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Loi travail : le pari de la CGT a du plomb dans l’aile

Khomri

Lien publiée le 19 mai 2016

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://social.blog.lemonde.fr/2016/05/19/loi-travail-le-pari-de-la-cgt-a-du-plomb-dans-laile/

C’est presque une tradition : la CGT et le ministère de l’intérieur divergent toujours fortement sur les chiffres de manifestants. Jeudi 19 mai, pour la septième journée interprofessionnelle contre la loi El Khomri, ces écarts ont atteint des records. La CGT a annoncé ainsi que la manifestation parisienne, où certains membres des services d’ordre syndicaux étaient armés de bâtons et de matraques, avait rassemblé 100 000 personnes quand la police avançait le chiffre de 13 000 à 14 000… A Marseille, les organisateurs comptaient 90 000 manifestants… contre 3 500 pour la police. A Toulouse le chiffre variait entre 16 000 et 4 000. Les sept organisations à l’origine de la contestation de la loi travail dont elles demandent le retrait – CGT, FO, FSU, Solidaires, UNEF, UNL et FIDL – devaient se retrouver jeudi soir pour arrêter une nouvelle date de mobilisation, le 26 mai ou début juin avant le passage du texte au Sénat.

Les chiffres de la CGT sont d’autant plus surprenants que les violences qui ont accompagné les manifestations de mardi, puis celles qui ont marqué le rassemblement policier de mercredi, auguraient mal d’un regain de mobilisation. Le 17 mai la CGT avait revendiqué 55 000 manifestants à Paris (12 000 selon la police).  Globalement, la CGT a indiqué, jeudi en fin de journée, qu’il y a eu « près de 400 000 » manifestants  en France contre la loi (220 000 le 17 mai). Alors qu’on reste loin du pic de mobilisation du 31 mars (1,2 million de manifestants à travers la France selon la CGT et 390 000 selon le ministère de l’intérieur), les chiffres avancés permettent à la centrale cégétiste de prétendre que, loin de s’essouffler, la fronde se consolide.  « Et le premier ministre ose parler d’essoufflement! », ironise même le communiqué de la CGT. Pour les sept organisations, « le match n’est pas fini« . Après la mise en garde de Manuel Valls qui, compte tenu des violences et des débordements observés, avait invité les syndicats à « s’interroger sur la pertinence » de certaines manifestations, Philippe Martinez a répliqué qu' »on ne peut pas empêcher la démocratie de s’exprimer parce qu’il y a des problèmes en marge des manifestations« . « La balle est toujours dans le camp du gouvernement, a affirmé le secrétaire général de la CGT, jeudi, il faut retirer ce mauvais projet de loi. Nous sommes déterminés ». De son côté, Jean-Claude Mailly, le secrétaire général de FO,  a fait état d’un « niveau élevé » de mobilisation et a appelé à « booster » cette dernière à l’occasion de l’arrivée du texte au Sénat.

La CGT et FO savent pourtant que ce n’est pas la répétition de ces manifestations – les « journées saute-mouton », en langage syndical – qui fera fléchir la détermination du gouvernement. François Hollande a réaffirmé, le 17 mai, qu’il ne « céderait pas » et que la loi El Khomri « va passer« . Le premier ministre est sur la même longueur d’onde. C’est la raison pour laquelle la CGT a déployé, cette semaine, une nouvelle stratégie visant à encourager des grèves reconductibles dans divers secteurs: les routiers (où la CGT et FO sont minoritaires), les cheminots (qui se mobilisent d’abord sur leurs conditions de travail), le trafic aérien, les ports, le raffinage et la pétrochimie. La centrale cégétiste joue ainsi son va-tout en escomptant que le maintien de la pression, avec le blocage d’une partie de l’activité économique, obligera le gouvernement à retirer sa loi. Une stratégie qui avait échoué en 2010 quand un mouvement beaucoup plus puissant, et dans l’unité de tous les syndicats, n’avait pas amené Nicolas Sarkozy à renoncer à sa réforme des retraites.

Les blocages ne se généralisent pas

Or, pour l’heure, le pari de la CGT bat de l’aile. Les grèves et les blocages ne se généralisent pas. Les taux de participation aux grèves restent faibles, y compris à la SNCF (13,8% de grévistes jeudi contre 15% mercredi). Les routiers ont mené des des blocages en province, avec ds barrages filtrants, notamment dans les Boûches-du-Rhône et en Gironde. La CGT parle de six raffineries sur huit à l’arrêt… Au Havre, deux raffineries ont été bloquées et on évoque une pénurie de carburant. Des dockers ont bloqué le dépôt pétrolier de La Rochelle et en Loire-Atlantique, le blocus de la raffinerie de Donges se poursuit. Les grèves de contrôleurs aériens ont entraîné l’annulation de 15% des vols au départ d’Orly. Le mouvement reste donc très limité. Le secteur privé n’est pas globalement touché par des grèves reconductibles. L’activité économique est perturbée mais elle est loin d’être paralysée. Et Manuel Valls a recouru de nouveau à un langage de fermeté, en assurant, jeudi sur RTL, qu’il ne pouvait « tolérer ces barrages » et qu’il était prêt à faire dégager les accès, « même si c’est une difficulté supplémentaire pour les forces de l’ordre« .

Au-delà des nouvelles manifestations qui seront sans nul doute annoncées, les syndicats contestataires vont être amenés à réfléchir à une porte de sortie. Les derniers sondages montrent que le soutien de l’opinion publique, probablement à cause des débordements, s’étiole. La journée du 26 mai ou de début juin sera-t-elle un baroud d’honneur? L’attitude de FO est à cet égard intéressante à observer. Jean-Claude Mailly semble bien avoir deux fers au feu. Jeudi, la commission exécutive de FO a décidé « un renforcement de la mobilisation en s’inscrivant dans une manifestation nationale interprofessionnelle en juin, avec appel à une journée de grève interprofessionnelle ». Mais le même jour, Jean-Claude Mailly, interrogé sur RTL, faisait ce qui ressemblait à une timide ouverture. A la question, espère-t-il un compromis, le leader syndical a répondu: « Cela dépend du gouvernement. Si on a satisfaction, par exemple sur le principe de faveur, ce qu’on appelle la hiérarchie des normes… Si le gouvernement bouge… Mais le gouvernement ne veut pas bouger là-dessus, parce qu’il est néo-libéral dans sa logique économique ». Il est vrai qu’il s’agit du noyau dur de la réforme et qu’on voit mal le gouvernement céder sur ce point. Mais on ne manquera pas de noter que Jean-Claude  Mailly qui a jusqu’ici jugé que le texte n’est « ni amendable ni négociable » ne fait plus, dans cette déclaration, du retrait de la loi un préalable à une (très hypothétique) négociation…