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Bref récit de la journée de manifs du 2 juin
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
https://paris-luttes.info/bref-recit-de-la-journee-de-manifs-5981
Au programme : une manif inter-luttes avec les cheminots en tête, un départ en métro pour aller faire coucou au Président, une manif sauvage sur la rue de Vaugirard, un rassemblement devant le parc des expos doublé d’un blocage du tram, et re une manif sauvage dans le 15e arrondissement. Ouf !
Une manif contre la loi Travail et son monde était appelée aujourd’hui, à 14h à Montparnasse, notamment par des cheminots (qui ont d’ailleurs pris la tête du cortège).
Ça a mis du temps à démarrer (vers 14h45), mais ça a vite été bien dynamique. Les cheminots avaient la dose de fumigènes, et quelques milliers de personnes dans l’esprit "cortège de tête", si vous voyez c’que j’veux dire, fournissaient le gros de la manif. On trouve là encore une chouette diversité de manifestant-e-s, ou plutôt, de modes de manifestation, avec une détermination palpable.
Dès le départ, pendant que devant ça agite fumigènes et drapeaux de Sud-Rail, derrière il y a de premières banques qui prennent des coups. Divers tracts sont diffés à travers le cortège, notamment des conseils juridiques et contacts d’avocat-e-s. Plusieurs tags sont inscrits au fil du parcours, rue de Rennes et boulevard Raspail ("Grève, blocage, sabotage", "En grève jusqu’à la retraite", "Rage, joie, anarchie", etc.). La plupart des panneaux de pub sont tagués, libérés de leurs affiches et/ou pétés.
Au niveau du métro Sèvres-Babylone, la manif s’arrête. Le chemin vers le Ministère des Transports (en fait celui-ci s’appelle officiellement Ministère de l’Environnement, de l’énergie et de la Mer, mais bon, osef) est bloqué par la police... On aurait pu prendre des chemins de traverse, d’autres rues, le dispositif policier n’étant pas très impressionnant à cet endroit. Mais le mot a couru qu’un certain François Hollande était au même moment au parc des expositions de la porte de Versailles, où se tenait le congrès des maires de France. Héhé, ça donne envie, quand même !
Donc là, on aurait pu faire demi-tour et faire enfin une longue manif jusque là-bas, mais assez vite l’idée d’y aller en métro à circuler, puis des manifestant-e-s ont pris le mégaphone pour inciter tout le monde à y aller ensemble en métro. C’est ce qu’on a fait, dans la joie et la bonne humeur !
Pour éviter d’être pris-es au piège par les flics à la sortie du métro Porte de Versailles, on a décidé (assez judicieusement) de sortir à la station d’avant, métro Convention.
On était plusieurs centaines, peut-être un millier, je ne sais pas trop. Et là, c’est parti en manif sauvage sur la rue de Vaugirard (la plus longue voie de Paris intra-muros, ça aurait été marrant de la faire en entier cette vieille rue de bourges du Monopoly...), d’abord assez tranquillement (on s’attend), puis heureusement un peu plus énergiquement par la suite. Ça gueule "Grève, blocage, manif sauvage", "Haaa, anti, anticapitalistes" et autres slogans habituels. Puis on tombe assez vite sur un chantier en libre service : des barres de fer et autres objets de mobilier urbain sont saisis, notamment pour ériger quelques petites barricades sur la route, mais pas seulement ! De premières banques sont attaquées, et jusqu’à la porte de Versailles, pratiquement toutes les cibles capitalistes y passeront ! Panneaux de pub bien sûr, mais aussi agences immobilières, agences d’intérim, magasin de location de voitures, etc. L’ambiance est super offensive mais ça avance assez sereinement en direction de la porte de Versailles. François, on arrive !
Arrivé-e-s face au parc des expositions, on se retrouve sans surprise face à des rangées de CRS. Et aussi au milieu de passant-e-s, et d’autres manifestant-e-s, car un rassemblement de cégétistes s’y tenait déjà.
Pendant quelques minutes, la situation ne bouge pas, on se demande quoi faire et on sent bien qu’on ne réussira pas à passer pour faire un coucou à François d’un peu plus près... Au moins on bloque complètement le tramway, mais bon, on a envie de plus que ça !
Alors on regarde vers le boulevard Lefebvre (ça monte) et on le sent pas trop. On tente de partir vers le boulevard Victor (ça descend) mais un gros paquet de CRS se mettent à courir pour nous empêcher de passer (et plus, si affinités). Ça ressemblerait presque à un début de nasse, et là, l’intelligence collective est immédiate : demi-tour en trottinant, on se redirige vers la rue Vaugirard, hop hop, re-manif sauvage ! On est quelques centaines, toujours le sourire aux lèvres sous les masques. Le Subway voit sa vitrine pétée, hop hop, et au lieu de reprendre le même chemin (pratiquement tout a été attaqué) la manif sauvage prend la rue de la Croix Nivert sur la gauche. En chemin, les banques, qui ne manquent pas dans le quartier, seront quasi systématiquement attaquées (vitrines et DAB). Des barricades de poubelles sont mises en place un peu partout pour ralentir les flics qui s’aventureraient derrière nous. Au croisement avec la rue Desnouettes, des flics sont caillassés et gardés à distance sur la gauche pendant que tout le monde court sur la droite (rue Desnouettes, donc). On court pas mal, mais c’est nécessaire, ça nous permet de continuer avec un ou deux temps d’avance. Sur le chemin, d’autres vitrines sont fracassées, notamment SFR et un magasin Nicolas où plusieurs bouteilles de champagne sont pillées (je bois pas d’alcool, mais ça m’a bien fait marrer quand même, t’inquiète - tant qu’elles ne sont pas bues sur place et qu’on garde tou-te-s notre lucidité émeutière). Certain-e-s trouvent quand même le temps de taguer des banques : "Brisons le capital", "Brûle les banques", etc.
Au bout de la rue Desnouettes, on reprend la rue de Vaugirard, et on repart sur la gauche dans je ne sais pas quelle rue (une banque est à nouveau pétée à cet endroit-là, ça n’arrête pas j’vous dis !).
À ce moment-là, on s’aperçoit qu’on est quand même moins nombreux-euses, la dispersion de fait a commencé. Et la flicaille en nombre commence à se rapprocher. Le mot circule pour que la dispersion se fasse bien collectivement, et je ne sais pas combien de temps ça a duré du côté de la rue Blomet mais il me semble que beaucoup se sont dispersé-e-s là, vers la mairie du 15e. J’espère sans arrestation ni heurts.
En tout cas c’était encore bien intense aujourd’hui.
La rage est toujours vive. La loi Travail et son monde, on n’en veut toujours pas.
Grève, blocage, sabotage, manif sauvage : la lutte a besoin de la multiplication des moyens d’action. Que la colère se répande, et nos perspectives révolutionnaires aussi !
P.-S.
Selon un article du Parisien, "17 personnes ont finalement été interpellées et maintenues à terre sur les marches de l’église Saint-Lambert, avant d’être placées en garde à vue… Mais la plupart d’entre elles, faute d’avoir été surpris en flagrant délit, ont été libérées".