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    La CGT en 1957 sur l’Europe du capital

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    Lien publiée le 21 septembre 2016

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    Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

    https://unitepopulaire-fr.org/2016/09/20/la-cgt-en-1957le-marche-commun-cest-domination-de-lallemagne-sur-leurope-et-infailliblementla-disparition-des-souverainetes-nationales/

    Citations de Jean Duret sur l’Europe en 1956 – 1957

    Jean Duret, directeur du Centre d’études économiques de la Confédération générale du travail (CGT) et membre du Conseil économique français, a écrit sur l’Europe avant la signature du Traité de Rome, en 1956 – 1957.

    Voici quelques morceaux choisis :

    1) La domination de l’Allemagne sur l’Europe

    L’enjeu est énorme : le Marché commun conduit infailliblement, à plus ou moins brève échéance, à la disparition des souverainetés nationales, à la création d’un super-Étateuropéen, réduisant à sa plus simple expression tout ce qui pourrait subsister d’individuel, de politiquement et économiquement indépendant chez les membres de la Communauté. Ce super-État sera dominé par le pôle d’activité économique le plus puissant : la Ruhr; par la puissance la plus énergique et la plus dynamique : l’Allemagne de l’Ouest. […] Pour la France, la réalisation du Marché commun c’est l’acceptation de l’hégémonie allemande. Son industrie ne pouvant lutter contre la concurrence d’outre-Rhin tombera sous la coupe des konzerns de la Ruhr.

    2) Mise en concurrence des salariés au plus grand profit des « cartels »

    La réalisation du Marché commun se ferait à la fois sous l’égide de l’intensification de la concurrence et sous le signe du renforcement et de la prolifération des cartels internationaux. […] « Il faut que notre production soit concurrentielle. » Ce slogan servira à freiner le mouvement revendicatif dans les pays à rémunération plus basse et à exercer une pression sur les salaires globaux réels des pays ou des régions plus favorisés. Le monde du travail sera soumis à une triple pression : celle de la concurrence entre prix de revient, celle de l’armée de réserve du travail (la masse des chômeurs de l’ensemble de la Communauté pouvant plus facilement être dirigée vers les points stratégiques), enfin celle des capitaux migrateurs qui déserteront les régions où le prolétariat est combatif et les conquêtes sociales appréciables pour s’investir dans les régions où l’exploitation des travailleurs sera plus facile et les surprofits assurés. En toutes circonstances, cette triple pression sur les conditions de la classe ouvrière constitue un danger redoutable.

    3) Le règne de la finance

    Dans leur offensive contre la classe ouvrière, les classes possédantes disposeront encore d’un puissant atout : la libre circulation des capitaux. On ne manquera pas de souligner, qu’après tout, les détenteurs de capitaux sont libres de le placer là où les garanties de sécurité et de rentabilité sont les plus grandes. Les capitaux auront tendance à déserter les régions et les pays où la classe ouvrière fera preuve de combativité, où les salaires seront relativement élevés, où certaines lois sociales seront susceptibles de gêner une exploitation trop éhontée, pour émigrer vers les régions de la Communauté où les conditions pour la réalisation des surprofits leur paraîtront meilleures.

    4) La monnaie unique (l’Euro)

    Certains économistes estiment que le Marché commun conduit inéluctablement à la monnaie commune. Pour les uns, c’est la conséquence du fonctionnement du marché commun, pour d’autres, « une condition préalable ». « Un haut fonctionnaire, financier international », signant « XXX » écrit dans « France-Observateur » : « L’instauration d’un marché commun implique, il faut qu’on le sache », un abandon peut-être graduel, mais en définitive complet, de la souveraineté monétaire. Privés de cette souveraineté, les États participants n’auront guère plus de pouvoirs – en matière économique – que nos autorités départementales actuelles. Au demeurant, la voie du marché commun ne sera pas facilement réversible. Tout ralentissement du progrès dans cette voie risque de susciter les ressentiments extérieurs et les dissensions internes…. ».

    5) L’Europe « vassale » des Etats-Unis

    « La réalisation du marché commun permettra de discuter sur un pied d’égalité avec les autres grands espaces économiques (États-Unis, URSS). Elle permettra aux pays de l’Europe continentale, se trouvant sous la tutelle des États-Unis, de retrouver toute leur indépendance » – affirmations purement démagogiques car dès le premier moment, dès ce premier pas, le Marché commun aura besoin de la tolérance, de la protection, de l’aide financière des États-Unis. En poussant à la création du Marché commun, les dirigeants américains poursuivent des objectifs dont ils ne se laisseront point détourner. Ils veulent amalgamer les six États du Vieux Continent, conférer la direction économique et politique à l’Allemagne, braquer ce bloc contre les pays de l’Europe de l’Est et le « danger communiste de l’intérieur ». Ils veulent favoriser les investissements directs des capitaux privés américains qui pourraient se placer dans les régions les plus favorables et disposeraient ainsi d’un immense marché. Ils n’ont nullement l’intention de jouer aux apprentis sorciers, de permettre aux États européens de se libérer de l’emprise du dollar, de se créer eux-mêmes des concurrents ou des rivaux.

    5) L’austérité

    D’un oeil distrait, on lit dans les journaux que la situation tragique de l’économie française nécessite des sacrifices. Les classes possédantes acceptent ce principe allègrement, à condition que sacrifices et privations ne soient pas pour eux mais pour le voisin. La victime toute désignée de l’opération est la classe ouvrière. Quand on parle d’austérité et de privations, on sous-entend que c’est surtout à elle que sera appliquée cette maxime. […] L’austérité, en principe, devrait être obligatoire pour tout le monde, mais il suffit d’analyser les moyens dont on veut se servir pour comprendre qu’elle est surtout à l’usage des classes laborieuses. Nous n’avons pas entendu jusqu’ici les économistes officiels prôner l’introduction des taxes de luxe massives grevant le prix des articles dont la consommation demeure l’apanage des couches privilégiées. Une augmentation du prix de l’essence frappera bien plus durement les consommateurs à revenu relativement modeste que les couches riches. Il en sera de même pour l’ensemble des impôts indirects…

    Pour conclure : Le gouvernement socialiste (1) accomplit une besogne qu’un gouvernement bourgeois n’aurait jamais osé entreprendre.

    NOTE :

    1 – Déjà, en 1956-57, le gouvernement  (Guy Mollet) était « socialiste »…

    Pour aller plus loin:

    Jean Duret, Que signifie le Marché commun dans une Europe capitaliste ?(Juillet 1956)

    Légende: En juillet 1956, Jean Duret, directeur du Centre d’études économiques de la Confédération
    générale du travail (CGT) et membre du Conseil économique français, pointe les divergences entre les tenants
    du Marché commun et ses dangers pour l’économie française.
    Source: Cahiers internationaux. Que signifie le Marché commun dans une Europe capitaliste ?. dir. de publ.
    Jean Duret ; Réd. Chef J.-M. Hermann. Juillet 1956, n° 78. Paris: Imprimerie centrale de la presse. « Que
    signifie le Marché commun dans une Europe capitaliste ? », auteur:Duret, Jean , p. 19-30.
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    rope_capitaliste_juillet_1956-fr-5285eec7-a7ee-4bb3-a905-0d1504f2ba38.html
    Date de dernière mise à jour: 05/11/2015

    Source : http://lucien-pons.over-blog.com/article-la-cgt-en-1957-le-marche-commun-c-est-domination-de-l-allemagne-sur-l-europe-et-infailliblement-la-d-121558760.html