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Près de 1 800 personnes interpellées depuis le début du mouvement
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a indiqué dans un communiqué publié vendredi 19 juin que près de 1 800 personnes ont été interpellées dans le cadre de la lutte contre la loi travail. Alors que de nouvelles manifestations se préparent pour jeudi 23 juin, le gouvernement ne laisse plus seulement planer la menace d’une interdiction, mais les interdit carrément. Face à la répression il faudrait une réponse unitaire de l’ensemble de la jeunesse et du monde du travail réprimé et mobilisé.
Jean Roquelande
Dans le bilan dressé par le ministre de l’Intérieur et rendu public vendredi dernier, on apprend qu’environ 1 800 individus ont été interpellés en un peu plus de trois mois de mouvement contre les réformes pro-patronales du gouvernement. Une centaine a déjà été jugée en comparution immédiate. Nombre d’entre eux ont été condamnés à des peines de plusieurs mois de prison (ferme ou avec sursis).
Le ministre a également tenu à défendre les consignes données aux forces répressives lors des manifestations et des rassemblements. Selon lui, ceux-ci consistent en « un usage proportionné de la force publique pour assurer la sécurité des manifestants et des riverains et faire respecter le droit de manifester, et une fermeté absolue à l’égard des casseurs. »
L’usage de la force fut-il aussi raisonnable que le prétend Cazeneuve quand un lycéen de 15 ans s’est fait tabasser par des policiers devant son lycée à Paris ? Ou quand un manifestant a perdu un œil à Rennes après que la police lui avait tiré dessus avec des flash-balls ? Pour ne mentionner que quelques cas parmi tant d’autres. De plus, faire respecter le droit de manifester consiste-t-il, comme semble le suggérer le gouvernement, à interdire les manifestations ? Comme à son habitude, le gouvernement s’emploie à diffuser son discours orwellien, déformant la réalité et visant à retourner l’opinion publique qui reste majoritairement favorable à la mobilisation.
Le gouvernement continue par ailleurs à chercher à diviser le camp des manifestants entre « bons » manifestants (sous-entendu « pacifistes ») et « mauvais » casseurs. Par ses déclarations, le numéro un de la CGT Philippe Martinez rentre non seulement dans le jeu du gouvernement de la division entre « bons » et « mauvais » manifestants, mais aussi légitime de fait la répression contre les « casseurs » qu’il s’agirait de mettre hors d’état de nuire.
Or le gouvernement, malgré ses belles paroles qui se veulent « rassurantes » pour l’opinion publique, ne fait en réalité pas de distinction. L’étudiant mobilisé, le travailleur en grève, le prétendu « casseur » comme les syndicalistes d’Air France qui ont arraché la chemise de leur DRH sont aux yeux du gouvernement tous des voyous car ils remettent en cause ses lois et son monde.
Dans les semaines et mois à venir le mouvement contre la loi travail sera confronté au système judiciaire et à des procès toujours plus nombreux de manifestants. Les équipes militantes qui ont émergé dans les universités et les boîtes devront prendre la question de la répression, y compris dans son volet judiciaire, à bras-le-corps. Et pour s’organiser effectivement, au-delà des désaccords politiques existants ou des moyens d’action employés, l’ensemble de celles et ceux qui luttent contre la loi travail et son monde devront se souder les coudes sans distinction pour faire face à la répression à venir. Pour être à la hauteur des enjeux, il faut une grande campagne unitaire contre la répression et la condamnation des manifestants, en lien étroit avec les salariés d’Air France dont le procès a été renvoyé aux 27 et 28 septembre. C’est une tâche centrale pour éviter la démoralisation et la désintégration des secteurs émergents de l’avant-garde au sein de la jeunesse et du monde du travail.