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Primaire: les techniques envisagées par le PS pour exclure Filoche

Lien publiée le 17 décembre 2016

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://www.marianne.net/primaire-gauche-les-cinq-techniques-envisagees-ps-exclure-filoche-verdier-100248712.html

Ce samedi 17 décembre, la Haute autorité du PS examine les dossiers des neufs candidats déclarés à la primaire. Tous revendiquent avoir réuni suffisamment de parrainages pour se présenter, mais Gérard Filoche et Fabien Verdier imaginent déjà leurs candidatures invalidées... "Marianne" vous explique comment pourrait procéder le PS pour les écarter.

"A droite, c'est une équipe de foot, plus une primaire"se moquait Jean-Christophe Camabadélis au mois de février, quand les candidats de LR se multipliaient. Finalement, il n'y a eu que sept candidats à la primaire de la droite, ce qui pourrait s'avérer… moins qu'à gauche, où neuf dépôts de candidatures ont été enregistrés ce jeudi 15 décembre. Sauf si la Haute autorité du PS refuse certains noms ce samedi, ce que plusieurs candidats imaginent déjà…

Ce jeudi, Gérard Filoche a ainsi confié à Marianne avoir des doutes sur sa participation à la primaire de la gauche, alors même qu'il a déposé sa candidature auprès de la Haute autorité : "J'ai mes parrainages mais je parie qu'on va m'évincer". L'ex-inspecteur en veut pour preuve les propos récents de Jean-Christophe Cambadélis. Le 8 décembre, le premier secrétaire a déclaré à l'AFP qu'avoir "six ou sept" candidats était "un bon chiffre". Malgré ses 18 signatures de membres du Conseil national, le militant de la gauche du PS s'imagine déjà parmi les deux candidats invalidés…

Même méfiance parmi les supporters de Fabrice Verdier, l'invité surprise de la primaire. Son porte-parole, Romain Blachier, évoque des "pressions" subies par les élus qui ont parrainé son candidat et des "intimidations". "J'ai eu Christophe Borgel (l'organisateur de la primaire, ndlr) au téléphone qui m'a demandé d'abandonner", révèle Romain Blachier à Marianne. Cet élu PS de Lyon redoute lui aussi que Fabien Verdier "se fasse défoncer" par la Haute autorité. Comment ? Marianne révèle, sans préjuger de la décision de ce samedi, cinq techniques évoquées au PS pour invalider des candidats encombrants. Certaines sont purement fallacieuses, d'autres... tout à fait crédibles.

► La plus attendue : les parrains en délicatesse avec la trésorerie du PS

Vincent Peillon a été le premier ciblé, ce mardi, via un article du Canard enchaîné. Le député européen devait plusieurs années de cotisation d'élu au PS, soit près de 20.000 euros. Une somme à régler obligatoirement avant de déposer sa candidature… ce qui vaut aussi pour les parrains. "Pour que sa candidature soit validée, un postulant issu du Parti socialiste doit être à jour de sa cotisation de militant et de sa cotisation d'élu. Il en va de même pour tous les parrains", a rappelé ce mardi Thomas Clay, le président de la Haute autorité. Ce jeudi, Gérard Filoche a imaginé voir sa candidature invalidée pour ce motif : "Ils vont prétendre que mes parrains ne sont pas à jour de cotisation ou quelque chose dans ce goût-là."

► La plus retorse : les doubles signatures de parrains

Le règlement de la primaire interdit aux grands électeurs du PS de parrainer plusieurs candidats. Ce cas de figure peut pourtant se présenter. Certains élus ont en effet parrainé très tôt un petit candidat… etsubissent aujourd'hui de lourdes pressions pour en parrainer un autre. Dans ce cas, chaque signature sera considérée comme nulle. Ce qui avantage évidemment les candidats au vivier de parrains le plus important.

► La plus injuste : profiter de l'ambiguïté entre les titulaires et les suppléants au Conseil national

Fabien Verdier est formel : "La direction du PS a refusé de nous transmettre la liste exacte des membres du Conseil national du PS". A la place, la direction du PS ne leur a envoyé que la listediffusée sur internet, comprenant… à la fois les membres titulaires, qui peuvent parrainer, et les membres suppléants, qui ne peuvent pas. Tous les parrains de Fabien Verdier lui ont assuré être titulaires, mais son entourage estime que certains pourraient s'être trompés... Ce qui rendrait leur soutien nul.

► La plus inventive : décréter que les parrains doivent être adhérents au PS depuis trois ans

C'est une vieille règle, vouée à empêcher les parachutages éclairs d'amis de la direction à des postes électifs : au PS, "nul ne peut être candidat aux élections législatives, sénatoriales et européennes s’il n’a pas trois années consécutives au moins de présence au parti." Quel rapport avec la primaire ? Romain Blachier, le porte-parole de Fabien Verdier, imagine que cette règle pourrait être transposée aux parrains de la primaire. "Quand on veut vraiment trouver une irrégularité, on l'invente", ironise ce membre du conseil national du parti.

► La plus cruelle : appliquer plus strictement la règle des 5% du Conseil national

Cette technique de disqualification s'ajoute aux autres. Elle est sans doute la plus douloureuse pour les prétendants. Parmi les modes de qualification pour la primaire, il y a la possibilité de réunir les signatures de 5% des membres du Conseil national du PS. C'est cette voie qu'ont choisi Gérard Filoche et Fabien Verdier, avec chacun 18 parrainages revendiqués de membres de cette instance. Ce "Parlement du parti" compte 306 membres, il faut donc réunir 15,3 signatures. Dans le vade-mecum de la primaire transmis aux candidats, que Marianne a pu consulter, la Haute autorité évoque l'obligation de réunir 15 parrainages de membres du Conseil national.
Si d'aventure, un candidat obtient précisément 15 signatures valides (après un premier écrémage des 18 revendiquées), il pourrait être tentant pour la Haute autorité de relever d'un poil le seuil pour le porter à 16. Après tout, 15 parrainages, ça ne fait que 4,91% du Conseil national...

A noter que les candidats ne pourront se retourner en justice contre le choix de la Haute autorité : la charte de la primaire, qu'ils ont signée, leur impose de respecter les décisions de cette instance. Tout juste pourront-ils faire appel, sous 24 heures, auprès de cette Haute autorité. Sans forcément de grande chances d'obtenir davantage gain de cause...

La Haute autorité tranchera en toute indépendance... en théorie
L'instance chargée de déterminer la recevabilité des candidatures est en principe indépendante de la direction du PS comme des candidats. Elle est présidée par le professeur de droit Thomas Clay et compte dans ses rangs 13 membres, tous praticiens du droit. Les candidats en balance estiment pourtant qu'ils ne pourront travailler librement, pressés par les entourages des candidats. "Cambadélis et Borgel vont leur mettre une pression d'enfer, estime un proche d'un candidat en balance. Ils pourront d'autant moins résister qu'ils sont tous plus ou moins proches d'un candidat déclaré". 
Sans tricher, les juges du PS pourraient aussi se creuser la tête jusqu'à débusquer des vices de forme...