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Critique de la dévalorisation et dévalorisation de la critique

Lien publiée le 16 mai 2016

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://garap.org/communiques/communique31.php

Une introduction à l’article de Loren GOLDNER 
"La plus grande des surprises d’octobre : un crash du monde capitaliste"

Nous portons à la connaissance du lecteur la traduction française, réalisée par nos soins, de l’excellent article de Loren GOLDNER, « The `Biggest October Surprise’ Of All : A World Capitalist Collapse », paru dans les jours qui suivirent le fameux krach boursier d’octobre 2008.

Avec une rigueur dialecticienne développée loin des cénacles académiques, Loren GOLDNER réussit, une fois de plus, à articuler un propos des plus éclairants sur les origines et les caractéristiques de l’actuelle crise du mode de (re)production capitaliste. A l’aide des outils marxiens, il démontre que, depuis plus de cent ans, le règne de la subsomption réelle du travail sous le capital1 (que l’auteur, qualifie de « décadence », non sans céder à une formule éculée du léninisme, mais personne n’est parfait !) s’est périodiquement (jusqu’à la fin de la Deuxième Guerre Mondiale) puis tendanciellement (depuis le début des années 1970, au travers de ce que l’on pourrait nommer « la crise latente » ou « la crise permanente ») opéré au péril de l’humanité, se nourrissant de la régression généralisée pour perdurer.

Cette configuration, où le taux de profit moyen général doit être maintenu, ou rétabli, à un niveau viable par le recul social et la destruction matérielle, exprime principalement deux contradictions du capitalisme qui sont en même temps des facteurs fondamentaux de sa crise :

- Conséquence de la hausse de la composition organique du capital (C/V), encouragée par la concurrence, le coût de la force de travail (V) diminue au point qu’il ne peut plus être le dénominateur commun de l’échange marchand. En effet, c’est le temps de travail socialement nécessaire pour reproduire la force de travail qui détermine, en dernière instance, le temps de travail socialement nécessaire servant de standard à la mesure de la valeur des marchandises. La productivité, devenue trop élevée, met donc en danger la loi de la valeur puisqu’elle tend à en supprimer le cœur.

- A un degré élevé de développement, l’innovation technologique (qui prend la forme d’investissements en capital fixe et est jusque là stimulée par les gains de productivité qu’elle rend possibles) vient menacer de dévalorisation une quantité trop importante de capital fixe existant eu égard aux profits attendus. C’est ce que Loren GOLDNER appelle la « technodépréciation ».

Mis en relief grâce à la vigilance méthodologique qui élève « de l’abstrait au concret »2, ces deux  processus combinés sont restitués par Loren GOLDNER dans leur historicité et leur dimension concrète, ce qui facilite grandement la compréhension de l’invivable impasse dans laquelle le capitalisme séquestre les forces productives. L’exposé permet ainsi d’emprunter une vision de la totalité qui connecte les facteurs déterminants de notre époque, leurs causes et leurs effets, et discerne les éventuelles brèches par où une pratique révolutionnaire revisitée pourrait frayer une issue vers un monde sans classes sociales ni État. 
L’analyse de notre camarade américain vient dès lors contrarier une large gamme de sophistes contemporains attachés à nous clouer dans la passivité quand ils n’invitent pas à de funestes gesticulations. Loren malmène la chimérique séparation entre la Finance et « l’économie réelle », cette absurde dichotomie à partir de laquelle une grosse composante de la pseudo-critique (des déchets stalinoïdes jusqu’à l’extrême-droite numérique, en passant par les gestionnaires critiques) vend son beurre rance à l’étale du capitalisme sous perfusion. Partant, il insiste sur le fait que la profusion de capital fictif survenue ces quarante dernières années n’a été possible qu’en raison de la détérioration des conditions de reproduction, mais aussi d’exploitation, du travail humain dans le monde entier. En effet, la baisse de la valeur de la force de travail globale en dessous de son coût de reproduction, ajoutée à toutes les formes de pillage de C et de V, ont été autant de « tendances compensatoires » par lesquelles se sont maintenues les énormes masses croissantes de capital fictif en circulation. En ce sens, l’hypertrophie du « secteur financier », amorcée dans les années 1970, comme tout phénomène économique, a d’abord été une expression de la lutte entre les classes sociales. En l’occurrence, le « néolibéralisme » a été le cadre global du triomphe de l’offensive capitaliste tout azimut contre ce qui se situe de l’autre côté de la barrière de classe. Autrement dit, ce sont les contradictions du capitalisme ci-dessus évoquées (augmentation du ration C/V qui devient un frein à l’innovation, diminution du coût de V au point où il ne peut plus être le dénominateur commun à l’échange marchand) qui ont forcé la classe dirigeante à livrer cette gigantesque bataille depuis quarante ans. Mais ces contradictions n’auraient pu être repoussées, ajournées, jusqu’aujourd’hui si la guerre sociale bourgeoise n’avait été menée avec succès. 
L’onanisme radical postmarxiste n’a qu’à bien se tenir face à une telle cohérence intellectuelle, lui qui voudrait voir les explications technologiques se substituer à une lecture sociale… lui qui se vautre dans la contemplation mécaniste du « capital automate » ou de « l’évanescence de la valeur»… lui qui confond patrimoine, capital et valeur… lui qui partage avec « l’industrie financière » la croyance selon laquelle celle-ci produirait de la valeur… lui qui évacue le point de vue de classe jusqu’à s’acoquiner avec la gauche de gouvernement, sans doute pour humaniser le capitalisme ! Enfin, les mêmes, et d’autres, qui dédaignent le rôle, plus que jamais vital pour l’humanité, du prolétariat révolutionnaire, n’apprécieront pas cet article. L’argumentaire se déploie ici à l’aune de la réalité crue des rapports de classe, aux côtés des exploités et dans une optique affirmée d’en précipiter la libération par le communisme révolutionnaire.

Cet article de Loren GOLDNER en français nous donne l’occasion de relayer ses thèses (en essayant de leur rester fidèles !) afin de contribuer à la réfutation de diverses falsifications présentement à l’œuvre. Au demeurant, nous ferons part ici de quelques-unes de nos modestes considérations.
Avant l’ère de la « décadence » capitaliste, les crises déflationnistes suffisaient, suivant le schéma décrit par Marx, à rétablir un taux de profit moyen général « acceptable », puisque les capitaux les plus obsolètes, les concurrents les plus fragiles, étaient alors éliminés puis supplantés par des capitaux et des méthodes de production plus rentables et plus performants. Les travailleurs subissaient, quant à eux, des vagues de chômage qui, parce qu’elles évinçaient les moins productifs et/ou les plus coûteux, accentuaient non seulement la pression à la baisse sur les salaires mais aussi la discipline d’entreprise. Les crises étaient donc des séquences de destruction du capital constant (capital fixe désuet + titres à la plus value superflues, c'est-à-dire du capital fictif) et d’affaissement du coût d’achat de la force de travail : la baisse subite du capital constant, alliée à la hausse du surtravail, rétablissait les conditions de la relance de l’accumulation du capital. Aux alentours de 1914, cette formule de crise, c'est-à-dire de purge socio-économique, n’est plus valide, ou plutôt ne parvient plus, à elle seule, à accomplir la dévalorisation qui accouchera d’un nouveau standard de valeur. La société capitaliste est devenue trop productive à l’échelle globale, réalité qui renvoie à l’interruption, au même moment, de l’accroissement en pourcentage la population ouvrière dans l’ensemble de la population active capitaliste mondiale. Redémarrer l’accumulation n’est plus suffisant ; il faut restructurer le rapport capitaliste. Ce sera, dès lors, dans la destruction pure et simple du capital humain et matériel, par le truchement de deux guerres mondiales, séparées d’une dépression et de l’instauration de régimes de terreur capitaliste (bolchévisme, fascisme, nazisme), que seront posées les bases de la relance économique. La table rase allait laisser « logiquement » place au boom de la reconstruction d’après-guerre. Celui-ci s’étira sur près de vingt-cinq ans, et correspondit à une nouvelle phase d’expansion, via un rapport de production reconfiguré, communément désigné sous le terme de « fordisme », mais recoupant aussi les notions d’ « État Providence », de « société de consommation », dans les pays dits « développés ». L’ensemble, placé sous la dominance du capital industriel était animé par une course effrénée aux gains de productivité, reportés, du côté du prolétariat, en augmentation (quantitative) du contenu matériel de son salaire réel (pouvoir d’achat). Mais, à partir de la fin des années 1960, C et V prirent des proportions dans le rapport capitaliste global qui devinrent rédhibitoires pour l’élargissement du capital social total. Autrement dit, les coûts trop élevés du capital constant et du capital variable (l’ouvrier total, constitué à la fois du salaire direct et  du salaire différé, c’est à dire les « droits sociaux ») freinaient toute nouvelle innovation technologique, et, au-delà, l’extension de l’appareil industriel en l’état, pourtant très productif, dans le « monde riche ». Surtout, à nouveau, l’extraction d’une plus-value suffisante à la reproduction du rapport capitaliste était compromise parce qu’elle dépendait d’une masse de travail nécessaire trop chère actionnant des moyens de production de moins en moins rentables. Incapable de traduire en progrès social les considérables hausses de la productivité qu’il avait réalisées depuis presque trois décennies, le capitalisme en vint de nouveau à être suspendu à ses aptitudes à reformater, de fond en comble, le modèle d’accumulation. Cette nécessité en abritait une autre tout aussi décisive : le recours à l’anéantissement massif de capital pour relancer les moteurs de la croissance. Mais, dans un environnement géopolitique nucléarisé, fortement polarisé en trois blocs, un épisode apocalyptique, à la manière d’une Troisième Guerre Mondiale, s’avérait impossible. Éparpillés sur tous les continents, les conflits régionaux devinrent l’un des ingrédients de la recette générale, expérimentée sur le tas, qu’allait dès lors appliquer le capitalisme mondial pour se perpétuer. A propos, Loren GOLDNER souligne très justement que, depuis 1945, pas une seule année ne fut débarrassée de la guerre. Et ce n’est pas l’actualité récente qui viendra rompre cette ronde infernale puisqu’une guerre civile prend racine en Europe, alors que le Proche-Orient et une partie de l’Afrique subsaharienne sont à feu et à sang4.

Minée de cataclysmes locaux, la voie de secours du capitalisme allait se confondre avec celle d’un rétrécissement des conditions de la reproduction sociale, par l’abaissement, notamment, du coût de reproduction de la force de travail à l’échelle mondiale et la systématisation du pillage (des matières premières et des infrastructures). Une immense régression donc, qui sera non seulement le versant sombre mais aussi la condition sine qua none de la révolution des processus de production, de communication et d’échanges qui s’amorcera à la fin des années 1970. Une telle refonte du capitalisme global continue aujourd’hui de façonner l’unification de l’économie, l’interpénétration des marchés, au niveau mondial. Cette nouvelle « mondialisation » a procédé, tout autant qu’elle accouché, de ce que d’aucuns (emboîtant le pas de RIFKIN) nomment « La Troisième Révolution Industrielle » parce que ce phénomène repose sur la généralisation des nouvelles technologies de l’information et de la communication. Celle-ci a entraîné, à son tour, une intensification de la productivité (pour la conduire à un seuil de retournement de tendance au niveau global) et de la mobilité du capital (sous toutes ses formes : capital-productif, capital-commercial, capital-argent). Il faut insister ici  : il existe un lien de causalité, au service d’une dynamique exponentielle, entre, d’un côté, la dimension de saccage universel (selon un non échange d’équivalent, contrairement à la loi de la valeur) alliée à la féroce offensive sur le terrain de la lutte des classes conduite par le capitalisme mondial et, de l’autre, la restructuration du régime d’accumulation. En finir avec le « compromis fordiste », pour qu’adviennent de nouveaux procédés d’exploitation visant la hausse du surtravail, signifiait, pour la bourgeoisie des « pays avancés », mettre un terme à l’assaut prolétarien qui  faisait trembler les rapports de production depuis les années 1960. Il fallait, dans la foulée, rééduquer les exploités, les atomiser, leur inculquer à nouveau la peur du lendemain. Par conséquent, le chômage de masse, l’accroissement du travail improductif de valeur, la désindustrialisation, le démantèlement de l’État Providence ont été flanqués de la répression étatique et bureaucratique des années 1970 jusqu’aujourd’hui. Cette combinaison de phénomènes et de mesures s’est jointe à la continuation de l’accumulation primitive à l’échelle mondiale, qui s’est notamment manifestée, dans la dévastation de l’environnement naturel et le transfert partiel des unités de production vers des zones quasiment sans droits, à très faible coût de la main d’œuvre et présentant des conditions de production qui ont favorisé jusqu’à l’allongement de la journée de travail plutôt que son intensification (résurgence de l’extraction de la plus-value absolue ces dernières années en Asie du Sud-est par exemple).

Cette sordide équation, la plupart des experts, économistes vulgaires5 et autres commentateurs postmarxistes (prenons, par exemple, lesradicaumentateurs de la « Théorie de la forme-valeur » ou « Wertkritik ») l’occultent, sciemment ou par irréflexion, quand ils ne l’ensevelissent pas sous de fumeux raisonnements. Cela leur permet non seulement de parader du haut des pupitres universitaires mais aussi de répandre d’intimidantes ratiocinations scientistes qui sont autant d’éloges à la résignation, autant d’appels au calme destinés à anesthésier un corps social prolétarien où s’enfoncent toujours plus profondément les insatiables crocs de la bourgeoisie. Dans leur lancée, ces penseurs-à-gage se mettent à rêver tout haut au crime parfait ; ils font alors disparaître le corps, ce qui les amène à théoriser un assassinat sans victimes ni bourreaux : expulsé par le travail mort, le travail vivant serait désormais invisible, la classe ouvrière se serait volatilisée à la faveur de l’automation numérisée (microélectronique) et ce, à l’instar des autres classes sociales, prolétaires, paysans et capitalistes ayant été dilués dans une grande masse humaine en proie à un système économique devenu « automate ». Pondues à l’abri de l’endémique violence du rapport d’exploitation, de telles arguties échouent pourtant à remplir leur mission performative à l’épreuve de certaines vérités élémentaires. Ainsi, suffit-il de ne plus focaliser sur l’Occident pour s’apercevoir que la classe laborieuse, soi-disant ectoplasmique, est plutôt en croissance numérique à l’échelle mondiale (certes, pas en proportion de valeur dans le rapport capitaliste global. Du reste, cette relative croissance est l’expression d’un basculement des points de concentration du travail productif, des pays avancés vers  les pays de la périphérie) : Entre 1980 et 2005, si la main d’œuvre industrielle a baissé de 19% dans les pays « avancés », elle a augmenté de 120% dans les pays « émergents » ; la force de travail mondialisée (mobilisée dans les secteurs exportateurs de chaque pays) a cru de 190% entre 1990 et 2010 dans les pays « émergents » et de 46% dans les pays « avancés ». Rapprochées de l’évolution de la part des salaires dans le revenu mondial (qui est passée de 65% à 60% du PIB mondial de 1970 à 2010), ces données attestent d’une forte réduction de la valeur du capital variable qui ne se traduit aucunement par un amenuisement de l’exploitation capitaliste. En fait, les masses humaines usées dans les geôles capitalistes sont toujours plus nombreuses et le taux d’exploitation y est en augmentation6.

Ce petit détour par l’empirie ne saurait donner le flan à quelque détracteur mal inspiré : Évidemment, il ne s’agit pas ici de nier l’insondable crise où gît le capital social total, liée directement à l’incapacité du mode de production capitaliste de réaliser socialement les formidables avancées productives qu’il a lui-même suscitées. Qu’on ne défende pas non plus la moindre des inepties qui encombrent les bréviaires ouvriéristes ou travaillistes, personne ne s’en étonnera. Néanmoins, une immersion dans la réalité concrète, toujours composite, de l’ouvrier total actuel vaccine contre les interprétations hâtives, et forcément partisanes, qui, sous le prétexte de l’ultra productivité du capitalisme mondial, laissent défiler la bobine de « l’effacement du travail immédiat », de « l’inanité du concept de classe sociale », de « la fin de la lutte des classes », de « l’introuvable révolution prolétarienne » (considérations bien dérisoires en face de la conflictualité sociale portée aujourd’hui à incandescence dans le monde entier)7. Mieux, saisir cette dimension empirique permet d’affiner la silhouette de la barbarie capitaliste de ce début de 21ème siècle. Le portrait qui se dégage est une étrange infamie où, parmi les traits étirés des pires formes de production de la richesse, jonchent les protubérances sophistiquées d’une productivité inédite. Le paradoxe ainsi révélé n’est pourtant qu’apparent une fois restitué dans le cul-de –sac où se décompose le présent mode de production et que Karl Marx avait déjà entrevu, dans un passage des Grundrisse (souvent mal interprété ; nous y revenons dans ce qui suit) : « Le capital est contradiction en acte : il tend à réduire au minimum le temps de travail, tout en en faisant l’unique source et la mesure de la richesse. Aussi le diminue-t-il dans sa forme nécessaire pour l’augmenter dans sa forme inutile, faisant du temps de travail superflu la condition-question de vie ou de mort- du temps de travail nécessaire. D’un côté, le capital met en branle toutes les forces de la science et de la nature, il stimule la coopération et le commerce sociaux pour libérer (relativement) la création de la richesse du temps de travail ; d’un autre côté, il entend mesurer en temps de travail les immenses forces sociales ainsi crées, de sorte qu’il en contient, immobilise et limite les acquis. Forces productives et relations sociales – double principe du développement de l’individu – ne sont et ne signifient pour le capital que de simples moyens pour se maintenir sur sa propre base étroite. En réalité, ce sont là des conditions matérielles qui feront éclater les fondements du capital. »8. Cette citation vient rappeler, en creux, que  dans le cadre concurrentiel qu’est le marché, et sous l’effet de l’innovation scientifique et technologique, la production industrielle est soumise à une rationalisation permanente (produits et processus de production innovants) qui tend à faire progresser régulièrement la productivité du travail (augmentation du surtravail par rapport au travail nécessaire). Il en résulte une augmentation de la quantité de marchandises fabriquées allant de pair avec une diminution de la valeur unitaire de chacune d’entre elles, ce qui permet de ponctionner la plus-value par le rétrécissement du travail nécessaire. La plus-value relative tend à devenir le mode dominant d’extraction de la survaleur. Mais ce que Marx mentionne également dans cet extrait c’est que la substitution du travail passé au travail immédiat, l’exclusion, dans la sphère de production immédiate, du travail vivant par la science et la technologie, se heurte, sous la forme d’une insurmontable limite, à ce qui en est le facteur ultime de développement : l’auto valorisation de la valeur. Celle-ci, en effet, ne peut s’accomplir qu’en mélangeant du capital au travail vivant de sorte que de la survaleur, en quantité suffisante eu égard aux conditions générales de reproduction du capital social total, soit extraite de ce processus. Comme le souligne Loren GOLDNER « Le capital sans travail vivant à exploiter ne produit aucun profit, comme le montrent les limites de l'automatisation et de la robotique pour « résoudre » la crise du capitalisme. »9.

Aussi, la tension continuelle entre d’un  côté l’impossibilité de se couper, sous peine de disparaître, de l’unique source de valorisation, c’est à dire le travail vivant, et de l’autre la nécessité d’accomplir la reproduction élargie du capital social total, pousse le présent mode de production à user de différents expédients :

  • Abaisser directement (sans passer par le biais d’une hausse de la composition technique ou de la composition organique du capital)  la rémunération de la force de travail.
  • S’emparer de la richesse, et ce, en dehors de la loi de la valeur (en procédant à un non-échange d’équivalents, à un pillage). Il s’agit d’incorporer une masse croissante d’une force de travail dont la reproduction n’a jusque là pas été prise en charge par le capitalisme (c’est l’accumulation primitive). Cela revient, aussi, à ne plus garantir la reproduction de la force de travail en activité, en abaissant sa valeur en dessous de coût de reproduction. Cela consiste également à ne pas payer ou épuiser les matières premières et le capital fixe, c'est-à-dire à ne pas assurer le remplacement de ceux-ci.
  • Accélérer la mobilité et la rotation du capital. Objectif qui pèse en faveur de la suppression des entraves à l’espace de valorisation du capital (barrières géographiques, sociales, politiques, économiques, temporelles).
  • Recycler les capitaux fixes surévalués en capitaux fictifs, lesquels participent de la réalisation des cycles A-M-A’ et M-A-M’ sous forme de surévaluation des profits, de substitution au salaire et de demande fictive (dette, publique ou privée).
  • Assoir la valeur fictive des titres à la plus-value sur l’extraction de la survaleur présente et future, grâce aux mécanismes ci-dessus décrits.

Ces deux derniers processus sont inséparables de la prédominance, au niveau mondial, de l’argent-dette10, c'est-à-dire de l’argent comme signe de la valeur réellement existante mais aussi de celle à venir.
Comment ces différentes voies empruntées par le capitalisme s’imbriquent-elles au concret ? C’est ce que Loren GOLDNER s’attache à nous présenter dans ses différentes analyses. On l’a vu, le capital, en sus de rester triomphant sur le terrain de la lutte des classes, tente de surmonter ses contradictions, à la fois dans la sphère de production immédiate et dans la sphère de circulation. Pour essayer d’appréhender la manière avec laquelle tout cela s’articule, il est primordial de considérer le système sur le plan global, c'est-à-dire au niveau de la sphère de reproduction du capital. Cela conduit à se pencher sur l’étroite connexité qui lie, depuis plus de quarante ans, l’hypertrophie planétaire de capital fictif à la régression généralisée, avec en toile de fond, la caducité toujours plus flagrante de la loi de la valeur.

A cette fin, Loren GOLDNER a su introduire de façon scintillante dans la grille de compréhension de l’époque contemporaine, l’affirmation centrale selon laquelle le capitalisme a, depuis près de 100 ans, développé les forces productives à un tel stade que « toute innovation technologique visant à accroître le taux de profit, donc le profit d’un capital individuel, crée davantage de titres à la plus-value qu’elle n’ajoute de plus-value à l’échelle du capital total »11. Cette contradiction majeure de la domination réelle du capital n’a cessé de s’aggraver et de produire une contraction de la reproduction sociale à l’échelle mondiale. Qu’est-ce à dire ? Dans un environnement ultra-productif, l’innovation technologique menace de dévaloriser une quantité trop importante de capital fixe et, par conséquent, la capitalisation initiale de celui (à savoir les profits que le capitaliste individuel en escompte). Cette « technodépréciation », c’est-à-dire la dévalorisation par l’innovation technologique, est alors contrée par le maintien artificiel de la valeur reproductive du capital, sous forme de capital fictif, grâce aux mécanismes interdépendants actionnés par les banques centrales, l’endettement de l’État, le système de prêts international, les marchés financiers planétaires (officiels et « occultes »12). En dernière analyse, la bulle croissante de capital fictif ainsi formée ne doit son existence qu’à la ponction actuelle de suffisamment de survaleur dans les parties reproductrice du rapport de valeur (destruction de C et de V). Par conséquent, la dévalorisation ainsi évitée, momentanément (mais ce moment peut durer plusieurs décennies, comme c’est le cas depuis quarante ans), par l’expansion du capital fictif (dans le monde économique aussi bien que dans l’économie devenue monde), frappe une masse croissante de capital fixe et de capital variable, sapant les bases de la reproduction sociale et au-delà, de l’accumulation capitaliste. Le monde s’enfonce dans un cercle vicieux de régression généralisée : Les titres à la plus-value (sous forme de profit, intérêt et rente foncière – ces titres sont des droits de tirage sur la richesse produite et à venir) se maintiennent en vampirisant les capacités de reproduction (du système capitaliste et de son environnement humain et naturel) ; les conditions et les perspectives de l’accumulation du capital sont toujours plus sûrement vouées à être sinistrées, ce qui rebute l’investissement productif tout en incitant à la profusion de capital fictif13. Ainsi, à mesure que l’ultra-productivité continue de s’élever (à partir de telle ou telle branche de la production, pour ensuite se reporter sur d’autres branches et d’autres secteurs économiques), des contre-tendances agissent au point où la reproduction élargie du capital social total s’effectue systématiquement contre la reproduction sociale. En d’autres termes, plus l’économie est productive, plus elle sécrète de titres à la plus-value, plus ceux-ci sont surévalués (par rapport à la plus-value réellement disponible) et plus il est nécessaire que la survaleur soit extraite de façon absolue ou en dehors de l’échange marchand (la diminution de V par l’augmentation de la composition organique du capital, c'est-à-dire C/V, ne suffit plus à dégager suffisamment de plus-value).  Le coût du capital variable est alors abaissé en dessous de son seuil de reproduction : le travail productif de valeur, de plus en plus délocalisé vers les pays de la périphérie, est gage de pauvreté pour la force qui le déploie. Les nouveaux ateliers du monde (Asie du centre et du Sud, Amérique latine, Afrique) évoquent sordidement ceux de l’Europe du 19ème siècle, sous un vernis technologique plus reluisant. Les anciens petits producteurs agricoles devenus ouvriers s’y épuisent pour des salaires de misère. Ils y meurent souvent aussi14.Le travail (prédominant sous sa forme improductive de valeur) dans les pays « avancés », ne maintient plus le niveau de vie du prolétariat (toujours plus précarisé et inoccupé). Partout, la durée globale du travail se rallonge. L’ultra-productivité, se cognant au plafond de verre de la loi de la valeur, impulse la baisse du travail nécessaire, laquelle s’opère davantage par l’écrasement du coût de la force de travail qu’au travers des gains de productivité ; l’extraction de la survaleur absolue est en recrudescence. Dans le rééquilibrage capitaliste global, celle-ci redevient un mode prisé d’exploitation venant supplanter ici, flanquer là, la création de plus-value relative. La non reproduction de C (capital constant) s’affirme comme une tendance lourde du capitalisme à l’échelle planétaire : les usines, les matériels, les infrastructures, se détériorent parce que non remplacées ; la nature est pillée, c'est-à-dire qu’elle est souillée, polluée, et non reproduite. En synthèse, parvenu à un degré de productivité élevé, le capitalisme s’avère incapable de transformer celle-ci en pouvoirs sociaux supplémentaires pour l’humanité. Il est alors enclin à détruire les bases productives qu’il avait lui-même créées, et ce, de façon régulière malgré les apparences contradictoires mêlant pseudo-confort matériel et désagrégation sociale que diffuse continuellement le rapport marchand. C’est ce qui vient de se dérouler dans le monde entier depuis quatre décennies, durant lesquelles la politique générale du capitalisme(communément désignée sous le terme « Néolibéralisme »)a consisté en la « pulvérisation des niveaux de vie réels (V) et des capitaux fixes réels (C) à l’échelle mondiale, et ce, pour transférer la valeur vers la plus-value (S), le tout afin d’éviter l’énorme “désendettement” dont l’éventualité hante les états depuis le début des années 1970. »15

Les différents développements ci-dessus exposés sont donc bel et bien incompatibles avec ceux qui, prenant acte de la dévalorisation de la valeur travail, sous les effets de la crise de la valeur, n’y voient que l’effet mécanique des derniers progrès de l’application de la science à la production. Les tenants de la « critique de la forme-valeur », en viennent ainsi à déclarer que « L’homme se situe dorénavant à côté du processus de production. L’application de la science remplace le travail productif en tant que force productive principale »16. Or, on l’a vu, ce déploiement de la science dans le procès de production trouve sa limite dans ce qu’il est censé remplacer : le travail humain, sans lequel le procès de production même n’aurait pas lieu. Par conséquent, s’il est juste de considérer que « l’extension rapide du travail de misère précarisé exprime non pas un élargissement de la base de la valeur ou de l’accumulation du capital et par là une solution capitaliste à la crise mais, au contraire, une des formes que prend la crise en se développant et en se généralisant »17, cette observation demeure  cependant incomplète parce qu’elle sous-estime la fonction de cette précarisation du travail imbibée de misère, laquelle, à l’instar de tous les mécanismes de destruction des forces productives, est vitale à la perpétuation du capitalisme. En ce sens, l’essor des économies asiatiques, devenues des nouveaux centres de l’accumulation du capital où prédominent l’extraction de plus-value absolue ne sont pas uniquement des expressions de la crise de la valeur. Ils sont aussi et surtout les manifestations de l’aspect « permanent » d’un système en crise, de ses capacités à maintenir, coûte que coûte, « la base de la valeur ou de l’accumulation ». De même, on ne peut, a priori, que souscrire à cette démonstration : (…) là où la production ne se fait pas au plus haut niveau technologique et organisationnel, on peut certes « compenser » le retard en augmentant le temps de travail, en abaissant les normes du travail et les coûts en matière de sécurité du travail, de protection de l’environnement, etc. Mais même si l’on peut ainsi obtenir une valorisation profitable de tel ou tel capital particulier, cela ne signifie nullement une croissance de la masse de valeur au niveau du capital social global. Car, utilisée de cette façon, la force de travail se révèle, par rapport au niveau mondial, extrêmement sous-productive dans la mesure où, par exemple, douze heures de besogne dans quelque sweatshop représentent moins de valeur qu’une heure ou quelques minutes de travail dans une usine high-tech produisant pour le marché mondial. Les gens ont beau être pressés comme des citrons, jamais le gigantesque écart en matière de forces productives (écart de plus en plus grand) ne sera comblé. »18 Mais, à y regarder de plus près, ce raisonnement, qui reconnaît que les capitalistes ne choisissent pas toujours « le plus haut niveau technologique et organisationnel », parie sur le nivellement par le haut de la productivité. Or cela ne coule pas de source. Il se passe plutôt l’inverse depuis le début des années 1980 : une part croissante du capital total, rebutée par l’importance du capital fixe total, part s’investir dans le secteur financier et, à l’échelle internationale, dans des secteurs productifs plus rentables à taux d’exploitation supérieur. Et la « domination absolue de valeur » n’y peut rien : il suffit que la valeur dégagée par la surexploitation et le pillage, par exemple au travers du Leverage buyout (achat à effet de levier)19 soit supérieure à celle que promet un investissement productif dans les capitaux et méthodes de production dernier cri, pour que l’emporte la tendance à développer la capitalisation dans cette formule nuisible à la reproduction sociale. A considérer la valeur comme une forme fétiche de domination sociale, à s’en remettre religieusement à son pouvoir d’équilibrage de la reproduction capitaliste, à confondre prolétariat, travailleurs et travail pour mieux théoriser une alliance objective entre le travail et le capital et par là transformer les exploités en agents actifs du « principe central de coercition et de socialisation de la société marchande »20, la « Critique de la forme-valeur » tourne le dos à ce qui est le noyau même de la dynamique des rapports de production et, par extension, des rapports de classe : la lutte, la violence, la destruction, lesquelles offrent des potentialités de régénération non négligeables au capitalisme. Partant, elle ignore que la lutte entre les classes résulte de, tout comme elle détermine, les tensions qui dessinent les voies par où s’engouffrent la valorisation du capital.  A cet égard, comme déjà évoqué, il suffit de jeter un œil sur les Première et Deuxième Guerre Mondiale pour s’apercevoir que le système capitaliste a déjà eu recours au cataclysme afin de renaître de ses cendres. La société mondiale a déjà été, par le passé, trop productive pour la forme valeur : c’est uniquement par l’anéantissement humain et matériel que celle-ci put perdurer. C’est peut-être cette difficulté à accepter une si élémentaire vérité qui fait dire à la Wertkritik cette énormité enveloppée de contentement : « De l’époque à la machine à vapeur jusqu’à la fin des années 1960, la masse des personnes employées immédiatement dans la production de marchandises augmentait en continu sur le long terme. L’introduction de la micro-électronique mit fin à ce processus d’extension vieux de 150 ans »21. Ici, sont mises en sourdines, les différentes crises de rationalisation des procès de production du 19ème siècle, où le chômage frappait durement le prolétariat. Surtout, la « domination du travail abstrait » avec le règne de la plus-value relative n’a pas correspondu à une extension de la population productive de valeur mais à sa recomposition (qui a impliqué plusieurs épisodes de destruction massive des travailleurs au 20ème siècle au travers des guerres, des massacres, etc.). Enfin, aujourd’hui, y compris sous le soi-disant règne de la micro-électronique, les « producteurs de marchandises » (pas forcément producteurs de valeur) sont toujours plus nombreux, parce que la contrainte de travailler (dans les secteurs formel et informel) s’est calquée sur l’expansion du marché mondial depuis la fin des années 1960.

C’est aussi en refusant de saisir le facteur de pillage et de destruction qui opère dans le cycle de valorisation du capital (dont sa forme fictive), tout en ignorant que le capital fictif est avant tout fictif par rapport à la valeur déductible des actifs à un instant T, que différentes approches, dont celle de la « Théorie de la forme valeur », s’égarent dans leur tentative de compréhension de la question de la fictivité du capital et de ses conséquences sur le monde contemporain. Ainsi, ces thèses soutiennent que la valeur peut s’accroitre grâce au formidable déballage de techniques financières survenu ces trente dernières années. Elles voient dans l’anticipation de valeur l’une des deux manières d’augmenter le capital social global (l’autre consistant en « la production de valeur réelle »). « Lors de l’émission d’une action ou de l’octroi d’un crédit, de la valeur qui n’est pas encore produite se transforme dès aujourd’hui en richesse capitaliste supplémentaire. De la valeur qui n’a pas été produite se transforme en capital social supplémentaire. »22 La pertinence de leur démonstration serait à déceler dans le fait que « dès qu’il peut être revendu comme marchandise, le reflet autonomisé du capital d’origine peut mener une vie propre. Il devient force sociale réelle, de la richesse capitaliste qui peut alimenter le cycle économique tout aussi bien qu’un capital qui doit son existence à une réelle exploitation de travail. »23 Évidemment, si l’on considère que réclamer de la valeur et en créer consiste en la même-chose, la Finance peut se transmuter en industrie. Cette grossière erreur est liée au fait que Krisis et consorts sont obstinément aveugles à la dimension de la survaleur, qu’ils ne considèrent que comme un moment d’une totalité qu’est la valeur, alors qu’elle est la manifestation centrale des rapports de classe. Pourtant, les titres de propriété ne sont que des promesses sur la richesse future qui, pris dans leur ensemble, ne sont pas convertibles en liquidité (moyen de paiement).  Seule une quantité infime de ces droits de tirage sur la richesse, par rapport à la masse qui se suspend dans le secteur financier, s’injecte dans le circuit de valorisation marchande. S’ils existent et grossissent, répétons-le, c’est parce qu’ils sont « l’écart entre le prix global et la valeur globale à une échelle globale »24, laquelle est l’expression de la surévaluation d’un capital fixe menacé de dévaluation par les augmentations de la productivité. Et c’est grâce à la survaleur dégagée dans le « système clos » (qui ne contient que des capitalistes et des travailleurs) par l’accroissement du taux d’exploitation et en dehors de ce cadre (à travers tous les mécanismes de pillage décrits précédemment) que ces prix sont maintenus. Lorsque la survaleur réellement extraite ne peut plus soutenir cet écart, la crise déflationniste intervient pour réajuster le prix global sur la réelle valeur qu’il exprime. TRENKLE est obligé de frôler cette évidence quand il dit : « Ce qui aggrave le problème, c’est que la ponction de valeur future ne peut marcher que si les titres de propriété proposés se réfèrent à un secteur de l’économie réelle promettant des gains futurs »25. Mais cela ne l’intrigue pas plus que cela. Et, poursuivant son vol dans le ciel de la valeur, il va jusqu’à déclarer que « le capitalisme a contourné sa base interne dans la mesure où il a muté en un système reposant sur la saisie anticipée de valeur »26, que « Depuis 30 ans, c’est l’industrie financière qui est le moteur de l’accumulation capitaliste »27 ou encore que « La prétendue économie réelle s’est bien accrue ces 30 dernières années mais elle est sous perfusion de capital fictif »28. Or, ce n’est rien d’autre qu’un processus d’auto cannibalisation économique, social et environnemental qui a présidé au formidable développement du secteur financier, à partir des années 1970 (démonétisation de l’or en 1971) et des années 1980. Si ce secteur financier fut l’instrument principal de l’unification mondiale de l’économie, au point que certains parlent d’un « capitalisme financier d’arbitrage », ce fut dans l’optique de faciliter  (optimisation de l’allocation, de la mobilité, de la rotation, des capitaux) l’extraction de la survaleur par la prédation. Déjà, à ses balbutiements, la restructuration en profondeur du régime d’accumulation, exprimait une forte pression du capital fictif ayant atteint des proportions considérables, en particulier en raison de l’écart entre la véritable valeur reproductive de l’économie américaine et la somme des dollars en circulation dans le monde. En effet, le pillage allié au capital fictif sur long terme et à l’échelle globale ne date pas d’il y a trente ans. Celui-ci a débuté dès l’après-guerre, quand les États-Unis ont commencé de pomper la richesse mondiale grâce à la surévaluation du dollar. Comme l’indique Loren Goldner « Cette richesse passa dans les bilans, privés et publics, du capitalisme américain, tout à fait indépendamment des profits produits lors du processus de production immédiat aux Etats-Unis même(…). »29. Par la suite, l’industrie américaine fut progressivement rattrapée et dépassée par les appareils de production devenus plus performants dans le reste du monde et cela conduisit l’ensemble de l’économie américaine à se placer sous une dominance rentière. A partir du début des années 1960, les dollars n’ont cessé de s’accumuler à l’étranger pour être recyclés dans la dette américaine. Depuis, les États-Unis ont acheté au reste du monde avec des dollars prêtés par ceux-là mêmes qui leur vendent leurs marchandises. Cela s’appelle du pillage. Cette combinatoire capital fictif-pillage a incité à la myriade de réformes étatiques (résumée sous le terme de dérégulation, laquelle n’est qu’une autre régulation) intervenues avec le néolibéralisme, dès la fin des années 1970, pour fluidifier et intensifier production et circulation du capital à l’échelle planétaire, briser les barrières légales, spatiales, temporelles et sociales qui contrariaient la conquête de nouveaux eldorados économiques, et plus globalement la possibilité de l’extraction de survaleur, par la privatisation des bénéfices et la socialisation des coûts. Aussi, la financiarisation de l’économie a sauvé, temporairement, le capitalisme d’une pénurie de survaleur, mais cela au risque d’en empêcher la réalisation (le nécessaire écoulement des marchandises est mis en péril par l’abaissement du coût de la force de travail sous son seuil de reproduction, dans des conditions générales toujours plus sinistrées). Ce défaut potentiel de réalisation causé par l’écrasement des salaires, a été momentanément compensé par l’explosion du crédit (privé et public), lui-même rendu possible par la prédominance de l’argent-dette. La spirale vers le bas que prend la crise permanente du mode de production capitaliste est ici  flagrante : l’incapacité de réaliser les gains de productivité provoque une obésité de capital fictif qui se nourrit tant de la traque au salaire réel global que du pillage en tout genre, deux facteurs pesant en faveur de la substitution du salaire par le crédit, laquelle intensifie de plus belle la logique mortifère déjà à l’œuvre. Très schématiquement, on pourrait dire que la camelote produite dans les « bagnes capitalistes » à l’autre bout de la planète est consommée par les crédits du travailleur occidental qu’on appauvrit méthodiquement, sous le déclin de la loi de la valeur et, concrètement, à coup de licenciements et de plans d’austérité dans les centres de l’impérialisme. Assis principalement sur de la dette, ce crédit, dans toutes ses formes, est la promesse d’une paupérisation accentuée.

Car, depuis la crise de 2008, c’est la même dynamique de destruction des forces productives alliée au développement hyperbolique de capital fictif qui, par un saut qualitatif dans l’aggravation de la crise mondiale, a mobilisé l’État en dernière recours face à l’effondrement de la valeur. Une fois de plus, la gigantesque déflation, que nargue la bulle fictive mondiale depuis 40 ans, a pu être partiellement et temporairement évitée. En dernière analyse, les krachs de juillet 2007 et d’octobre 2008, tout comme leurs répliques,  marquèrent les limites des « tendances compensatoires » qui jusque là avaient permis au capital fictif de proliférer dans le cadre de la dévalorisation diffuse. La solution précaire s’est alors présentée sous la forme d’une intensification brutale de ces tendances au travers de mesures générales de dévalorisation de la force de travail et de pillage du capital fixe.

Cette guerre ouverte contre les exploités (Bien sûr, les bourgeois ne pâtissent aucunement des politiques d’austérité et de « (re)conquête de la compétitivité » qu’ils infligent) et l’environnement naturel, est coordonnée et exécutée par l’État. C’est lui qui, en improvisant des plans de sauvetage du système global de crédit en putréfaction, dont la nationalisation de la plus grande partie du secteur bancaire a été l’un des volets, a sauvé la valeur d’un écroulement mortel. C’est lui qui, depuis plus de 6 ans, par l’intermédiaire des Banques centrales, inonde de liquidités les places financières mondiales pour conjurer un arrêt généralisé de la circulation du capital-argent et, in extenso, de l’économie mondiale (on ne comptera bientôt plus le nombre de « quantitative easing »30). C’est lui qui, quotidiennement, introduit férocement aux points vitaux des prolétariats du monde entier de fraîches tentacules voraces par où la survaleur est extirpée. C’est lui qui autorise, via le mécanisme endettement public/plans d’austérité, que la richesse globale soit jetée en pâture aux charognards capitalistes. L’État est d’autant plus enclin à muter en machine de guerre contre tout ce qui s’oppose à la valorisation du capital, que c’est la valeur même, comme rapport social, qui est menacée directement par la présente crise. Au passage, cette situation historique, à condition d’être pertinemment comprise, ridiculisent les « libéraux », qui après avoir pourfendu pendant trois décennies le « trop d’État » se sont précipités dans les bras de celui-ci en quelques heures pour exiger qu’il préserve leur pécule. De même, notre époque vient impitoyablement désintégrer toute édification théorique, idéologique et/ou programmatique qui partirait d’une vision de l’État comme bouclier et/ou solution face à la crise. Au moment ou la puissance publique se montre à nouveau, et de façon nouvelle, dans ce qu’elle est essentiellement : le Cerbère de la société de classe, le donjon du château capitaliste en flammes, les étatistes, de l’extrême-gauche à l’extrême-droite, nous la dépeignent comme l’organisation salutaire. Les uns invoquent le retour à l’ « État Providence », au « service public », à « l’intérêt général », d’autres y voit le bras armé d’une politique nationaliste qui saura tirer le bon grain patronal de l’ivraie mondialiste, d’aucuns prônent la gentille régulation financière contre la méchante spéculation débridée des « hedge funds » et de la « titrisation ». Toutes ces fadaises ne sont que des retardants idéologiques au titanesque embrasement prolétarien qui donnera le coup de grâce à la domination capitaliste agonisante. Ni dans ses orientations, ni dans ses fondements, l’État n’est à redresser ou rebâtir. Et cela pour la simple raison qu’il n’a jamais été, ni ne pourrait être autre chose que la médiation centrale par laquelle la société capitaliste se produit et se pérennise en tant qu’ordre social. En effet, l’État, depuis qu’il existe sous sa forme moderne, c'est-à-dire achevée, est l’État capitaliste (quelque soit les formes du capitalisme, y compris celles qui ont été jusqu’à présent qualifiés de « socialistes »). Il est une nécessité intrinsèque au présent mode de production, comme celui-ci est nécessairement constitutif de l’État. Partant, la formidable puissance de violence et d’organisation qu’est l’État est une mutation permanente, qui incite, autant qu’elle s’adapte, aux transformations de la société capitaliste. Le champ, la structure, les modalités et les objectifs de l’intervention étatique fluctuent périodiquement au regard de l’intérêt général du capital. Hier, l’État socialisait une partie croissante de la force de travail pour l’adapter aux impératifs de la modernité capitaliste. Aujourd’hui, il démolit méticuleusement chaque composante du salaire (directe et indirecte) dans une traque à la plus-value, et est chargé de neutraliser les menaces à l’ordre politique qu’une telle offensive suscite. Paradoxalement, a l’heure où la persistance de la loi de la valeur n’est qu’un « sauve qui peut » consistant en une gigantesque déprédation, en une contraction de la reproduction sociale, il n’est pas étonnant que cette défense de l’intérêt général du capital se réduise à la sauvegarde des intérêts particuliers de ses fractions les plus puissantes. Dans cet ordre d’idée, ce n’est pas un hasard si les sphères de gouvernance étatique et paraétatique, qu’elles soient locales, nationales, continentales, n’ont jamais été aussi emmêlées avec les grands états majors capitalistes industriels et financiers (il suffit de se reporter aux pédigrées des principaux technocrates et  du personnel politicien pour s’apercevoir que ceux-ci sont généralement liés aux milieux d’affaires ; l’exemple de Goldman Sachs comme écurie de décideurs politiques aux États-Unis et en Europe est ici édifiant)31.

L’époque que nous traversons recèle les éléments d’une clarification historique inédite, autant qu’elle voit pulluler les funestes aboiements de la confusion. Cette furieuse composition est sans doute la marque d’un temps où s’ouvre la porte vers une autre phase historique, un autre mode de production. Un tel moment, aussi décisif que celui que nous vivons, avait inspiré Gyorgy LUKACS au début des années 1920. Dans « Histoire et Conscience de classe », celui-ci prévenait : « Quand le moment du passage au «  règne de la liberté » est objectivement donné, cela se manifeste justement, sur le plan objectif, en ce que les forces aveugles poussent à l'abîme d'une façon véritablement aveugle, avec une violence sans cesse accrue, apparemment irrésistible, et que seule la volonté consciente du prolétariat peut préserver l'humanité d'une catastrophe. En d'autres termes : quand la crise économique finale du capitalisme a commencé, le destin de la révolution (et avec elle celui de l'humanité) dépend de la maturité idéologique du prolétariat, de sa conscience de classe. »32. A l’image d’une torche plantée dans le chaos de l’Histoire, cette réflexion luit à nouveau parmi les tumultes actuels. Car si le rapport social dominant, le capitalisme, est indubitablement menacé, en son cœur, d’un écroulement imminent, il ne laissera la place à la société libérée des classes sociales et de l’État que si le sujet historique dont les intérêts objectifs lui sont en tout opposés, se dresse et le vainc. Dans le cas inverse, la barbarie qui, de jour en jour, gagne du terrain, engloutira l’humanité. Ce sujet historique est et demeure la classe de ceux qui sont obligés de vendre leur force de travail pour survivre, de ceux qui produisent ou reproduisent la valeur, c'est-à-dire le prolétariat. Pour se mettre en branle, le processus révolutionnaire doit savoir exposer, actionner, réaliser les possibilités de la clarification théorico-pratique, objectivement offertes par la désagrégation avancée de la société de classe. Ainsi, l’affirmation du prolétariat comme fossoyeur de toutes les classes réclame, simultanément, sa recomposition en tant que force autonome, imperméable aux poisons mentaux bourgeois, capable de définir elle-même la voie d’issue historique. Une telle entreprise, aussi colossale qu’elle saura s’émanciper de la fascination marchande autant qu’elle aura balayé les mille mélodies de l’idéologie bourgeoise, fait notamment dire à la Wertkritik : « Qu’il puisse exister une société dans laquelle les hommes organiseraient tout simplement la production de richesses directement, sans le détour par l’argent et sans le détour par la marchandises, cela semble totalement irréaliste »33A l’aune de ces perspectives capitulardes, on ne saisit que mieux la teneur pro-bourgeoise des développements qui les étayent. Bien entendu, ce mouvement pseudo-critique, qui propose de troquer la dialectique révolutionnaire pour la contemplation intellectualiste, qui suggère la dissolution du combat de classe au jardin parcellisé de l’alternativisme, n’est qu’une petite piaillerie dans la cacophonie des confusionnistes contemporains. Face au vacarme toujours plus assourdissant, toujours plus déstabilisant, l’œuvre de clarification ne peut se cantonner à l’indispensable tâche, ô combien âpre, de la réfutation du faux. Parce qu’il émane de la sauvagerie ordinaire d’un ordre capitaliste aux abois,  parce qu’il a envahit tous les aspects de l’existence des exploités au point de submerger les facultés qui permettent à la conscience de classe prolétarienne de s’affuter, le marasme ne peut, en effet, être combattu à minima. S’en extirper sera d’autant moins pénible qu’on aura su décrire la société future (à ses balbutiements) qu’il est aujourd’hui possible d’apercevoir dans le bâillement de la porte de l’Histoire. Cette tâche s’insère nécessairement dans l’émergence d’une praxis à la hauteur des enjeux capitaux de notre temps. Autrement dit, jamais la question d’une autre société ne s’est posée aussi immédiatement qu’au moment où la crise du système capitalise se confond avec la crise de la survie de l’humanité. Les conditions pour accéder à un mode de production supérieur sont réunies, autant qu’elles sont menacées, par la ruine du capitalisme. Cela implique que l’urgent besoin de sortir de ce rapport social revient, pour l’humanité, à en concevoir l’issue34.

Dans ces conditions, le but affiché d’un monde authentiquement libre et égalitaire vient composer le moyen par où le combat révolutionnaire se déploie : la description de ce monde devient une tâche programmatique. C’est ce à quoi s’est attelé Loren GOLDNER. Ainsi, participe-t-il à amorcer, ici et maintenant, les débats, appelés à être accompagnés d’une pratique conséquente, portant sur la société communiste. Mieux le prolétariat aura su présenter des perspectives concrètes en la matière, mieux il aura à nouveau su se définir comme la classe capable d’actionner l’abolition des classes. Dans cette lancée, le communisme se posera en tant qu’antithèse de toutes les oppressions et fléaux qu’a su développer la société capitaliste, de la guerre sophistiquée jusqu’à la banalisation de la déshumanisation. Il se sera ainsi mieux départi des formules qui, en son nom, ne consistaient qu’à faire progresser la domination, sous couvert d’une quête de développement des forces productives. A partir de ce constat en forme de bilan ouvert sur le futur, on peut affirmer que la société de demain sera celle de l’humanisation de l’homme35, ou ne sera pas.




 

Références : 

1 « La subsomption réelle du travail sous le capital », formule équivalente à « la domination réelle du capital » ou encore à « la subordination réelle du capital au travail » renvoie à la phase historique où prédomine la plus-value relative. « La subordination réelle du travail au capital s'opère dans toutes les formes qui développent la plus-value relative par opposition à la plus-value absolue. Avec elle, une révolution totale (et sans cesse renouvelée) s'accomplit dans le mode de production lui même, dans la productivité du travail et dans les rapports entre les capitalistes et le travailleur. » Karl MARXMatériaux pour l’Économie, Éditions Gallimard, La Pléiade, T II,

2 En référence au matérialisme dialectique, méthode utilisée par Karl MARX. « Dans sa forme mystifiée, la dialectique devint une mode allemande, parce qu'elle semblait glorifier l'état de choses existant. Mais dans sa configuration rationnelle, elle est un scandale et une abomination pour les bourgeois et leurs porte-parole doctrinaires, parce que dans l'intelligence positive de l'état de choses existant, elle inclut du même coup l'intelligence de sa négation, de sa destruction nécessaire, parce qu'elle saisit toute forme faite dans le flux du mouvement et donc aussi sous son aspect périssable, parce que rien ne peut lui en imposer, parce qu'elle est dans son essence, critique et révolutionnaire ». Karl MARXLe Capital Livre 1, éd. PUF, 1993, p17

3 Ou comment théoriser le « capitalisme comme une forme fétichiste historique » pour mieux parader aux côtés de ses fidèles gestionnaires : http://www.alternatives-economiques.fr/les-debats-de-l-association-des-lec_fr_art_633_57997.html ; http://vimeo.com/23898920 ;https://france.attac.org/auteur/anselm-jappe ;http://bibliobs.nouvelobs.com/agenda/20120928.OBS3959/15-16-novembre-2012-colloque-international-autour-de-la-pensee-d-andre-gorz-montreuil.html ;http://groupededecroisseursberrichons.hautetfort.com/archive/2012/07/01/conference-debat-avec-serge-latouche-et-anselm-jappe.html

4 Un recensement des guerres depuis les années 2000 qui fait froid dans le dos :http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_guerres#.C3.80_partir_de_2000

5 On pense, en particulier, à Thomas PIKETTY, économiste de service du Parti Socialiste, dont les élucubrations ont récemment recueilli un certains succès.

6 Ces données sont présentées ici : http://alencontre.org/video/la-formation-dune-classe-ouvriere-mondiale.html  et ici : http://www.contretemps.eu/sites/default/files/capur1.pdf Il va sans dire que nous ne cautionnons aucunement des pans entiers de l’analyse, encore moins l’orientation politique de son auteur.

7 On ne saurait que trop conseiller la lecture de « Dans le monde, une classe en lutte » :http://www.mondialisme.org/spip.php?rubrique4 ; un site également intéressant (uniquement en tant que base de données) : http://berthoalain.com/

8 Karl MARXPrincipes d’une critique de l’économie politique (Ébauche, 1857-1858), Éditions Gallimard, La Pléiade, Œuvres Economie Tome II, 1968, p306

9 Loren GOLDNERThe `Biggest October Surprise’ Of All : A World Capitalist Collapse,

10 Au sujet de « l’agent dette », se référer au livre de Léon de MATTISCrises, Entremonde, 2012. L’analyse de la crise du capitalisme propose des points de vue souvent convaincants. On regrette néanmoins que la notion de capital fictif y soit totalement absente.

11 Loren GOLDNERLa classe ouvrière américaine. Restructuration du capital global, recomposition du terrain de classe dans Nous vivrons la Révolution (Revolution in our lifetime), Editions Ni Patrie ni frontières, 2008, p162

12 Un article assez instructif au sujet du Shadow Banking dans « Les Echos » :http://bourse.lesechos.fr/infos-conseils-boursiers/dossier/B2012-M-Shadow_banking_une_activite_a_risque_pas_assez_reglemente/shadow-banking-une-activite-a-risque-pas-assez-reglementee-822322.php

13 Des données intéressantes au sujet de l’évolution de l’investissement productif aux U.S.A sont exposées dans cet article : http://criseusa.blog.lemonde.fr/2012/07/16/la-crise-explique-par-le-sous-investissement-productif-aux-usa-i/

14 « En chine, 1600 personnes meurent tous les jours d’un travail trop acharné » :http://www.slate.fr/story/89477/chine-1600-personnes-meurent-tous-les-jours-travail

15 Loren GOLDNER, Le capital fictif et la reproduction sociale contractée aujourd’hui : la Chine et la révolution permanente, 2012

16 Extrait de la vidéo de présentation du livre « La Grande dévalorisation » d’E. LOHOFF et N. TRENKLE (MRES Lille – 28 mai 2014) : http://nouvellesdelhumanite.over-blog.com/article-video-presentation-du-livre-la-grande-devalorisation-d-e-lohoff-et-n-trenkle-mres-lille-2-123915363.html

17 Norbert TRENKLECritique du travail et émancipation sociale. Réplique aux critiques du manifeste contre le travail, 2004 : http://www.krisis.org/2004/critique-du-travail-et-emancipation-sociale

18 Ibid.

19 Sur le Leverage BuyOut (LBO) : http://fr.wikipedia.org/wiki/Achat_%C3%A0_effet_de_levier

20 Ibid.

21 Extrait vidéo susmentionné

22 Ibid.

23 Ibid

24 Loren GOLDNERSur le capital fictif dans Nous vivrons la Révolution (Revolution in our lifetime), Editions Ni Patrie ni frontières, 2008, p124

25 Ernst LOHOFF et Norbert TRENKLESur l’immense décharge de capital fictif, 2012

26 Extrait vidéo susmentionné

27 Ibid.

28 Ibid.

29 Loren GOLDNERop cit, p126

30 Sur l’Assouplissement quantitatif : http://fr.wikipedia.org/wiki/Assouplissement_quantitatif

31 Les réflexions de Tom THOMAS au sujet de l’État sont d’une grande qualité :http://www.demystification.fr/les-livres-de-tom-thomas-2/etatisme-contre-liberalisme/

32 Gyorgy LUKACSHistoire et conscience de classe, Les éditions de minuit, Arguments, 1960

33 Extrait vidéo susmentionné

34 « C’est pourquoi l’humanité ne se propose jamais que les tâches qu’elle peut remplir : à mieux considérer les choses, on verra toujours que la tâche surgit là où les conditions matérielles de sa réalisation sont déjà formées, ou sont en voie de se créer. » Karl MARXCritique de l’économie politique, Éditions Gallimard, La Pléiade, Œuvres Economie Tome I, 1963, p273

35 Et de la femme, et vice et versa !