème comme un enjeu collectif, une pratique normale et normalisée pour l'homme politique qui usait de sa situation de pouvoir pour exercer sur ces femmes une oppression relevant du sexisme le plus abject. A lire ces huit témoignages, on se sent sérieusement mal à l'aise quand on voit que le nombre de personnes au courant des actes de Denis Baupin dans la sphère proche des député-e-s écologistes. Difficile de dire qui savait, qui se taisait, qui avait des soupçons chez les personnes haut-placées à EELV et ailleurs. Sur les réseaux sociaux on peut lire sa défense de la présomption d'innocence au sexisme ordinaire. Dans cette société patriarcale, nous voulons qu'on présume d'abord que la victime dit vrai. Surtout quand elles sont huit, et surtout quand elles laissent entendre que leurs témoignages ne sont que la partie visible de l'iceberg. Cette affaire nous rappelle l'affaire DSK, et son traitement médiatique, mais elle nous rappelle aussi il y a quelques semaines l'accusation de harcèlement d'une journaliste à l'encontre du ministre Michel Sapin. Et nous n'en pouvons plus des excuses, de la banalisation, nous n'en pouvons plus du harcèlement, des agressions sexuelles, des violences.

    Non, Denis Baupin n'est pas une brebis galeuse dont les textos « déplacés » relèveraient de la pathologie, et partout dans la société, les Denis Baupin sévissent sans inquiétude. Il faut mettre en cause les personnes au sein de la direction d'EELV ou du groupe écologiste à l'Assemblée Nationale qui étaient au courant et ont fait le choix de se taire pour ne pas faire de vagues. Les victimes de harcèlement sexuel savent à quel point dans ces situations, le silence peut être violent. Il faut mettre en cause ces parlementaires qui, non contents de cautionner de telles pratiques, favorisent les oppressions de genre, comme récemment avec la suppression d'un amendement sur le harcèlement dans les transports par le Sénat. Il faut déchoir Denis Baupin de son poste de député, Michel Sapin de son poste de ministre. Il faut garder les yeux grand ouverts pour déchoir le prochain homme de pouvoir qui opprimera une femme.

    Pour l'autonomie et l'auto-organisation des femmes

    Il faut également mettre en cause le fonctionnement des partis politiques à l'heure actuelle. Nul doute qu'EELV, que Denis Baupin a quitté récemment, débattra de ce dossier en interne. Si le rapport au pouvoir a un lien avec les violences faites aux femmes, aucune organisation n'est exempte de ce type de rapport, aussi progressiste qu'elle soit, y compris les organisations anticapitalistes. Il n'existe pas de milieu totalement imperméable au patriarcat, il n'existe pas de militant-e émancipé-e à 100% . Les violences sont bien présentes dans toutes les sphères de la société. Néanmoins, ce paradoxe illustre assez bien le problème récurrent des homme pro-féministes qui peuvent se révéler à leur tour des oppresseurs dans l'envers du décor. Si le soutien de nos alliés est une qualité importante de la lutte féministe, il faut une fois encore appeler à l'auto-organisation collective des femmes, qui seule permet d'échanger sur des oppressions qui nous touchent spécifiquement, profondément, et quotidiennement. C'est dans des espaces de sûreté construits par nous-mêmes que nous nous réapproprierons le monde et la parole. Et c'est dans la bienveillance et l'empathie que nous souhaitons aux militantes écologistes qui n'ont pas osé parler tout comme à celles qui l'ont fait, un infini courage.

    Jeanne Toutous