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Afrique du Sud : l’ANC subit un revers historique

AfriqueSud

Lien publiée le 6 août 2016

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://www.lemonde.fr/afrique/article/2016/08/05/afrique-du-sud-le-parti-au-pouvoir-sanctionne-lors-des-municipales_4978722_3212.html

Le mauvais présage remonte à dix mois. Ce serait « un tournant psychologique et politique » si le Congrès national africain (ANC) tombait sous la barre des 60 % lors des élections municipales du 3 août, déclarait alors à huis clos son secrétaire général, Gwede Mantashe, devant les cadres du parti.

La prédiction s’est réalisée, dans des proportions encore plus grandes que redoutées. Après le dépouillement de la quasi-totalité des bulletins de vote, l’ANC ne recueille que 54 % des voix. Un recul de huit points par rapport au vote de 2011. Jamais depuis son arrivée au pouvoir lors du premier scrutin démocratique en 1994, le parti de Nelson Mandela n’avait obtenu un score aussi faible.

Dans les grandes villes, les revers symboliques se sont accumulés. Pour la première fois, l’ANC n’est arrivé qu’en deuxième position dans la métropole industrielle portuaire de Nelson Mandela Bay qui englobe Port Elizabeth, un fief historique. Avec 47 % des voix, l’Alliance démocratique (DA, principal parti d’opposition) revendique la victoire et compte gouverner avec une coalition.

A Tshwane où se trouve le siège de l’exécutif (Pretoria) et dans la capitale économique, Johannesburg, le sortant, l’ANC, et le DA étaient encore vendredi matin dans un coude-à-coude inédit tandis que se poursuivait le dépouillement. Aucun des deux partis ne devrait parvenir à atteindre la majorité absolue. Un succès en soi pour la formation de centre droit qui a progressé de presque trois points au niveau national (26,5 %).

Coalitions probables à Pretoria et Johannesburg

Signe que les électeurs du Parti libéral ne regrettent pas leur choix, la DA a largement renforcé son emprise sur la ville du Cap, sous son contrôle depuis 2006. La capitale parlementaire sud-africaine était jusqu’à présent la seule des huit métropoles aux mains de l’opposition.

Pour leur première participation à des élections municipales, les Combattants pour la liberté économique (EFF), lancé en 2013, ont confirmé leur statut de troisième parti sud-africain. La formation de gauche radicale, qui prône la nationalisation des mines et l’expropriation des fermiers blancs, a convaincu 8 % de l’électorat, un peu plus que lors des élections générales d’il y a deux ans.

Son dirigeant, Julius Malema, se retrouve en position de faiseur de rois à Pretoria et Johannesburg. Ses proches ont déjà laissé entendre que l’EFF ne s’allierait pas au parti au pouvoir, ouvrant potentiellement la voie à une étonnante coalition avec les libéraux de la DA, aux convictions politiques diamétralement opposées.

Le fort recul de l’ANC n’est pas une surprise. « La machine économique sud-africaine est grippée depuis maintenant plusieurs années [croissance nulle prévue en 2016], la frustration de la population, dont 27 % sont au chômage, ne cesse de grandir », relève Frans Cronjé, directeur d’un institut de réflexion (IRR) à Johannesburg.

Si davantage de Sud-Africains ont aujourd’hui accès à l’eau et l’électricité, et à des logements décents, les laissés-pour-compte ne veulent plus patienter. Des manifestations de colère, parfois violentes, sont quasi quotidennes dans le pays.

Zuma empêtré dans les scandales

Outre son mauvais bilan et l’usure du pouvoir, le parti a souffert de l’impopularité du président Jacob Zuma, empêtré dans les scandales. Comme un symbole, l’ANC a perdu le contrôle de Nkandla, ville natale du dirigeant zoulou, où celui-ci a été contraint par la justice à rembourser d’ici septembre un demi-million de dollars (450 000 euros) d’argent public dépensé « indûment » pour rénover sa résidence privée.

« Au sein de la majorité noire, la loyauté identitaire à l’égard du parti qui a fait tomber le régime de l’apartheid s’effrite », note aussi Susan Booysen, professeure de sciences politiques à l’université du Witwatersrand à Johannesburg, « les électeurs se déterminent de plus en plus en fonction d’enjeux concrets, comme l’accès aux services de base ».

C’est une clé du succès de la DA qui a mis en avant son bilan au Cap pendant la campagne. Parallèlement, Mmusi Maimane, premier dirigeant noir, élu en 2015, a tenté sur les estrades des meetings de faire oublier l’image de « parti blanc » de l’Alliance démocratique pour élargir sa base électorale.

Malgré sa dimension locale, toujours plus favorable à l’opposition, ce scrutin marque sans doute le début d‘une nouvelle ère pour la jeune démocratie sud-africaine. Un tripartisme se consolide, ouvrant un choix inédit aux électeurs, en particulier par le jeu des coalitions. Même s’il reste intouchable au niveau national, l’ANC est affaibli. L’opposition obtient un soutien croissant des citadins, dont le nombre augmente rapidement avec l’exode rural.

Après ce sérieux revers, Jacob Zuma est un peu plus fragilisé. Ses opposants internes vont de nouveau le pousser au départ avant la fin de son deuxième et dernier mandat en 2019. Mais le chef d’Etat de 74 ans conserve de solides appuis au sein du parti. Fin 2017, les délégués de l’ANC se réuniront en congrès pour choisir leur nouveau chef qui, en toute logique, doit être leur candidat lors des élections générales deux ans plus tard.

Présidente de la Commission de l’Union africaine et ex-femme de Jacob Zuma, Nkosazana Dlamini-Zuma, 67 ans, bénéficie de nombreux soutiens. Une possible candidature accueillie fraîchement par l’aile réformatrice, qui milite pour un renouvellement profond de l’ANC pour enrayer son déclin.