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[13 août] Nuit et brouillard du fétichisme de la marchandise

Lien publiée le 13 août 2016

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Rencontre du Cercle d’auto-défense intellectuelle « Critique de la valeur-région Occitanie »

Nuit et brouillard du fétichisme de la marchandise

 Samedi 13 août, Montpellier, Bar « La Barricade »

« Il y a tellement de choses plus importantes que l'argent mais il faut tellement d'argent pour les acquérir » (Groucho Marx)

   Alors qu’au XIXe siècle la société bourgeoise portée par l’idéologie du progrès, pensait s’être émancipée du fétichisme qui passait pour quelque chose de primitif et d’irrationnel, c’est avec une féroce ironie théorisante que Marx décrira le capitalisme comme un fétichisme réel. Au travers de son analogie avec « les zones nébuleuses du monde religieux », où « les produits du cerveau semblent être des figures autonomes, douées d’une vie propre, entretenant des rapports les unes avec les autres et avec les humains »[1], Marx critique le caractère pseudo-rationnel des rapports sociaux capitalistes, prétendument transparents, non déguisés, conscients et autodéterminés par la « volonté générale », les déclarations de droits, les lois tonitruantes et autres constitutions grandioses, sans parler de l’axiomatique de l’intérêt et de la mathématisation du monde. Le « désenchantement » n’est pas séparable d’un réenchantement renforcé, sur d'autres bases et plus encore aliénant. L’ère même éclairée du capitalolithique, avec la fin en soi absurde et irrationnelle du mouvement autoréflexif de l’argent, la consommation sacrificielle de ses victimes humaines, animales et terrestres précipitées dans la fournaise de la valorisation, ses montagnes d’ossements, de déchets et de rebuts humains, ses totem-marchandises jouant à saute-frontières et ses mangeurs de plus-value, reste tout autant que les sociétés « primitives » plongée dans la préhistoire non dépassée de l’humanité.

   La structure suprahumaine de rapports sociaux que nous ne cessons jamais de reproduire au travers de notre propre praxis prise dans les formes basales capitalistes, finit par constituer en sujet la sphère de ces rapports objectivés par le travail abstrait. Un véritable « sujet automate » dira Marx[2] qui en retour va conditionner l’activité sociale des individus. Bien loin de ses compréhensions tronquées au travers de l’ontologie  des « relations de pouvoir » chère Michel Foucault mais héritée du paradigme bourgeois, ou par le marxisme traditionnel qui a toujours voulu voir dans le fétichisme une simple voile mystificateur et superstructurel (une sorte de manipulation de la part des capitalistes) qui viendrait recouvrir pour la masquer une réalité capitaliste qui serait d’abord celle de l’exploitation, ce système de constitution réciproque du système et de l’action engendre une nouvelle et inédite méta-forme de domination autoréflexive et autoengendrée, abstraite et impersonnelle : « j’appelle cela le fétichisme » écrira Marx[3] en distinguant la spécificité de son concept de celui des Lumières hérité de Charles de Brosses et David Hume. Ce principe de constitution fétichiste de la société moderne consiste en une situation où par l'inscription même de nos vies dans les formes sociales capitalistes, nous sommes placés dans une structure a priori où nous nous trouvons subordonnés aux rapports créés par nos propres produits, les marchandises, l’argent, le travail et le temps. Et si nous sommes plongés dans une telle structure suprahumaine - que Marx saisira à l’aide d’une nouvelle catégorie non bourgeoise de « capital » -, c'est du fait que nous construisons réellement nos relations sociales par le biais de la marchandise, de l’argent, du temps abstrait et du travail abstrait. Ici la société se constitue « dans le dos » et « par-delà la conscience » des agents individuels, les rapports humains y sont réellement dominés par les rapports de choses qui en sont leurs objectivations, et c’est en cette inversion réelle fondamentale que s’effectuent la constitution et reproduction fétichistes de la société capitaliste. Le travail abstrait, comme lien social autonomisé y gouverne les sujets qui l'ont créé. Il se mue en une machine-Moloch qui dans le mouvement perpétuel d’autovalorisation du capital, est à elle-même sa propre fin et où tous ses éléments se transforment ad nauseam en autant de supports interchangeables pour alimenter sa dévoration compulsive, irrationnelle et autodestructrice.

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Journée

10h30 : Le concept de fétichisme dans l'œuvre de Marx, une arme intellectuelle décisive pour la critique radicale du capitalisme (Benoit Bohy-Bunel)

13h30 : Qu’est-ce qui nous domine dans la société capitaliste ? Autour de Moishe Postone (Adrien Pontet)

15h30 : Le capitalisme est-il une religion ? L’analogie problématique entre la religion et le  fétichisme de la marchandise (Clément Homs)

Lieu : Bar La Barricade, 14 rue Aristide Olivier, Montpellier.  

Bibliographie autour du fétichisme

  • Anselm Jappe, la partie « Le sujet automate », in Les Aventures de la marchandise, Denoel, 2003, pp. 96-105.
  • Anselm Jappe, « Aliénation, réification et fétichisme de la marchandise », in V. Chanson, A. Cukier et F. Montferrand, La Réification. Histoire et actualité d’un concept critique, La Dispute, 2014, pp. 65-84.
  • Robert Kurz, « Subjektlose Herrschaft. Zur Überwindung einer verkürzten Gesellschaftskritik », in Robert Kurz, Blutige Vernunft, Horlemann, 2004.
  • Robert Kurz, « Die Substanz des Kapitals. Abstrakte Arbeit als gesellschaftliche Realmetaphysik und die absolute innere Schranke der Verwertung. Erster Teil », in Exit!, n°1, Horlemann, 2004.
  • Moishe Postone, Temps, travail et domination sociale. Une réinterprétation de la théorie critique de la Marx, Mille et une nuits, 2009, notamment « Travail abstrait et aliénation » et « Travail abstrait et fétiche », pp. 236-255.
  • Moishe Postone, « Le sujet de l’histoire. Repenser la critique de Hegel dans l’œuvre marxienne de la maturité », in Actuel Marx, n°50, 2011/2 (dispo sur internet).
  • Isaac Roubine, la première partie « La théorie marxienne du fétichisme de la marchandise », in Essais sur la théorie de la valeur chez Marx, Syllepse, 2009, pp. 35-100.
  • Walter Benjamin, « Le capitalisme en tant que religion » (nouvelle traduction du fragment dans W. Benjamin, Critique et utopie, Payot et Rivages, 2012, pp. 39-44).
  • David Graeber, « Le fétichisme comme inventivité sociale. Ou les fétiches sont des dieux en cours de construction », in Des fins du capitalisme, Possibilités I, Payot, 2014 (traduction également par Éric dans Sortir de l’économie n°4, 2012, sur internet).

[1] Karl Marx, Le Capital, Livre I, PUF, 1993, p. 83.

[2] Ibid., p. 173.

[3] Ibid., p. 83.