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200 marins marocains piégés à Sète

Maroc

Lien publiée le 7 avril 2012

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

(Ouest France) Depuis quatre mois, les équipages de trois ferries vivent comme ils peuvent, loin de leurs familles. Raison : leur armateur marocain croule sous les dettes. Les navires sont à quai.

Au bout du môle, un peu à l'écart, dans le port de Sète (Hérault) le Bni Nsar paraît bien seul, comme figé au bout de ses amarres. Seul signe de vie, une porte étroite, ouverte sur son flanc, qu'une modeste passerelle en bois relie au quai. La première chose qui frappe quand on franchit ce sas, c'est le silence. Les moteurs sont au repos. Pas une vibration ne fait frissonner les tôles.

« On a juste assez de carburant pour produire l'électricité minimum pour nos besoins », explique un marin. Le sourire est amical mais, dans ses yeux, se lit la lassitude. Quatre mois que plus de deux cents marins marocains sont piégés. Devant l'accumulation des factures impayées de la Comarit-Comanv, le tribunal de Montpellier a prononcé la saisie des trois ferries (Bni Nsar, Biladi et Marrakech) qui relient habituellement Tanger et Nador. Six autres des onze unités de la société sont bloquées en Espagne.

« On bricole »

À bord du Bni Nsar, l'ambiance est solidaire. « On s'épaule entre nous. Entre bateaux aussi. Ceux du Marrakech viennent faire le pain ici, ils n'ont plus de fuel. » Quand la tension monte entre les hommes, « il y a toujours quelqu'un pour calmer le jeu », explique un officier. Règle d'or : « Occuper l'équipage comme si le bateau était en activité. » Tous se lèvent à 8 h et rejoignent leur poste. « On n'a pas grand-chose à faire, mais on bricole », explique un matelot. Les planchers sont briqués, le garage à voitures est repeint, « mais c'est terminé, on n'a plus de peinture. »

« On n'a même pas d'argent pour payer un dentiste. » La Croix-Rouge prend les malades en charge. L'agglomération sétoise s'occupe des ordures ménagères. « L'armement fait livrer du gasoil et quelques vivres au compte-gouttes. Le plus difficile, c'est avec nos familles. » Quatre mois sans revenus, c'est compliqué à gérer. « Heureusement, au pays, la solidarité est forte », raconte un mécano, soupçonné par son épouse de succomber aux charmes des petites Françaises. Ses collègues s'en amusent. La vie va ainsi à bord du Bni Nsar, on manie l'humour pour ne pas déprimer en public.

Sur les deux autres navires, « c'est encore plus dur. Sur le Marrakech, on s'éclaire à la bougie », commente Lilian Torrès, de Force ouvrière. « Les relations avec l'encadrement sont rudes. Je redoute que la situation finisse par s'envenimer. » Un signe ? « Les équipages nous ont demandé de lancer une procédure de saisie conservatoire de la créance des salaires. » Contrairement aux autres créanciers, « nous demanderons la vente des navires si rien ne bouge ».

Le ministère des Transport se dit mobilisé, mais se garde d'intervenir directement dans un conflit de droit privé. « Thierry Mariani a saisi son homologue marocain Abdelaziz Rabbah. Il s'est engagé à trouver une solution rapide », indique le ministère. Le terme « rapide » énerve les marins. Ils savent que les négociations avec l'armateur Ali Abdelmoula ne sont pas simples. « On nous évoque sans cesse des pourparlers, mais rien n'en sort. » Lilian Torrès redoute le dérapage, voire des incidents.