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Auto-dérision, transphobie, sexisme : c’était la rentrée de Canal +

Lien publiée le 6 septembre 2016

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

(Arrêt sur images) A quoi ressemble désormais Canal+, depuis que Bolloré y a fait le ménage ? Qu'est devenu Le Grand Journal sans Maïtena Biraben ? A quoi ressemble Le Petit Journal sans Yann Barthès, qui reviendra la semaine prochaine sur TMC ? La chaîne de plus en plus cryptée faisait sa rentrée hier, 5 septembre. @si était devant le poste. 

Le générique est toujours le même mais autour du plateau du Grand Journal, ils ne sont que deux à avoir survécu à la reprise en main musclée de Canal+ par Bolloré : Victor Robert, qui présentait l'an dernier le JT dans la même émission, et Augustin Trapenard. Assis à la place de Biraben, licencée pour "faute grave", Robert marche sur des braises : "Bienvenue sur le plateau du Grand Journal. Je suis heureux d'être assis sur ce fauteuil mythique, bien qu'éjectable", lâche-t-il, pour commencer.

Le Grand Journal n'est plus ce grand vaisseau amiral où se bousculait, du temps de Denisot, tout le gratin politico-médiatique, français et international. Désormais, Le Grand Journal doute, et pas seulement dans la bouche de Robert. Il y a aussi la nouvelle Miss Météo, l'humoriste Ornella Fleury, qui explique comment elle est arrivée sur la chaîne : "Quand Canal est venu me chercher, je jouais au Point Virgule devant 110 personnes. Et en vrai, j'ai un peu hésité parce que je sais pas si je me sentais de jouer devant moins de gens". Ou le Mashup de Jordi et Martin, l'une des pastilles humoristiques de l'émission, qui ironise sur la pression qui entoure le nouvel animateur.

L'auto-dérision, marque de fabrique de la chaîne depuis des années, suffira-t-elle à désamorcer les critiques qui se sont abattues sur l'émission toute la saison dernière ? Pas certain. Hier soir, certaines blagues sont moins bien passées que d'autres. Celle par exemple de la nouvelle Miss Météo, qui a accueilli ainsi Brigitte Boréale, nouvelle chroniqueuse transgenre dans l'émission : "Bonsoir Monsieur-Dame, enfin Brigitte... Alors Brigitte, on ne te connaît que très peu, et du coup je trouve ça un peu excitant, ça me donne envie de faire un plan à trois". Quelques minutes plus tôt, l'humoriste Lamine Lezghad, qui faisait sa chronique sur le vice-président du MoDem arrêté pour s'être masturbé dans un magasin, a lancé à Boréale : "Nous, les mecs, quand on est stressés, une petite [masturbation], ça détend. Hein, Brigitte ?".

Dans un communiqué publié sur sa page Facebook, l'association des journalistes LGBT a dénoncé ce procédé. "Ces remarques ne sont pas drôles, elles sont injurieuses. Elles nient le fait que Brigitte Boréale est une femme — sous-entendant qu'elle serait aussi, simultanément, un «monsieur». Elles la cantonnent à des questions d'ordre sexuel et génital". L'association a déploré que l'animateur ou les chroniqueurs n'aient pas réagi aux propos de Lezghad et Fleury. "Le chic aurait consisté à accueillir comme si de rien n’était la journaliste transgenre, qui fit, il y a dix ans, de fines chroniques sur Pink TV dans Le Set, l’émission quotidienne animée par Marie Labory et Christophe Beaugrand", estime de son côté le chroniqueur télévisions du Monde, Renaud Machart.

Les deux séquences polémiques en vidéo

LE NOUVEAU PETIT JOURNAL SOMBRE SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX (COMME EN 2011)

Le Petit Journal, qui garde le même nom que l'émission présentée par Yann Barthès, mais change à peu près tout le reste, était aussi de retour hier soir. Désormais organisée autour de Cyrille Eldin, l'émission ne dépasse plus les vingt minutes. Suffisant pour se faire "démolir" par les téléspectateurs selon France Info. Une séquence, notamment, a retenu leur attention : Eldin présente à Alain Juppé l'une des nouvelles recrues du Petit Journal : Mathilde Warnier,connue pour avoir rembarré Nicolas Bedos sur un plateau télé en 2011. "J'espère que vous serez aussi sympathique que votre prédécesseur", s'en tire Juppé. Eldin ajoute : "Elle a les atouts je pense". Réponse immédiate, sur un ton complice, du candidat à la primaire de la droite et du centre : "Plus que vous, oui". "Ah, il a l'oeil, il est coquin", commente l'animateur, tandis que la nouvelle recrue fait signe au caméraman que Juppé venait de plonger son regard dans son décolleté.

Si les audiences du Petit Journal ont été plutôt bonnes (942 000 personnes, soit 3,9% de parts de marché, dans la moyenne des scores réalisés par Yann Barthès et ses équipes l'an dernier), l'animateur ne semble pas faire l'unanimité sur les réseaux sociaux. Alors que la publication de deux photos de l'animateur sur la page Facebook du Petit Journal avait provoqué une vague de désabonnements, l'émission a perdu quelques 3 000 abonnés sur Twitter, depuis sa diffusion hier soir (passant de 978 000 à 975 000). Le Petit Journal étrillé sur les réseaux sociaux ? Comme l'a noté l'ancien journaliste de Canal Vincent Glad, c'était déjà le cas en 2011 lors de l'arrivée de la version longue de l'émission. "Un mot : gâchis", "Plus de peps, plus de rythme, plus rien de ce qu'on aimait dans le Petit Journal", "On se serait presque cru chez Drucker", s'alarmaient à l'époque plusieurs internautes sur la page Facebook de l'émission (comme le rapportaitL'Express). Eldin, dans cinq ans sur TF1 ?