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SFR: Les syndicats dénoncent la «casse industrielle» de Drahi
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
TELECOMMUNICATIONS L'annonce du groupe SFR mardi de licencier un tiers de ses effectifs a provoqué la colère des syndicats...
Drastique. Et redouté. Le groupe SFR vise un « effectif cible » de 9.000 salariés après le 1er juillet 2017. Cela équivaut à supprimer 5.000 emplois, soit environ un tiers des effectifs. Cet objectif a été annoncé aux organisations syndicales mardi, lors d’une réunion portant sur le projet de réorganisation des points de distribution, notamment les boutiques.
Engagement de maintien de l’emploi… jusqu’en 2017
Patrick Drahi, le principal actionnaire, avait évoqué le « sureffectif » du groupe télécoms fin juin à New York. Lors du rachat de SFR en 2014 par Numericable-Altice, une garantie de maintien de l’emploi de trois ans avait été conclue. Cette garantie prend fin le 1er juillet 2017.
Chez SFR, on assure que « cet engagement sera respecté ». Mais après ? Selon Le Monde, tout pourrait aller très vite. La direction du groupe dévoilerait ses orientations stratégiques en septembre et les départs débuteraient dès juillet 2017 jusqu’à la fin de l’année, « comme elle l’a laissé entendre aux syndicats mardi », ou avec un étalement jusqu’en 2019.
« Drahi joue au monopoly »
Sauf que le chiffre de 5.000 postes supprimés au total sur l’ensemble du groupe a provoqué la colère des syndicats. « Drahi joue au monopoly, fustige Frédéric Retourney, secrétaire fédéral à la CGT-FATP. Il achète à droite à gauche au détriment des salariés du groupe. » Altice a notamment racheté les américains Suddenlink et Cablevision.
« La direction se cache derrière des plans de départs volontaires, poursuit le responsable syndical. Mais 5.000 emplois supprimés, c’est un plan social déguisé. On est sur du départ forcé. »
De son côté, Xavier Courtillat, délégué central CFDT à SFR, a condamné ce jeudi surEurope 1 une décision qui « semble totalement déraisonnable » : « On est en train de démanteler, de mettre à bas l’entreprise SFR. »
Un groupe endetté
« Comment l’entreprise va-t-elle pouvoir fonctionner avec si peu de salariés », s’interroge Laurence Barma, de la fédération CFDT F3C, en affirmant que ceux-ci « paient lesurendettement de leur patron », Patrick Drahi. La dette de son groupe Altice est estimée à 50 milliards d’euros. « Au-delà du choc, il s’agit de négocier (…) On va faire tout ce qu’on peut pour essayer de limiter la casse », a-t-elle affirmé.
D’ici là, une première phase de restructuration, celle de la distribution, est en cours de consultation avec les syndicats, qui devraient rendre leur avis vers la fin du mois d’août. L’opérateur explique vouloir « se renforcer », « se moderniser », « se digitaliser » : « Plusieurs sociétés sont en charge de la distribution et le projet est de simplifier ». Cette réorganisation conduira à la création d’une filiale à destination du grand public et d’une autre pour le marché entreprises, avait indiqué en juin le groupe.
Vers moins de boutiques ?
Une nécessité, selon la direction, qui souligne que « cela a bougé chez les concurrents ». L’une des conséquences pourrait donc être le nombre de points de vente revu à la baisse. « Le marché français reste très riche en termes de boutiques par rapport à d’autres pays européens, pointe Hervé Collignon, spécialiste du secteur des télécommunications chez AT Kearney. Diminuer les points de contact physiques avec le client est une tendance en Europe depuis cinq ans environ. En France, elle a déjà commencé depuis 3-4 ans. On va vers moins de boutiques, mais plus grandes. »
Sauf que les opérateurs ne sont pas simplement des fournisseurs d’accès. Dans les boutiques, les vendeurs donnent aussi des conseils, expliquent les offres, font des démonstrations, proposent un service après-vente. Et cela rassure le client, même si souvent il s’est déjà renseigné sur Internet par lui-même. Réduire ce contact physique entre l’entreprise et le consommateur pose le risque de faire fuir une certaine clientèle vers d’autres opérateurs, explique le spécialiste.
La CGT-FATP, qui dénonce une politique de « casse industrielle », appelle, elle, à la mobilisation lors de la journée d’action unitaire interprofessionnelle du 15 septembre.