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Ils étaient beaux, c’étaient mes camarades…

Lien publiée le 6 juin 2016

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https://histoireetsociete.wordpress.com/2016/06/05/48207/

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Je vois une photo de Mandela serrant dans ses bras Mohamed Ali, celui que je continue à appeler Cassius Clay comme au moment où il refusait le départ au Vietnam. En les regardant s’amuser comme des gosses,  je me souvenais de ce temps où voyant ces deux hommes je ne remarquais même pas la couleur de leur peau. Ils étaient beaux, ils avaient un sourire lumineux et ils étaient mes camarades…

Il est vrai que mon ami Semou Pathé Gueye me disait « toi on ne peut vraiment pas dire que tu es raciste, tu ne vois même pas les différences et dans le fond tout le monde est français »…

Nous visitions ensemble le pays Serer au Sénégal, cette fusion entre l’eau les mangroves et des langues de sables gris sur lesquelles il y avait toute une faune, des oiseaux qui faisaient songer à la Camargue… J’avais mangé des huîtres de palétuviers et bu une bière glacée dans un hamac, j’avais hurlé de peur devant un iguane et Semou m’avait dit « tais-toi, il était là avant toi »…

Ce pays Serer dont il était le député communiste nous l’avions visité ensemble et pénétré jusque dans des lieux où il ne passait pas un toubab par an, les petits enfants pleuraient en me voyant…  et un enfant s’était approché de moi et me désignant du doigt avait dit « blanche », j’avais protesté: oui je suis blanche et toi tu es noir et où on va comme ça!… Semou avait rit et m’avait dit, un jour en Bretagne des enfants m’ont frotté la peau avec leur doigt mouillé pour voir si je déteignais… Toi ici ils se demandent si tu es un fantôme… C’est comme ça…

Une discussion avait suivi et c’est ce qui m’avait valu la remarque de Semou sur le fait que je ne voyais pas les différences. C’est vrai que je me suis aperçue que pour certains la couleur de la peau empêchait de voir la différences des visages et même des types de population (il y a à peu près la même différence entre un habitant du Sahel et celui du sud de la Côte d’ivoire qu’entre un Sicilien et un Suédois).

Pourquoi est-ce que ce critère de la couleur de peau a pris une telle importance ?

Les Chinois m’ont permis d’approcher la réponse ou du moins une hypothèse… C’est une différence de classe, le paysan qui fait des travaux dehors a la peau brune alors que le noble a la peau très claire… Cette division entre esclave, travailleur exposé au rigueur des climats a peut-être survécu dans l’imaginaire… Sans aucune raison parce que la beauté, l’intelligence du regard, l’attitude, ce qui justement caractérise ces deux hommes en train de s’enlacer, de jouer à se boxer, la beauté, l’attirance que vous éprouvez spontanément pour un être n’a rien à voir avec la couleur de la peau… Celle-ci pour moi a à voir avec les  paysages dans les divers continents et l’Afrique a une incroyable beauté tellurique…

Un jour j’en suis sûre on saura lire les êtres humains autrement, comme la nature à laquelle ils appartiennent et en prenant en compte les créations qui les caractérisent, leur culture autant que leur personnalité individuelle… J’ai la chance d’avoir déjà ce regard et je ne voudrais pour rien au monde renoncer à cette perception en privilégiant dans un sens ou un autre, un critère qui transforme les hommes en espèce…

Danielle Bleitrach.